Tianwen 2 : la Chine lève le voile sur sa mission secrète vers une quasi-lune

La sonde renverra les premiers échantillons de la quasi-lune Kamo’oalewa sur Terre d’ici 2027.

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La sonde Tianwen 2 est équipée d'un panneau solaire à 10 faces. | CNSA
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La Chine dévoile la première image de Tianwen 2, la sonde spatiale dont le lancement a été tenu presque secret et dont l’objectif est de collecter des échantillons de la quasi-lune Kamo’oalewa. L’image, rendue publique environ deux semaines après le décollage, révèle un engin qui présente certaines similitudes avec la sonde Lucy de la NASA. Cette mission reflète cependant une autre facette des ambitions spatiales de Pékin : elle vise à rapporter les premiers échantillons sur Terre d’ici 2027.

Mesurant entre 40 et 100 mètres de long et évoluant à une distance minimale de 4,6 millions de kilomètres, Kamo’oalewa appartient à une catégorie encore mal connue : celle des quasi-lunes (ou quasi-satellites) de la Terre. Ces objets, au nombre de sept identifiés à ce jour, suivent une orbite autour de la Terre et du Soleil sans pour autant être captifs de notre planète de manière permanente. À ne pas confondre avec les mini-lunes, qui gravitent autour de la Terre à des distances bien plus réduites et pendant des périodes brèves, généralement inférieures à un an.

Les astronomes estiment que d’autres quasi-lunes pourraient encore rester à découvrir, tant autour de la Terre que de Vénus. Ces corps célestes, si leur trajectoire les amenait à croiser celle de notre planète, pourraient théoriquement constituer une menace en cas de perturbation gravitationnelle. Également désigné sous le nom d’astéroïde 2016 HO3, Kamo’oalewa décrit une orbite en forme de fer à cheval, qu’il complète en 45 ans environ. Cette dynamique complexe en fait un objet d’un intérêt scientifique particulier.

D’autre part, il aurait été arraché à la Lune lors d’un impact ancien, survenu il y a plusieurs milliards d’années. Son analyse pourrait ainsi fournir de précieuses informations sur l’histoire de notre satellite naturel, mais aussi sur les débuts du système solaire. La mission Tianwen 2, première initiative chinoise consacrée à l’exploration d’un astéroïde, s’inscrit pleinement dans cette ambition. La sonde devrait atteindre l’astéroïde d’ici l’année prochaine.

Un lancement en toute discrétion

La sonde Tianwen 2 a été lancée le 29 mai dernier depuis le centre spatial de Xichang, dans le sud-ouest de la Chine, à bord d’un lanceur Longue Marche 3B. Contrairement aux usages habituels, les autorités chinoises ont opté pour la discrétion. Aucun flux en direct n’a été diffusé par l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA), et ce n’est qu’environ une heure après le décollage que l’agence a confirmé le succès de l’opération.

Aucune image de la sonde n’avait non plus été publiée jusqu’ici. Seuls quelques rendus artistiques approximatifs, diffusés peu après le lancement, donnaient un aperçu de l’engin, rapporte Space.com. Ce n’est que le vendredi 6 juin que la CNSA a dévoilé, dans un communiqué, une première image détaillée. Selon l’agence, la sonde fonctionne nominalement et se trouve désormais à environ 3 millions de kilomètres de la Terre, soit près de huit fois la distance qui nous sépare de la Lune.

L’image dévoilée montre un engin équipé d’un panneau solaire à dix faces déployé dans l’espace — une configuration qui n’est pas sans rappeler celle de la sonde Lucy de la NASA, actuellement en route vers les astéroïdes troyens de Jupiter. Une différence notable avec Tianwen 1, la précédente sonde chinoise lancée vers Mars en 2020, et qui s’appuyait sur de simples panneaux solaires rectangulaires pour alimenter le rover Zhurong.

À partir de juillet 2026, Tianwen 2 passera plusieurs mois en orbite autour de Kamo’oalewa afin d’en cartographier la surface et d’en étudier les propriétés. Une fois ces observations terminées, elle prélèvera des échantillons à sa surface. Ces derniers seront ensuite renvoyés sur Terre pour être analysés.

Vers une meilleure compréhension du système solaire ?

Les échantillons devraient être rapportés à l’aide d’un module de retour, à l’image de celui utilisé par la mission OSIRIS-Rex de la NASA, qui a livré à la Terre des fragments de l’astéroïde Bennu en septembre 2023, dans l’Utah. Ces matériaux pourraient livrer des indices précieux sur la composition du système solaire primitif.

Dans un second temps, la sonde ajustera progressivement sa trajectoire pour rejoindre un autre corps céleste : 311P/PanSTARRS, un objet hybride, à la fois comète et astéroïde, situé dans la ceinture principale entre Mars et Jupiter. En s’appuyant sur une assistance gravitationnelle terrestre, elle devrait être propulsée vers sa nouvelle cible et atteindre son orbite vers 2035. Les comètes, vestiges glacés des premières heures du système solaire, représentent une cible scientifique complémentaire de premier plan.

Tianwen 2 s’inscrit dans la continuité d’un programme spatial chinois particulièrement dynamique. Après le succès interplanétaire de Tianwen 1, d’autres étapes majeures ont été franchies, à l’image de la mission Chang’e 6 en 2024, qui a permis pour la première fois de collecter des échantillons de la face cachée de la Lune — un exploit technologique inédit.

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