L’estimation de la position exacte de notre système solaire au sein de la Voie lactée n’est pas une chose facile, par le simple fait que nous n’avons aucune vue réelle globale de notre galaxie. Compte tenu de cette difficulté, l’estimation subit régulièrement des ajustements, souvent minimes, parfois plus conséquents. Selon une nouvelle carte de la Voie lactée, la position du système solaire n’est pas celle que l’on pensait. Non seulement nous sommes plus proches du centre galactique — et donc du trou supermassif Sagittarius A*, mais nous orbitons à une vitesse plus importante que précédemment estimé.
La cartographie de la Voie lactée depuis notre position, soit depuis l’intérieur, est un problème qui a longtemps stimulé notre compréhension de la dynamique des objets célestes et de la gravitation. Il est relativement facile de cartographier les coordonnées bidimensionnelles des étoiles et autres objets, mais les distances qui nous séparent de ces derniers sont beaucoup plus difficiles à déterminer. Et les distances sont importantes, car elles nous aident à déterminer la luminosité intrinsèque des objets célestes.
Cependant, grâce aux avancées techniques et technologiques, les astronomes s’améliorent sans cesse dans le calcul de ces distances, notamment par le biais d’études exploitant les meilleures technologies et techniques disponibles, dont le but est d’affiner nos cartes tridimensionnelles de la Voie lactée, un domaine connu sous le nom d’astrométrie. Et l’une d’entre elles est le projet de radioastronomie VERA, mené par la collaboration japonaise VERA. Le catalogue d’astrométrie Vera a été publié dans la revue Publications of the Astronomical Society of Japan.
Un télescope virtuel de 2300 kilomètres de diamètre
Le projet VERA (pour Very Long Baseline Interferometry Exploration of Radio Astrometry) s’appuie sur un certain nombre de radiotélescopes à travers l’archipel japonais, combinant leurs données pour produire efficacement la même résolution qu’un télescope avec une antenne parabolique de 2300 kilomètres de diamètre. C’est le même principe que celui de l’Event Horizon Telescope (EHT), qui a produit la toute première image directe de l’ombre d’un trou noir.
VERA, dont les observations célestes ont débuté en 2000, est conçu pour nous aider à calculer les distances aux étoiles radio-émissives en calculant leur parallaxe. Grâce à son incroyable résolution, il observe ces étoiles pendant plus d’un an, et observe comment leur position change par rapport aux étoiles qui sont beaucoup plus éloignées lorsque la Terre tourne autour du Soleil.
Ce changement de position peut ensuite être utilisé pour calculer la distance d’une étoile par rapport à la Terre, mais toutes les observations de parallaxe ne sont pas égales. Un système VLBI peut produire des images de bien plus haute résolution. Par exemple, VERA a une résolution angulaire époustouflante de 10 millionièmes de seconde d’arc, ce qui devrait produire des mesures astrométriques d’une précision extraordinaire. Et c’est ce que les astronomes ont utilisé pour affiner la position de notre système solaire au sein de la Voie lactée. Sur la base du premier catalogue d’astrométrie VERA de 99 objets publié au début de l’année, ainsi que d’autres observations, les astronomes ont créé une carte de la position et de la vitesse de ces objets.
À partir de cette carte, ils ont calculé la position du centre galactique. En 1985, l’Union astronomique internationale a défini la distance au centre galactique comme étant de 27’700 années-lumière. L’année dernière, la collaboration GRAVITY l’a recalculée comme étant plus proche, à seulement 26’673 années-lumière. Dernièrement, les mesures basées sur VERA le rapprochent encore, à une distance de 25’800 années-lumière. Et la vitesse orbitale du système solaire est également plus rapide que précédemment estimé : 227 kilomètres par seconde, au lieu de la vitesse officielle de 220 kilomètres par seconde.
Ce changement peut sembler insignifiant, mais il pourrait avoir un impact sur la façon dont nous mesurons et interprétons l’activité du centre galactique — ce qui, espérons-le, nous permettra d’obtenir une image plus précise des interactions complexes autour de Sgr A*. En attendant, la collaboration VERA va de l’avant. Non seulement elle continue à observer les objets de la Voie lactée, mais elle s’associe à un projet encore plus vaste, le réseau VLBI d’Asie de l’Est. Ensemble, les astronomes espèrent que les télescopes impliqués dans ce projet pourront fournir des mesures d’une précision sans précédent.