Des employés actuels et anciens de Tesla ont affirmé que les systèmes de conduite autonome des véhicules de l’entreprise sont spécifiquement programmés selon les habitudes de conduite d’Elon Musk et de quelques utilisateurs « VIP ». Cela signifie que l’entreprise vise à garantir une expérience de conduite agréable pour Musk et quelques privilégiés, tandis que le reste des usagers ne bénéficie pas du même confort.
Alors que le lancement de Robotaxi — son nouveau véhicule entièrement autonome — est proche (prévu pour ce 8 août), Tesla doit faire face à une nouvelle controverse concernant ses logiciels de conduite autonome, Full Self-Driving (FSD) et Autopilot. Bien que l’entreprise ait fait valoir d’importantes avancées dans le domaine, il semble que les performances réelles de ces logiciels soient loin des attentes des conducteurs.
Les véhicules Tesla disposant de ces logiciels détectent notamment les panneaux de signalisation ou autres indicateurs du code de la route (feux de signalisation, cônes de délimitation de chantiers, …), puis ralentissent automatiquement ou s’arrêtent si nécessaire. Les véhicules disposent également d’une gamme de fonctions de sécurité, dont un freinage d’urgence automatique, ainsi qu’un système d’avertissement d’angle mort ou de collision.
Cependant, certains usagers ont signalé des différences notables entre les performances démontrées dans les vidéos des influenceurs promouvant la marque Tesla et celles réelles. Les conducteurs ont initialement supposé que les logiciels n’étaient pas suffisamment adaptés pour fonctionner sur des routes en dehors de la Californie, notamment là où la plupart des influenceurs résident.
Cependant, des témoignages d’anciens et actuels employés de l’entreprise rapportés par Business Insider révèlent que ce problème d’écart de performances provient du plus haut niveau de l’entreprise. De nombreux évaluateurs seraient selon la source contraints d’adapter les logiciels selon les habitudes de conduite de Musk et de quelques conducteurs présélectionnés et catégorisés en tant que « VIP ». Bien que cela ne semble pas surprenant étant donné le côté imprévisible et un tantinet égocentrique du PDG, cela va à l’encontre d’une stratégie marketing visant à promouvoir le produit auprès du grand public.
De la publicité mensongère de la part des influenceurs ?
Les performances des systèmes de conduite autonome de Tesla dépendent d’annotateurs (ou évaluateurs) humains chargés de ratisser les images enregistrées par les véhicules le long des itinéraires qu’ils parcourent. Toutes les indications du code de la route y sont relevées afin de programmer les logiciels à les respecter. La base de données de l’entreprise est régulièrement mise à jour pour maintenir la capacité des véhicules à s’adapter aux conditions changeantes.
Pour programmer les logiciels FSD et Autopilot, les employés interrogés par Business Insider ont affirmé que leurs analyses ont délibérément privilégié la manière de conduire de Musk, ainsi que les vidéos provenant de sa voiture. Les annotateurs étaient spécifiquement chargés de travailler sur les itinéraires autour des sièges de Tesla, SpaceX et X ainsi que d’un manoir appartenant auparavant au PDG.
Un annotateur aurait d’ailleurs été licencié de l’un des bureaux de Tesla, à Buffalo, car il n’avait pas étiqueté correctement un panneau de sortie d’autoroute dans une vidéo provenant de la voiture de Musk. Sans compter que ce dernier a la réputation d’intercepter ses ingénieurs à l’improviste pour corriger les logiciels selon ses constats personnels.
D’autre part, des données provenant de YouTubers et autres influenceurs (le groupe VIP) promouvant la marque, ainsi que leurs itinéraires quotidiens, ont également été privilégiés. L’entreprise applique vraisemblablement un système visant à hiérarchiser les données des conducteurs les plus susceptibles de partager leurs expériences en ligne. Certains employés ont affirmé que cette priorisation est due au fait que ces utilisateurs testent généralement les limites des logiciels.
Toutefois, cela signifie également que Musk et le groupe VIP bénéficient d’une meilleure expérience de conduite que les conducteurs de Tesla moyens. En outre, les expériences des influenceurs ne sont donc pas représentatives de celles des clients standard, ce qui pourrait introduire des biais dans la programmation des logiciels. Les vidéos partagées par ces influenceurs pour promouvoir la marque seraient-elles ainsi de la publicité mensongère ?
Par ailleurs, les logiciels FSD et Autopilot ont précédemment fait l’objet de controverse, en raison d’une implication potentielle dans des centaines de collisions et des dizaines de décès. Plusieurs enquêtes fédérales sont en cours pour confirmer ou non ces implications. Néanmoins, de récentes enquêtes ont révélé que de nombreux propriétaires de Tesla semblent toujours convaincus des performances de ces logiciels.