Alors qu’on pensait initialement qu’elle ralentissait, la vitesse de rotation de la Terre s’accélérera encore cette année avec des journées plus courtes ce 9 et 22 juillet, ainsi que le 5 août. Elle connaît des journées plus courtes autour du milieu de l’année depuis 2020. Bien que les raisons exactes de cette accélération demeurent incertaines, les experts soupçonnent un phénomène interne à la Terre.
La Terre effectue une rotation complète autour de son axe en 86 400 secondes (24 heures) à environ une milliseconde près, un processus qui rythme la durée des journées. Elle effectue aujourd’hui environ 365 rotations sur son axe au cours de sa révolution autour du Soleil, qui fait une année complète.
Cependant, sa vitesse de rotation a évolué de manière significative au fil du temps. Les relevés historiques et les modélisations ont montré que la durée du jour (LOD) a varié au cours de l’histoire de la Terre. Par le passé, les années duraient entre 490 et 372 jours. Depuis les années 1970, sa rotation a commencé à décélérer et 27 secondes intercalaires ont été ajoutées depuis 1972, jusqu’en 2016.
Mais en 2016, elle a à nouveau gagné en vitesse, aucune seconde intercalaire n’ayant été ajoutée depuis. À l’inverse, à partir de 2020, des millisecondes ont dû être retirées, la rotation de la Terre s’accélérant depuis. Au cours de cette année (2020), les horloges atomiques, introduites dans les années 1950, ont mesuré les 28 jours les plus courts depuis 1960, les 86 400 secondes habituelles ayant été réduites de 1,05 milliseconde en moyenne.
Le LOD le plus court observé jusqu’à présent a été enregistré le 5 juillet 2024, avec une réduction de 1,66 milliseconde. Cette année devrait approcher de ce record. D’après les prévisions du Service international de rotation terrestre et des systèmes de référence (IERS) et de l’Observatoire naval des États-Unis, la journée d’aujourd’hui sera réduite de 1,33 milliseconde.
En outre, la journée du 22 juillet sera réduite de 1,38 milliseconde, tandis que celle du 5 août sera réduite de 1,5 milliseconde. « Personne ne s’attendait à cela », a déclaré à Timeanddate.com Leonid Zotov, expert en rotation terrestre à l’Université d’État de Moscou. « La cause de cette accélération reste inexpliquée », a-t-il ajouté. Mais ces mesures sont essentielles pour la fonctionnalité de diverses technologies, telles que le GPS.
Des journées plus courtes ce 9 et 22 juillet et le 5 août
La vitesse de rotation de la Terre peut être affectée par divers facteurs, tels que les changements du niveau de la mer, les mouvements du noyau terrestre et les variations atmosphériques. Mais l’un des facteurs les plus importants est la distance et l’emplacement de la Lune par rapport à la Terre. L’éloignement de la Lune est responsable de la décélération de la vitesse de rotation terrestre à un rythme d’environ 1,8 milliseconde par siècle.
Si la Lune peut réduire la vitesse de rotation terrestre, elle peut également être impliquée dans son accélération. La Terre tourne plus vite sur elle-même lorsque la Lune est située loin au nord ou au sud de l’équateur terrestre. D’après les experts, la Lune sera cette année à sa distance maximale par rapport à l’équateur le 9 et le 22 juillet, ainsi que le 5 août.
Un phénomène interne à la Terre ?
Cependant, si une accélération était attendue au milieu de cette année, l’éloignement de la Lune et les autres facteurs océaniques et atmosphériques ne suffiraient pas à expliquer le gain de vitesse soudain au cours des dernières années. D’après Zotov, « la plupart des scientifiques pensent qu’il s’agit d’un phénomène interne à la Terre [car] les modèles océaniques et atmosphériques n’expliquent pas cette accélération considérable. »
D’autres facteurs, comme les séismes, peuvent également affecter la vitesse de rotation de la Terre. Le séisme de magnitude 9 qui a frappé le Japon en mars 2011 a par exemple déplacé l’axe de la Terre d’environ 17 centimètres et raccourci la LOD terrestre d’environ 1,8 microseconde. Cet événement a déplacé l’île principale japonaise d’environ 2,4 mètres de son emplacement initial. Celui de magnitude 9,3 qui a frappé l’Indonésie en 2004 a, quant à lui, raccourci les LOD terrestres de 2,68 microsecondes.
Cela s’explique par le fait que les tremblements de terre réorganisent la répartition de la masse de la Terre, notamment en la rapprochant un peu plus de son axe de rotation. Pour l’analogie, l’effet est comparable à celui d’une patineuse artistique qui rapproche ses bras le long de son corps pour accélérer sa rotation. Comme la Terre, elle rapproche sa masse de l’axe autour duquel elle tourne.
Toutefois, au début de l’année dernière, des signes indiqueraient que la rotation de la Terre pourrait à nouveau ralentir. « Je pense que nous avons atteint le minimum. Tôt ou tard, la Terre va décélérer », estime Zotov. De son côté, l’IERS continuera à surveiller la vitesse de rotation terrestre et sera en mesure de confirmer son évolution pour les années à venir.