Il y a une dizaine de jours, le PDG de Tesla, Elon Musk, a annoncé que la suite « Full Self-Driving » destinée à contrôler les véhicules électriques conçus par sa firme, commencerait à être déployée auprès d’un groupe restreint de conducteurs dès le 20 octobre. Les premières impressions des utilisateurs ne se sont pas faites attendre…
Certains heureux propriétaires de Tesla aux États-Unis peuvent depuis quelques jours profiter de plusieurs nouvelles fonctionnalités en matière de pilotage automatique de leur véhicule. Proposé en version bêta à quelques utilisateurs à des fins de test, le système de pilotage automatique devrait être déployé à plus large échelle d’ici la fin de l’année, selon Elon Musk.
Vers une conduite 100% autonome
Sur autorisation de la NHTSA, l’organisme américain de la sécurité routière, Tesla a donc mis une nouvelle version de son logiciel de conduite Full Self-Driving (FSD) à disposition de certains utilisateurs. À ce jour, le pilote automatique de Tesla donne accès à pas mal d’éléments de conduite assistée, sur autoroute comme en agglomération, et les premiers comptes-rendus des bêta-testeurs sont globalement positifs.
Pour commencer, on peut constater que le véhicule roule en toute sécurité dans un quartier résidentiel ; malgré l’absence de marquage au sol, il roule bien à droite de la chaussée, à un peu plus de 30 km/h, tout en évitant les véhicules garés et conteneurs à poubelles qui peuvent s’y trouver. Il parvient également à prendre un virage à droite, sans encombre. Les virages à gauche sont tout aussi bien exécutés, y compris dans les ronds-points.
Arrivé à une intersection, le véhicule marque bien l’arrêt au panneau stop et ne s’engage que lorsqu’il s’est assuré que la voie était libre. De même, à l’approche d’une intersection sans arrêt obligatoire, le véhicule est capable de ralentir, voire de s’arrêter un bref instant, pour vérifier qu’il peut bel et bien s’engager sur la voie en toute sécurité. Enfin, on peut remarquer que sur une route à trois voies, dotées chacune de leur propre feu tricolore, le véhicule obéit bien à la signalisation de la voie sur laquelle il s’est engagé, et uniquement celle-ci.
Le test de la fonction « Summon » est également plutôt réussi ; cette fonctionnalité permet au véhicule de sortir seul d’une place de parking, puis de retrouver son propriétaire un peu plus loin. La vidéo en fin d’article montre que la voiture quitte sa place de parking très prudemment, à une vitesse très basse (environ 5 km/h). En outre, on peut remarquer que bien que le propriétaire du véhicule soit positionné sur le trottoir à gauche de la chaussée, le véhicule parvient jusqu’à sa hauteur mais tout en restant bien à droite, dans le sens de circulation.
Force est de constater, d’après cette démonstration, que les capacités du pilote automatique sont impressionnantes. Il semble respecter complètement la signalisation, la limite de vitesse et les autres usagers de la route. Un test réalisé de nuit a montré les mêmes performances. Même les passages les plus délicats, notamment lorsque le véhicule doit s’insérer dans une circulation dense, sont effectués avec brio.
Un système qui requiert un conducteur attentif
Certaines vidéos publiées sur Twitter par d’autres possesseurs de Tesla — notamment sur le compte @GretaMusk, qui dénonce régulièrement les dangers de cette voiture autonome — ne sont pas si réjouissantes. On peut y voir notamment un virage à gauche qui manque de précision (le véhicule dépasse légèrement la voie de destination), un véhicule qui change de voie alors que ce n’est pas la bonne direction, ou encore un véhicule qui « hésite » et zigzague entre deux voies après avoir traversé une intersection.
4. Elon Musk has deployed « Full Self Driving » cars that get « confused and went into a turning lane ». #Tesla $TSLA $TSLAQ 4/7 pic.twitter.com/ApHzHhOMdH
— Greta Musk (@GretaMusk) October 25, 2020
Ainsi, tout le monde ne semble pas encore prêt à laisser sa voiture complètement aux mains du logiciel. Et pour cause, le système de pilotage automatique a malheureusement causé quelques accidents par le passé, dont plusieurs ont entraîné la mort des conducteurs.
Tesla rappelle d’ailleurs à juste titre que ce système de pilotage automatique nécessite toute l’attention du conducteur. « It may do the wrong thing at the worst time, so you must always keep your hands ont the wheel and pay extra attention to the road » (« Il peut faire une mauvaise action au pire moment, donc vous devez toujours garder vos mains sur le volant et demeurer très attentif à la route »), voilà ce qu’on peut lire dans les conditions d’utilisation.
Pour Ed Niedermeyer, directeur de la communication pour l’association Partners for Automated Vehicle Education, « faire tester un pilotage automatique de niveau bêta à des consommateurs non entraînés sur des routes publiques est dangereux et en désaccord avec les normes industrielles ». Il ajoute que si un tel système requiert l’assistance et la supervision d’un humain pour fonctionner de manière sécurisée, il ne devrait pas être appelé « pilote automatique ».
À l’issue de cette période d’essai, le système sera disponible pour tous les utilisateurs. Elon Musk a d’ores et déjà annoncé que cette version, en option, est facturée 2000 dollars supplémentaires par rapport au tarif estimé initialement, portant le prix de ce package à 10’000 dollars à compter d’aujourd’hui. Mais le PDG a également prévenu que le tarif du système FSD augmenterait au fur et à mesure des améliorations apportées. « Le prix du FSD continuera d’augmenter à mesure que le logiciel se rapprochera de ses capacités pleinement autonomes et approuvées. À l’heure actuelle, la valeur du FSD est probablement située quelque part au-delà de 100’000 dollars ».
L’un des utilisateurs privilégiés partage son expérience en vidéo (crédits : YouTube/Tesla Raj) :