L’armée aérienne ukrainienne a intercepté un drone militaire russe de type Shahed-136 équipé d’un terminal Starlink, lors d’une attaque qui a eu lieu dans la nuit du 24 au 25 septembre. Alors que SpaceX affirme n’avoir jamais vendu ses terminaux Starlink à la Russie, les images obtenues de l’épave du drone montrent clairement le logo de l’entreprise sur certaines de ses pièces. Cela impliquerait ainsi une utilisation illicite d’un canal de communication à grande échelle, faisant de ce type de drone une arme de destruction encore plus efficace.
Le Shahed-136 (également appelée Geran-2 en Russie) est un drone militaire de conception iranienne utilisé pour l’élimination à distance de cibles au sol. Pouvant atteindre des vitesses de pointe de 185 km/h, ils peuvent transporter jusqu’à 50 kilogrammes de charge explosive et disposent d’une autonomie d’environ 2 000 kilomètres. Il se distingue également par son bourdonnement discret (de loin) se rapprochant de celui d’une tondeuse à gazon. Une fois repéré, il est relativement facile à intercepter par exemple à l’aide de mitrailleuses de gros calibre ou de canons antiaériens.
Cependant, sa détection constitue un défi, surtout en vue des améliorations apportées par l’armée russe. Cette dernière a notamment modernisé plusieurs fois le Shahed-136, par exemple en utilisant un matériau indétectable par les radars, ou de la peinture noire le rendant plus difficile à repérer dans les airs. Des enquêtes sur des débris récupérés par l’armée ukrainienne ont révélé qu’ils ont aussi été modifiés pour être plus destructeurs, notamment par l’implantation des milliers de fragments métalliques censés se disperser lors de l’impact.
Récemment, la Russie aurait également commencé à équiper ses drones de terminaux Starlink, selon le média ukrainien Defense Express. On estime que le pays dispose de plusieurs milliers de drones Shahed-136, qui peuvent aussi être utilisés à des fins de reconnaissance en remplaçant par exemple sa tête explosive par une caméra. L’ajout d’un terminal Starlink les rendrait encore plus polyvalents.
Des terminaux probablement obtenus sur le marché noir
Certains débris de l’un des drones récupérés la semaine dernière par l’armée ukrainienne portaient clairement le logo Starlink. Toutefois, ces affirmations doivent encore être confirmées par le biais d’enquêtes indépendantes effectuées par des experts. Le numéro de série de l’équipement Starlink utilisé sur le drone a également été censuré. D’autre part, l’armée a également intercepté 28 autres drones sur les 32 lancés par les forces russes depuis les régions de Koursk et de Krasnodar.
Il est important de savoir que l’armée ukrainienne s’appuie largement sur le réseau Starlink pour les communications sur le champ de bataille, ainsi que le contrôle de sa propre flotte de drones militaires. Cependant, des rapports ont mentionné que l’armée de Poutine avait, elle aussi, accès à Starlink. Par exemple, en février, l’agence de renseignement militaire ukrainienne a déclaré que les Russes utilisaient des terminaux Starlink le long des lignes de front, lorsqu’ils opéraient dans la région de Donetsk, à l’est de l’Ukraine.
L’armée russe a probablement obtenu des terminaux Starlink par le biais du marché noir ou d’autres intermédiaires. En effet, Musk (PDG de SpaceX et de Starlink), a fermement nié toute relation commerciale avec le gouvernement ou l’armée russes. SpaceX a d’ailleurs affirmé que les services Starlink ne sont pas opérationnels sur le territoire russe et que toute suspicion d’utilisation illicite ferait l’objet d’enquêtes approfondies. En d’autres termes, tout terminal se trouvant dans la région serait en temps normal systématiquement désactivé. De leur côté, les agents ukrainiens prévoient d’enquêter pour obtenir plus d’informations sur les canaux d’approvisionnement utilisés par les troupes russes.
Un risque permanent d’utilisation illicite
Toutefois, la persistance de l’armée russe dans la tentative d’utilisation illicite de la technologie Starlink suscite toujours plus d’inquiétudes. En effet, un responsable du Pentagone a déclaré en mai de cette année que les États-Unis collaboraient activement avec l’Ukraine et SpaceX pour contrecarrer toute utilisation illicite de la technologie Starlink par les forces militaires russes. Cependant, bien qu’un certain succès ait été enregistré dans ce sens, l’organisation reconnaît qu’il existe encore un risque d’utilisation permanent, en raison de la capacité d’innovation et d’adaptation de la Russie en matière de guerre.
Par ailleurs, bien que les États-Unis tentent d’intercepter l’accès des troupes russes aux appareils Starlink en identifiant ses intermédiaires, le problème serait encore loin d’être résolu, sans compter que l’Iran et d’autres pays alliés de la Russie continuent de leur fournir des drones de combat et d’autres armes. Alors que les Shahed-136 offraient déjà un important avantage au pays dans la guerre contre l’Ukraine, l’obtention d’un réseau de communication Starlink en ferait de meilleurs outils de reconnaissance, pouvant fournir des retours d’informations en temps réel.