En plus des effets positifs sur notre santé psychologique, il est connu que les hormones du plaisir générées par le biais des relations affectives ont également des effets bénéfiques sur notre santé physique. Plusieurs recherches ont notamment suggéré que les bienfaits des relations amoureuses se répercutent positivement jusqu’au système immunitaire. Une étude plus récente, parue dans la revue Science Direct, révèle que la présence d’un partenaire amoureux est étroitement liée à une diminution du taux de protéine C-réactive (ou CRP) — libérée lors de processus inflammatoires aigus. Cet effet bénéfique dépendrait directement du temps passé physiquement avec son partenaire amoureux, et ce peu importe la qualité de la relation.
En tant qu’être social, l’Homme tire de nombreux effets bénéfiques à vivre en société, en développant des relations avec ses semblables. Le processus affectif et les sensations de plaisir qui en découlent proviendraient notamment d’une interaction hormonale complexe, où agit par exemple la phényléthylamine. Tout au long d’une relation amoureuse interviennent également la dopamine et l’ocytocine, qui non seulement interviennent dans la régulation du comportement affectif durable, mais également dans l’apaisement des processus de stress et d’anxiété.
Véhiculée par de simples gestes ou mots affectueux ou sécrétée lors de la lactation ou après l’accouchement, cette combinaison d’hormones aurait également d’importants effets positifs sur le système immunitaire. Elle activerait notamment les mêmes neurorécepteurs que les opiacés, et pourrait de ce fait atténuer les sensations de douleur.
Ces résultats ont alors poussé certains chercheurs à suggérer que la qualité des relations sociales jouerait un rôle crucial pour la santé. Cependant, la nouvelle étude de l’Université de Caroline du Nord semble suggérer que le simple fait de passer du temps avec son partenaire amoureux pourrait avoir des effets positifs sur le système immunitaire, et ce même dans le cas d’une mauvaise qualité relationnelle.
Les chercheurs de la nouvelle étude ont en effet enregistré une baisse du taux de protéines inflammatoires CRP chez les personnes ayant passé physiquement beaucoup de temps avec leur partenaire. Il s’agit d’une protéine libérée juste après le début d’un processus inflammatoire aigu (lors d’infections virales ou bactériennes, de septicémie, de lésions tissulaires, etc.). Un taux élevé de CRP (supérieur à 1 mg/l) est également associé aux maladies cardiovasculaires.
« En identifiant cette voie biologique proximale par laquelle être avec nos proches peut résulter en de meilleurs résultats pour la santé, cette étude révèle des voies encore inexplorées pour aborder les mécanismes par lesquels des relations étroites affectent la santé à long terme », indiquent les chercheurs dans leur étude. Les résultats suggèrent en effet que la seule présence du partenaire amoureux peut potentiellement réduire le risque de mortalité d’une personne. Ces découvertes pourraient à terme aboutir à de nouvelles stratégies de traitement, où maximiser l’interaction sociale pourrait potentiellement favoriser l’efficacité d’un traitement pharmaceutique.
Des mesures sur le temps passé dans la même pièce avec le partenaire
Selon les auteurs de la nouvelle étude, la présence d’un partenaire améliorerait la régulation physiologique des voies du système nerveux, impliquées dans les réactions inflammatoires périphériques. Dans le cadre de leurs expériences, ces experts ont cherché à déterminer si cette régulation pouvait être influencée par le temps passé « en amoureux ».
Pour ce faire, un groupe de 100 adultes (en couple) âgés de 18 à 55 ans a effectué trois tests sanguins en laboratoire pendant un mois. Après chaque prélèvement sanguin, les participants ont également été invités à remplir des questionnaires concernant le temps passé avec leur partenaire au cours des dernières 24 heures. Il s’agit notamment du temps en présence de leur partenaire amoureux dans la même pièce, qu’il soit endormi ou éveillé. Des mesures sociodémographiques, de santé de base (avec les éventuelles prises d’antidépresseurs) et d’hygiène de vie (régime alimentaire, quantité d’exercice physique, qualité du sommeil, …) ont également été prises en compte.
Les résultats ont montré que les participants ayant passé plus de temps avec leur partenaire au cours des dernières 24 heures avant le prélèvement sanguin avaient des niveaux de CRP significativement plus faibles que ceux ayant passé moins de temps avec leur partenaire. Bien que le niveau de CRP ne soit pas forcément un révélateur significatif du temps passé avec son partenaire, les chercheurs ont démontré que les mêmes résultats étaient observés en cas de fluctuation hebdomadaire du temps passé en couple.
De plus, les résultats restaient les mêmes même en tenant compte de l’hostilité ou de la solitude ressenties par certains participants en présence de leur partenaire de vie. Toutefois, les chercheurs estiment que des variations telles que les moments de joie et les moments calmes vécus avec le partenaire devraient tout de même être considérées. Ces moments privilégiés pourraient notamment déclencher des mécanismes biologiques insoupçonnés qui seraient davantage bénéfiques pour la santé.