Mieux comprendre son interlocuteur dans le brouhaha ? Un tapotement du doigt suffirait

Une รฉtude rรฉvรจle que ce geste simple amรฉliore la perception de la parole dans les environnements bruyants.

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| Shutterstock/Trust My Science
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Alors que des scientifiques amรฉricains ont rรฉcemment dรฉvoilรฉ une technologie audio innovante, les ยซย enclaves sonores ยป, promettant une รฉcoute privรฉe sans casque via une source sonore distante, une nouvelle รฉtude vient enrichir le champ de la perception auditive. Des chercheurs franรงais y rรฉvรจlent quโ€™un simple tapotement rythmique du doigt, effectuรฉ juste avant dโ€™รฉcouter un interlocuteur, pourrait amรฉliorer la comprรฉhension de la parole dans un environnement bruyant.

Depuis quelques annรฉes, le domaine de lโ€™amorรงage rythmique explore les interactions entre mouvement et perception du langage. Une รฉtude parue en 2021 avait dรฉjร  mis en lumiรจre lโ€™influence de la musique sur la comprรฉhension linguistique. Lโ€™รฉquipe de lโ€™Universitรฉ dโ€™Aix-Marseille approfondit aujourdโ€™hui cette piste en se concentrant sur un geste aussi banal que celui de tapoter des doigts.

ยซ Le systรจme moteur est reconnu pour sa capacitรฉ ร  traiter lโ€™information temporelle, et le fait de se mouvoir au rythme dโ€™une mรฉlodie peut renforcer le traitement auditif ยป, expliquent les chercheurs Noรฉmie Te Rietmolen, Kristof Strijkers et Benjamin Morillon. Leur hypothรจse sโ€™inscrit dans un cadre neurologique รฉtabli : les systรจmes moteur et auditif, รฉtroitement interconnectรฉs, se stimulent mutuellement de maniรจre bรฉnรฉfique.

Une interaction motrice-auditive

Pour mettre cette thรฉorie ร  lโ€™รฉpreuve, les scientifiques ont menรฉ trois expรฉriences complรฉmentaires auprรจs de volontaires en bonne santรฉ. ยซ Ces trois expรฉriences comportementales dรฉmontrent que le mouvement rythmique facilite le traitement de la parole dans un contexte bruitรฉ, sous certaines conditions prรฉcises ยป, dรฉtaillent-ils dans leur รฉtude, publiรฉe dans la revue Proceedings of the Royal Society B.

Lors de la premiรจre expรฉrience, 35 participants ont รฉtรฉ invitรฉs ร  tapoter selon diffรฉrentes cadences โ€” lente, moyenne ou rapide โ€” avant dโ€™รฉcouter des phrases noyรฉes dans un fond sonore. Rรฉsultat : un rythme moyen, soit deux coups par seconde (1,8 Hz), amรฉliore significativement la comprรฉhension. Ce rythme correspond en effet au dรฉbit lexical moyen de la parole, suggรฉrant une prรฉparation optimale du cerveau lorsque le mouvement suit la cadence du langage.

Une deuxiรจme expรฉrience visait ร  dรฉterminer si lโ€™amรฉlioration รฉtait due au tapotement en soi, ร  lโ€™รฉcoute passive dโ€™un rythme, ou ร  la combinaison des deux. Les chercheurs ont alors observรฉ que seul le tapotement โ€” quโ€™il soit synchronisรฉ ou non avec un rythme externe โ€” avait un effet bรฉnรฉfique. Lโ€™รฉcoute passive, quant ร  elle, ne produisait aucun rรฉsultat notable.

La troisiรจme expรฉrience, conduite avec 28 nouveaux participants, a introduit une autre variable : lโ€™รฉnonciation dโ€™un mot ร  voix haute avant dโ€™รฉcouter une phrase dans un brouhaha. Que le mot soit ou non reliรฉ sรฉmantiquement ร  la phrase, son articulation amรฉliorait nettement la comprรฉhension. Ce constat vient renforcer lโ€™idรฉe que lโ€™activation motrice โ€” articulatoire ou non โ€” prรฉpare le cerveau ร  un traitement auditif plus efficace.

Selon les chercheurs, le tapotement pourrait favoriser la synchronisation de lโ€™activitรฉ neuronale et renforcer lโ€™attention, favorisant une meilleure prรฉparation du cerveau ร  traiter les signaux auditifs, mรชme dans des conditions perturbรฉes par les interfรฉrences sonores. ร€ terme, ces travaux pourraient dรฉboucher sur des applications pratiques : des exercices simples de prรฉparation motrice, ร  effectuer avant des rรฉunions en milieux bruyants ou des conversations dans lโ€™agitation urbaine.

Si cette dรฉcouverte ouvre des perspectives prometteuses pour amรฉliorer la communication dans des environnements sonores complexes, les auteurs appellent toutefois ร  la prudence. Dโ€™autres recherches seront nรฉcessaires pour mieux comprendre les mรฉcanismes neurophysiologiques sous-jacents, et รฉvaluer les bรฉnรฉfices potentiels ร  long terme, notamment pour les personnes souffrant de troubles auditifs ou de difficultรฉs de communication.

Source : Proceedings of the Royal Society B

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