Une première mondiale : des physiciens britanniques ont utilisé avec succès des cellules souches pour réparer le tissu dégénératif à l’arrière des yeux de deux patients, inversant ainsi leur vision diminuante.
À présent, les chercheurs souhaitent et espèrent qu’une forme de traitement abordable puisse être disponible au Royaume-Uni dans les cinq prochaines années. Cela permettrait à plus d’un demi-million de personnes au Royaume-Uni et à des millions d’autres à travers le monde, d’avoir un traitement efficace pour rétablir leur vision altérée.
Les deux patients relativement âgés qui ont été traités lors de cette étude, souffraient d’une maladie appelée dégénérescence maculaire, une maladie liée à l’âge de la rétine et qui est responsable de près de la moitié des cas de cécité.
En d’autres termes, cette maladie implique une décomposition des couches de cellules derrière les bâtonnets et les cônes sensibles à la lumière, formant la rétine de l’œil. Cette couche de tissu, appelée épithélium pigmentaire rétinien, aide à transporter les nutriments dans la couche externe de la rétine et à éliminer les déchets : sa perte conduit inexorablement à l’accumulation de matériaux qui tuent lentement les cellules environnantes. Avec le temps, cette dégénérescence constante peut progresser et générer un point aveugle, interférant avec la vision d’une personne.
La principale cause de cette maladie n’est pas si claire, mais le risque de la contracter augmente significativement chez les personnes de plus de 50 ans. Bien qu’ils soient petits, ces points aveugles se trouvent dans une zone minuscule appelée la macula, une région qui permet de capturer la plupart des détails de ce que nous regardons. Cela rends certaines tâches très compliquées : la lecture, regarder la télévision, ou même reconnaître des visages.
Pour Douglas Waters, 86 ans, l’un des deux patients du traitement, la maladie signifiait perdre la moitié de son champ de vision. « Durant les mois qui ont précédé la chirurgie, ma vue était vraiment mauvaise et je ne pouvais rien voir de mon œil droit », a déclaré Waters. Des traitements pour les formes les plus sévères de dégénérescence maculaire existent, mais peuvent impliquer des injections très fréquentes dans l’œil.
Waters a donc été l’un des deux patients à subir une intervention chirurgicale il y a un an, où un patch de cellules souches embryonnaires spécialement conçues, de seulement 40 microns d’épaisseur et de 4 x 6 millimètres de large, a été inséré dans leur rétine. Ces cellules ont non seulement été cultivées pour répliquer les différentes cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien, mais elles ont également été recouvertes d’un composé synthétique qui les a aidées à rester en place.
Une étude de suivi sur le progrès des patients, menée durant les 12 mois qui ont suivi l’intervention, a montré que les deux patients présentaient des améliorations significatives. Tandis que les cellules transplantées ne représentaient pas un remplacement parfait, avec quelques petits signes de rejet provoquant une dissémination inégale des cellules, elles semblaient tout de même rester relativement saines. Les deux patients ont également signalé des améliorations de leur vision : « C’est brillant ce que l’équipe a fait et je me sens tellement chanceux qu’on m’ait redonné la vue », a déclaré Waters.
Une surveillance accrue contre le rejet et les changements cancéreux dans les cellules assurera que la procédure soit aussi sûre qu’efficace. À ce stade des essais cliniques, l’équipe de recherche à la permission de tester la procédure sur huit autres patients. Si tout se passe bien, la méthode pourrait alors bientôt être disponible de manière plus vaste. « Nous espérons que cela conduira à une thérapie disponible dans le commerce qui pourrait être mise à la disposition des patients du NHS (ndlr : le National Health Service : le système de santé publique du Royaume-Uni) dans les cinq prochaines années », a déclaré l’ophtalmologiste Pete Coffey de l’Institute of Ophthalmology, de l’University College London.
Une autre thérapie prometteuse a été testée l’année dernière : cette dernière utilisait un virus artificiel injecté dans l’œil pour ralentir et même inverser les effets de la maladie, mais le virus semblait être gêné, dans certains cas, par l’immunité du patient. Bien que cette procédure soit plus invasive, les cellules souches pourraient bien être la voie à suivre. À présent, nous ne pouvons qu’espérer que Doug Waters ne soit que le premier parmi un nombre beaucoup plus élevé de personnes qui pourront retrouver la vue à l’avenir.