En à peine 72h après son lancement officiel, Threads — la nouvelle plateforme de Meta visant à concurrencer Twitter — a franchi la barre des 80 millions d’utilisateurs ! La plateforme d’Elon Musk perdant toujours plus d’adeptes et de notoriété, Mark Zuckerberg aurait profité de cette ouverture pour lancer son nouveau produit, pour l’instant indisponible en Europe.
La compétition fait rage entre Elon Musk et Mark Zuckerberg. Caricaturés par certains médias comme « les gladiateurs de la Silicon Valley », la rivalité entre les deux milliardaires est désormais au centre de nombreuses discussions. Alors qu’ils annonçaient vouloir combattre dans une cage de MMA il y a quelques semaines, ils attirent une nouvelle fois l’attention dans une nouvelle guerre d’ego ouverte avec pour armes : leurs plateformes de réseaux sociaux.
Threads, la nouvelle application de Meta, a été mise en ligne sur les magasins d’applications Apple et Android dans 100 pays, mercredi dernier. Les chiffres donnent le tournis : la plateforme démarre avec 5 millions d’inscriptions en quatre heures et 10 millions en sept heures ! Actuellement, elle en est à plus de 80 millions d’utilisateurs. En moins de 24 heures, plus de 95 millions de messages et 190 millions de « likes » avaient déjà été transmis sur la plateforme. En comparaison, il a fallu 852 jours à Facebook pour atteindre les 10 millions d’inscrits et 780 jours à Twitter.
Des comptes de célébrités telles que Hugh Jackman, Oprah Winfrey ou les sœurs Kardashian y sont déjà actifs. Des médias tels que The Washington Post et France 24 ainsi que de nombreux comptes institutionnels comme Netflix, Zoom et Universal Studio y sont également inscrits. Bien sûr, nous sommes également de la partie, avec nos premiers 430 followers. Vous pouvez trouver Trust My Science sur Threads en suivant ce lien pour nous suivre dans cette nouvelle aventure.
Pour l’instant, la plateforme fonctionne sans annonceurs et se présente comme étant simplement l’application de conversations écrites d’Instagram. Elle concurrence directement Twitter en proposant quasiment les mêmes fonctionnalités, avec peut-être quelques avantages en plus, notamment la facilité d’inscription. L’on peut notamment s’inscrire avec un compte Instagram et importer les informations de base depuis ce dernier, tout comme effectuer quelques suivis de comptes du cercle Instagram. Aucune fonctionnalité n’est payante pour le moment.
Cette inscription via une plateforme « mère » déjà existante permet à Threads d’avoir une base d’audience intégrée de près de 2 milliards d’utilisateurs, plutôt que de repartir de zéro. On pourrait dire que la nouvelle plateforme se base sur le succès d’Instagram et compte sur sa cote de popularité pour devenir le réseau social de référence pour les célébrités, les entreprises et les politiciens.
« Nous espérons que Threads puisse être une plateforme ouverte et accueillante pour les discussions », a écrit Adam Mosseri, directeur d’Instagram. « Si c’est aussi ce que vous voulez, le meilleur moyen, c’est d’être bienveillant », a-t-il ajouté. Suite aux controverses de la plateforme de Musk, des milliers d’utilisateurs cherchent une alternative, ce qui a en quelque sorte laissé une ouverture à Zuckerberg.
Twitter en position de faiblesse ?
Le lancement de Threads intervient quatre mois après les premières rumeurs de sa gestation, mais surtout au moment où Twitter ressort affaibli d’une énième erreur. En effet, il y a quelques jours, Musk a annoncé la mise en place d’une limitation du nombre de messages consultables quotidiens par utilisateur. Et pour lever cette limite, il faudrait passer à la caisse, de quoi indigner nombre d’utilisateurs. Cette décision arrive après plusieurs autres controverses, notamment la conversion de la vérification d’un compte en service payant et le licenciement de la quasi-totalité des équipes de contrôle des contenus. Aux dernières nouvelles, Twitter a également annoncé que l’application TweetDeck (qui permet de consulter et gérer un ou plusieurs comptes Twitter) ne sera bientôt accessible qu’aux comptes payants.
Depuis ces décisions controversées en série, la modération de contenu est réduite au minimum sur la plateforme. Les bugs, les propos haineux et dépourvus de censures se multiplient et rebutent toujours plus les annonceurs et les célébrités, sans compter l’effondrement de ses actions. En réaction aux critiques et au lancement de Threads, Musk a posté qu’il était « infiniment préférable d’être attaqué par des inconnus sur Twitter, plutôt que de se laisser aller au faux bonheur d’Instagram qui cache la douleur ». Il aurait également laissé entendre que la nouvelle plateforme de Meta plagie la sienne.
Profitant de la baisse de cote de popularité de Twitter, Threads suscite littéralement l’engouement et pourrait constituer une menace sérieuse pour Musk. La présence croissante de célébrités ayant chacune des millions d’abonnés pourrait lui permettre de gagner encore plus rapidement en popularité. Des analystes estiment d’ailleurs que la plateforme n’aurait besoin que d’un utilisateur mensuel d’Instagram sur quatre pour devenir aussi populaire que Twitter.
Toutefois, Zuckerberg précise qu’il faudra encore un peu de temps à sa plateforme avant d’atteindre la notoriété de sa rivale. Par ailleurs, l’application n’est pas encore disponible pour les résidents de l’Union européenne, en raison de problèmes liés à l’utilisation des données personnelles. Sur Android, la restriction géographique peut cependant être contournée en téléchargeant l’application au format APK (Android Package) et en autorisant l’installation depuis une source inconnue (depuis les paramètres). Sur iOS, la procédure est un peu plus compliquée : il est nécessaire de créer un compte iCloud américain (par exemple) et d’accéder à l’App Store avec ce dernier afin de télécharger l’application. Une fois l’application installée, il est possible de revenir au compte d’origine et d’utiliser l’application avec ce dernier.
Meta souhaite probablement prendre son temps pour évaluer les impacts éventuels de la nouvelle réglementation européenne des marchés numériques, en vigueur depuis le mois de mai 2023. À rappeler que l’entreprise a récemment écopé d’une amende de 1,2 milliard d’euros pour non-respect des lois sur la protection des données personnelles en Europe. Elle a été vivement critiquée pour cette erreur et la croissance de Threads pourrait en être légèrement ralentie.