Une jeune entreprise nommée Air Company a relevé l’étonnant défi de produire de la vodka à partir de dioxyde de carbone, noté CO2, en utilisant un procédé de fabrication spécifique. Ce gaz, rejeté massivement par de nombreuses industries, pourrait-il trouver ainsi un usage aussi récréatif que dépolluant ?
C’est en tout cas ce qu’affirment les fondateurs de cette entreprise plutôt surprenante. « Nous travaillons avec des partenaires qui capturent du dioxyde de carbone avant qu’il ne soit émis dans l’atmosphère, puis nous utilisons ce CO2 dans notre processus de fabrication des alcools que nous proposons », explique Gregory Constantine, cofondateur et PDG d’Air Company, dans une interview relatée par CNBC. « C’est évidemment bien meilleur pour la planète dans la mesure où nous ‘compensons’ le CO2 pour chaque bouteille que nous créons ».
Ils se réjouissent donc d’avoir une empreinte carbone neutre voire « négative » pour la création de leurs produits. Le processus de distillation « traditionnel », rappelle CNBC, utilise quelque 35 litres d’eau pour obtenir un litre d’alcool. Il est donc gourmand en ressources. La vodka créée par cette entreprise utilise un procédé différent. Elle utilise uniquement le CO2 capturé et un peu d’eau supplémentaire.
La clef de cette recette est l’électrolyse. L’électrolyse, selon le Larousse, est une « décomposition chimique produite par un courant électrique ». Dans de l’eau, il s’agit par exemple de décomposer l’eau (H2O) en dioxygène et dihydrogène gazeux grâce à un courant électrique. Une fois l’hydrogène isolé, il est récupéré et introduit dans un système de « réacteur de conversion du carbone » avec le CO2 capturé. Une réaction crée alors de l’éthanol qui, lorsqu’il est combiné avec de l’eau, produit un certain type de vodka.
Une vodka à empreinte carbone négative
Cette vodka à faible empreinte carbone n’est cependant pas donnée à tout le monde, puisqu’elle se monnaye à 65$ la bouteille, en faisant un produit de luxe. Brendan Bartley, directeur des boissons et barman au Bathtub Gin, interrogé par CNBC, témoigne pourtant d’un intérêt du public pour cette boisson : « Lorsque nous leur disons, ‘hé, c’est comme ça que c’est fait, ça a une empreinte carbone négative’, et toutes ces choses vraiment positives (…), ils partent à sa recherche après avoir demandé : ‘Où pouvons-nous l’obtenir?’ », déclare-t-il.
De nombreuses industries rejetant du CO2 dans l’atmosphère, les ressources pour fabriquer cet alcool ne devraient pas venir à manquer. Les fondateurs d’Air Company ne se sont d’ailleurs pas arrêtés à la vodka. L’entreprise produit également du parfum, mais aussi du désinfectant pour les mains. Un troisième lieu de production est également prévu, afin de proposer d’autres produits issus de cette technique. « Pour nous, la vodka est vraiment une passerelle vers tous les autres produits, puis vers les applications industrielles où notre technologie peut intéresser », affirme l’un des cofondateurs. L’entreprise a déjà fait des levées de fonds et est parvenue à obtenir plus de 40 millions de dollars pour développer ses projets.
Air Company ne sera sans doute pas la seule à exploiter tout ce CO2, puisque les entreprises spécialisées dans la « capture » du dioxyde de carbone connaissent ces derniers temps un essor important.