Après la cigarette électronique, c’est au tour du tabac à chauffer, nouvelle alternative à la cigarette, de faire l’objet de vifs débats médiatiques. Une série d’articles récemment publiés, reviennent sur ces nouveaux usages et leur impact sur la santé.
L’occasion de revenir sur la thématique de la « réduction des risques », de plus en plus présente dans les politiques de lutte contre le tabagisme, mais encore mal comprise par certains tenants du « zéro tabac ». Un débat essentiel, s’agissant de la première cause de mortalité évitable, pour plus de 73’000 morts par an en France.
« Zéro tabac vs réduction des risques ». C’est un peu le combat des Anciens contre les Modernes, version lutte contre le tabagisme, ce fléau sanitaire et social. D’une part la vieille école française visant l’abstinence, notamment par la stigmatisation des fumeurs via les politiques publiques (augmentation du prix des cigarettes, paquet neutre, visuels anxiogènes, interdiction du tabac dans les zones publiques), de l’autre un courant de pensée qui a le vent en poupe dans le monde anglo-saxon et qui promet une approche plus souple ne visant plus à éradiquer le tabac, mais à se battre à réduire autant que possible son impact sur la santé.
D’où la question de la nocivité comparée de la cigarette face aux alternatives disponibles sur le marché. En premier lieu la cigarette électronique et le tabac à chauffer. Une question qui offre d’emblée une réponse qui permet d’éviter beaucoup d’amalgames : les alternatives sont par définition nocives, mais si leur dangerosité pour la santé est moindre que le tabac, il est utile de réorienter les fumeurs vers ces nouveaux usages de consommation. Bref, le consensus scientifique est clair : pour un fumeur, l’idéal est d’arrêter, mais faute d’y parvenir, les e-cigarettes et le tabac à chauffer sont une alternative réduisant les risques.
Dans ce domaine, bien que les scientifiques manquent encore de recul (notamment sur l’entrée des jeunes dans le tabagisme), les premiers éléments semblent aller vers une réduction des risques notables. C’est notamment le cas pour la cigarette électronique, qui serait 95% moins nocive que la cigarette classique selon une étude du Public Health England, un organisme scientifique affilié au Ministère de la Santé britannique.
Pour le tabac à chauffer, dont la commercialisation est encore plus récente, des études scientifiques indépendantes en Allemagne (Institut d’évaluation des risques, BFR) et en Grande-Bretagne (Comité sur la Toxicité, CoT) ont été publiées ces derniers mois en concluant à une « réduction des risques pour la santé par rapport à des cigarettes traditionnelles ».
« Bien que toujours nocifs pour la santé, les produits de tabac à chauffer sont probablement moins risqués que les cigarettes classiques. (…) Les personnes utilisant ces produits sont exposés à environ 50 à 90% moins de produits nocifs et potentiellement nocifs par rapport à la cigarette », précise le CoT en conclusion de son rapport.
Une question de la réduction des risques qui fait désormais assez largement consensus au sein de la communauté scientifique et médicale, mais qui peine encore à se faire entendre auprès de certains leaders d’opinion. En France, la publication récente d’une série d’articles sur le tabac à chauffer a démontré la difficulté, notamment pour les journalistes (et donc a fortiori le grand public) à faire le distingo entre la cigarette et des produits certes nocifs dans l’absolu, mais qui peuvent représenter de bonnes alternatives pour limiter les risques pour la santé.