Malgré de nombreuses recherches, la tombe de la célèbre reine égyptienne n’a pas encore été découverte. En 2015, l’égyptologue britannique Carl Nicholas Reeves a émis l’hypothèse d’une chambre funéraire secrète, non loin du tombeau de Toutânkhamon, dans laquelle reposerait Néfertiti. Depuis, des études par radar ont été menées, en vain. Mais une récente analyse de hiéroglyphes cachés dans la tombe de Toutânkhamon remet la théorie sur le devant de la scène.
À savoir que Toutânkhamon est le fils d’Akhénaton et d’une autre femme non identifiée (qui pourrait être la sœur ou la cousine d’Akhénaton), dont la momie a été baptisée Younger Lady par les égyptologues. Néfertiti serait décédée vers 1334-1333 av. J.-C., mais sa disparition demeure à ce jour tout aussi mystérieuse que ses origines. Reeves et son équipe ont remarqué que les cartouches représentant Toutânkhamon enterré par son successeur, le pharaon Aÿ, avaient été peintes par-dessus des cartouches représentant Toutânkhamon lui-même enterrant Néfertiti, reine d’Égypte et épouse du roi Akhénaton. Ces hiéroglyphes cachés sont particulièrement révélateurs.
Toutânkhamon est décédé brusquement en l’an -1324, à l’âge de 19 ans, après seulement neuf ans de règne ; il a donc dû être enterré en toute hâte, alors que son tombeau n’était pas prêt. Celui-ci a été découvert en novembre 1922, dans la vallée des Rois, par l’archéologue britannique Howard Carter. Le tombeau recelait des milliers d’objets précieux, dont un trône, des lits, des bijoux, des statuettes, etc. Pourtant, Reeves demeure sceptique face aux lieux : « La tombe de Toutânkhamon nous a toujours laissés perplexes en raison de sa forme étrange. Il est très petit, et pas ce que l’on attendrait d’un roi », confie-t-il au Gardian.
Les preuves d’un tombeau qui n’était pas prévu pour lui
En 2015, Reeves a soutenu que les images haute résolution de la tombe de Toutânkhamon révélaient des lignes sous les surfaces plâtrées des murs peints, suggérant la présence de portes scellées et inexplorées. D’autres experts cependant ont jugé les données peu concluantes à l’époque.
Mais un examen attentif des hiéroglyphes recouvrant l’un des murs du tombeau soutient aujourd’hui la théorie de Reeves. Sur le mur nord, les cartouches montrent le pharaon Aÿ tenant une herminette cérémonielle et accomplissant le rituel de « l’ouverture de la bouche » — qui consiste à toucher la bouche, le nez, les oreilles et les yeux du visage du sarcophage pour permettre au défunt d’utiliser ses sens dans le monde des morts.
Mais ces illustrations semblent contenir d’autres informations : « Un examen attentif des cartouches d’Aÿ révèle des traces claires et sous-jacentes d’un nom antérieur – celui de Toutânkhamon. Dans sa version originale, cette scène montrait Toutânkhamon accomplissant le rituel funéraire du propriétaire initial du tombeau, son prédécesseur immédiat… Néfertiti », explique Reeves.
Pour le spécialiste, les dessins parlent d’eux-mêmes : le nez retroussé et le dessous du menton du visage actuellement étiqueté comme étant Aÿ suivent précisément le contour facial standardisé adopté pour les représentations officielles de Toutânkhamon tout au début de sa royauté, explique-t-il. En outre, le visage de la momie arbore sans aucun doute possible les traits de Néfertiti. La scène représentait donc à l’origine Toutânkhamon officiant à l’enterrement de son prédécesseur — Néfertiti, qui aurait régné suite à la mort de son époux Akhénaton.
Des relevés radars qui soulèvent des interrogations
En d’autres termes, dans la précipitation, le pharaon n’a pas été enterré où il le devait, mais potentiellement dans une partie du tombeau de sa belle-mère. « Vous n’auriez pas eu cette décoration dans la tombe de Toutankhamon », souligne l’expert. Selon cette théorie, la tombe de Néfertiti aurait donc été rouverte une décennie après ses funérailles, puis vidée en partie — au niveau d’une section extérieure — pour accueillir en hâte la dépouille du jeune roi. Ce qui implique qu’un tombeau bien plus grand, occupé par Néfertiti, pourrait se trouver au-delà des murs du tombeau de Toutânkhamon.
Des études récentes, reposant sur l’imagerie thermique et l’analyse de la croissance des moisissures étayeraient cette hypothèse. « Toutânkhamon n’a pas été enterré dans la tombe agrandie et inutilisée d’un particulier, mais il semble bien qu’il n’ait été qu’un intrus dans la section extérieure d’une tombe royale beaucoup plus grande… Cette situation peut sembler inhabituelle, mais en fait, cet arrangement est loin d’être unique », souligne Reeves.
À titre d’exemple, l’archéologue évoque les tombes d’Amenemopet et de son père Psousennès Ier, qui ont toutes deux été retrouvées intactes dans la nécropole de Tanis, à côté d’une première tombe adjacente entièrement pillée. Après le pillage de la tombe d’Amenemopet, ce dernier aurait vraisemblablement été enterré à nouveau dans le caveau prévu initialement pour sa mère, à côté de la tombe de son père.
Reeves rappelle par ailleurs que bien que les relevés radar réalisés jusqu’alors n’aient pas été concluants, ceux-ci ont fourni des données très inégales : certains ne révèlent rien, mais d’autres identifient le mur nord comme étant une construction humaine plutôt qu’un substrat rocheux. Ce mur pourrait donc dissimuler l’entrée du tombeau tant recherché de la célèbre reine d’Égypte.
À noter que cette annonce survient alors que le célèbre égyptologue Zahi Hawass assure avoir enfin mis la main sur la momie de Néfertiti. Selon lui, la reine serait l’une des deux momies découvertes dans la vallée des Rois en 1817, toujours non identifiées à ce jour. Hawass pense qu’il s’agit de Néfertiti et de sa fille Ankhesenamun. Il a confié au journal espagnol El Independiente qu’il révélerait la momie de Néfertiti dans un mois ou deux, de même que les résultats des derniers tests ADN effectués sur Toutânkhamon pour confirmer les causes de sa mort.