Le constructeur automobile Toyota souhaiterait alimenter des villes entières du Japon (puis du monde) avec de l’hydrogène. En février dernier, sa filiale Woven Planet a commencé à construire une ville connectée où seront testées des technologies d’urbanisme, comme l’utilisation d’hydrogène domestique. Son développement fait partie de l’objectif de neutralité carbone de Toyota d’ici 2035.
Disposer d’une source d’énergie propre et portable sur son lieu de vie quotidienne ? C’est le nouvel objectif de Toyota et de sa filiale Woven Planet, qui viennent de présenter un prototype d’une cartouche d’hydrogène transportable. Le communiqué de presse explique que « la conception de cette cartouche facilitera le transport et l’approvisionnement quotidiens en hydrogène pour alimenter une large gamme d’applications de la vie quotidienne à l’intérieur et à l’extérieur de la maison ».
Par exemple, elle pourrait aussi bien être utilisée pour alimenter nos appareils domestiques et téléphones portables (grâce à une petite pile à combustible), que pour les voitures électriques et motos à batteries d’hydrogène interchangeables. Le prototype se présente sous la forme d’un cylindre de 40 cm de long et de 18 cm de diamètre, et pèse 5 kg une fois plein.
Ainsi, la cartouche pourrait être facilement insérée dans les murs des maisons qui ne sont pas reliées à un réseau électrique, afin de fournir de l’électricité ou alimenter des chauffages grâce à une pile à combustible. Sans utiliser de tuyaux, même des endroits reculés et non raccordés au réseau électrique pourraient être approvisionnés, et ce rapidement. Des services de livraison de ces cartouches d’hydrogène sont même envisagés par la société.
Atteindre la neutralité carbone en 2035
Toyota, qui souhaite atteindre son objectif de neutralité carbone pour 2035 en misant sur l’hydrogène, estime que l’utilisation de ce type de cartouche favoriserait l’essor de l’hydrogène comme vecteur d’énergie transportable et adaptable. Au rayon des avantages, l’utilisation d’hydrogène n’entraîne pas d’émission de dioxyde de carbone (CO2). De plus, « lorsque l’hydrogène est produit à l’aide de sources d’énergie renouvelable telles que le vent, le soleil, la géothermie et la biomasse, les émissions de CO2 sont également réduites au minimum pendant le processus de production », précise le constructeur automobile.
À titre d’exemple, la production d’électricité par une cartouche d’hydrogène permettrait de faire fonctionner un micro-ondes domestique pendant environ 3 à 4 heures (en considérant un réservoir d’hydrogène avec une production d’électricité d’environ 3,3 kWh/unité).
Woven City, la ville du futur entièrement connectée
Pour déployer leur prototype, Toyota et Woven Planet effectueront des essais de validation dans divers endroits comme Woven City, une « ville tissée » intelligente du futur imaginée par Toyota et actuellement en cours de construction près de Susono au pied du mont Fuji (centre du Japon).
Retardée à cause de la crise de COVID-19, cette ville connectée expérimentale aura pour objectif de tester plusieurs technologies du futur : la robotique, les voitures autonomes, l’intelligence artificielle… et désormais des cartouches d’hydrogène. « Woven City comportera trois types de rues entrelacées au niveau du sol, l’une dédiée à la conduite automatisée, une autre aux piétons et une autre aux personnes avec des véhicules personnels. Il y aura en outre une route souterraine utilisée pour le transport de marchandises », expliquait Toyota dans un communiqué l’année dernière.
Woven City devrait explorer et tester plusieurs applications énergétiques utilisant les cartouches d’hydrogène, notamment la mobilité et les applications domestiques. « Dans les futures démonstrations de Woven City, nous continuerons à améliorer la cartouche d’hydrogène elle-même, en la rendant de plus en plus facile à utiliser et en améliorant sa densité énergétique », poursuit le constructeur automobile. « L’objectif ultime de ce projet est de réaliser une société neutre en carbone où chacun peut accéder à une énergie propre, d’abord au Japon, puis dans le monde entier. Ces expériences réelles nous aideront à apprendre comment transformer au mieux l’hydrogène en une forme d’énergie familière, bien utilisée et appréciée ».