L’insuffisance rénale affecte des centaines de millions de diabétiques à travers le monde. En effet, environ 30% des sujets diabétiques auraient une atteinte de la fonction rénale. Récemment, des chercheurs ont découvert qu’un traitement pour le diabète basé sur un médicament existant pouvait être efficace contre l’insuffisance rénale. Les résultats, publiés dans le New England Journal of Medicine, ont également montré que l’insuffisance cardiaque était réduite de plus de 30% et les accidents cardiovasculaires majeurs d’environ 20%. De quoi donner de l’espoir à des millions de diabétiques.
Le nouveau traitement se base sur un médicament existant : la canagliflozine. Ce dernier avait été développé pour abaisser les taux de glucose chez les personnes atteintes de diabète. Mais dans une nouvelle étude publiée récemment, il a été démontré que le médicament peut aussi protéger contre l’insuffisance rénale. Il a également permis de réduire de façon significative le risque de complications cardiovasculaires (y compris l’insuffisance cardiaque), qui sont courantes chez les personnes atteintes d’une maladie rénale.
En France, le diabète touche plus de 3 millions de personnes, ce qui représente environ 5% de la population, et jusqu’à 40% développeront une maladie rénale.
Le professeur Vlado Perkovic du George Institute for Global Health, auteur principal de l’étude, a déclaré qu’il y avait un besoin urgent pour ce nouveau traitement étant donné l’augmentation des taux de diabète.
« Le diabète est la première cause d’insuffisance rénale dans le monde, mais depuis près de deux décennies, il n’existe aucun nouveau traitement pour protéger la fonction rénale. Ce résultat d’essai définitif constitue une percée médicale majeure, car les personnes atteintes de diabète et de maladie rénale courent un risque extrêmement élevé d’insuffisance rénale, de crise cardiaque, d’AVC et de décès. Nous avons maintenant un moyen très efficace de réduire ce risque en utilisant une pilule, une fois par jour » déclare-t-il.
Les chercheurs affirment que les résultats, qui ont été présentés hier au Congrès mondial de néphrologie de l’ISN à Melbourne, peuvent être mis en œuvre immédiatement puisque le médicament est déjà disponible.
L’étude a impliqué 4401 patients issus de 34 pays différents, tous atteints de diabète et d’insuffisance rénale. La moitié d’entre eux ont reçu de la canagliflozine en plus des meilleurs soins actuels disponibles pour la néphropathie, conformément aux lignes directrices actuelles, en utilisant soit des inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA), soit des inhibiteurs des récepteurs de l’angiotensine (ARA). Le groupe témoin quant à lui a reçu les meilleurs soins disponibles et un placebo.
Principales constatations suite au traitement
- Le nombre de personnes souffrant d’insuffisance rénale, décédant pour cette raison ou souffrant d’une maladie cardiovasculaire, a été réduit de 30%
- Les cas d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque ont été réduits de 39%
- Le risque de complications cardiovasculaires majeures (crise cardiaque, accident vasculaire cérébral et décès d’origine cardiovasculaire) a été réduit de 20%
- Il n’y avait pas de risque accru d’effets secondaires majeurs
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La professeure agrégée Meg Jardine de l’Institut George et co-autrice de l’étude, a expliqué : « Ce que nous avons démontré, c’est que ce médicament protège non seulement les personnes atteintes de diabète contre l’insuffisance rénale, mais aussi contre les maladies cardiaques, l’insuffisance cardiaque et les autres complications cardiovasculaires. Et surtout, il aide les gens qui ont déjà une fonction rénale réduite et qui courent donc un risque particulièrement élevé ». « Avec cinq millions de personnes dans le monde qui devraient souffrir d’insuffisance rénale d’ici 2035, c’est une avancée majeure et importante ».
« Un médicament comme la canagliflozine, qui améliore à la fois les résultats cardiovasculaires et rénaux, est très recherché par les patients atteints de diabète de type 2 et par les cliniciens qui s’en occupent », a ajouté Kenneth Mahaffey, professeur de médecine à la Stanford University School of Medicine et chercheur principal adjoint de l’étude. « Les patients diabétiques ont une option prometteuse pour se prémunir contre l’un des risques les plus graves de leur condition ».
Les chercheurs ont découvert que la canagliflozine, un inhibiteur du transporteur de sodium-glucose de type 2 (SGLT2), était moins efficace pour abaisser la glycémie chez les personnes dont la fonction rénale est réduite, mais qu’elle entraînait quand même une réduction de l’insuffisance rénale, de l’insuffisance cardiaque et des événements cardiovasculaires comme des crises cardiaques, des accidents cérébrovasculaires et la mort par maladie cardiovasculaire.
Selon le professeur Perkovic, les résultats sont impressionnants. « Le bénéfice substantiel sur l’insuffisance rénale malgré des effets limités sur la glycémie, suggère que ces médicaments agissent de plusieurs façons, au-delà de leurs effets sur la glycémie. C’est un domaine de recherche intense et continu ».