Une étude clinique basée sur les connaissances du lien entre la flore intestinale et les troubles du spectre de l’autisme a permis de diminuer les symptômes de la maladie de plus de 47% chez de jeunes patients, grâce à une thérapie remplaçant intégralement le microbiote intestinal.
De nombreuses études avaient démontré que la plupart des symptômes liés aux troubles du spectre de l’autisme (TSA) seraient plus sévères chez les enfants souffrant également de maux gastro-intestinaux, et que plus de la moitié d’entre eux en seraient concernés.
Avec les nombreux liens entre le microbiote intestinal et le système nerveux, y compris les troubles psychiques qui ont été mis en évidence, des essais de traitements par administration de probiotiques ou de certains antibiotiques afin de remplacer les « bactéries néfastes » de l’intestin avaient déjà été réalisés. Les résultats obtenus étaient mitigés, avec une efficacité à court terme.
En 2017, des chercheurs de l’Université d’État de l’Arizona avaient pour objectif de développer une thérapie plus efficace et qui aurait des effets à long terme. Au lieu de simplement éliminer le microbiote responsable des troubles gastro-intestinaux ou d’administrer une petite quantité de bactéries bénéfiques, ils ont voulu remplacer totalement la flore intestinale, en combinant la prise d’antibiotiques, un lavage de l’intestin, la prise d’un antiacide gastrique, et finalement une bactériothérapie fécale.
Cette dernière consiste en la transplantation de bactéries bénéfiques provenant de fèces d’un donneur sain dans un patient souffrant de certaines maladies intestinales, généralement causées par un déséquilibre de sa flore bactérienne. Pour la première fois, elle a été employée pour soigner des TSA.
18 enfants âgés de 7 à 16 ans souffrant de symptômes de l’appareil digestif et de TSA se sont portés volontaires, ainsi que 20 autres ne souffrant d’aucun de ces troubles dans un but de contrôle. L’expérience a duré 10 semaines, suivie de 8 semaines de tests supplémentaires.
Non seulement les enfants ont vu une diminution de 80% des troubles gastro-intestinaux, mais ils ont également montré à travers des outils de diagnostic de TSA une nette amélioration de leur condition. Une amélioration qui a duré plusieurs mois après la fin du traitement.
Afin de prouver que cette méthode est différente de celles testées par le passé, il était nécessaire de vérifier que ses effets durent sur le long terme. Ils ont donc analysé à nouveau la population bactérienne dans l’intestin des mêmes participants deux ans plus tard. Les bactéries transplantées étaient encore bien présentes.
« Dans notre article original de 2017, nous avons signalé une augmentation de la diversité intestinale ainsi que des bactéries bénéfiques après la thérapie de transfert du microbiote. Après deux ans, nous avons observé une diversité encore plus grande et la présence de microbes bénéfiques », déclare le biotechnologiste Dae-Wook-Kang.
En effet, après deux années sans traitements, les enfants montraient toujours une diminution d’en moyenne 58% de leurs troubles gastro-intestinaux. De plus, ceux qui montraient lors du test de diagnostic des TSA un score de plus de 83% (considéré comme sévère) sont à présent descendus à 17%. Les évaluateurs ont estimé la diminution de la sévérité des symptômes des TSA à environ 47%.
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Il est important de préciser que l’expérience n’a pas été réalisée à l’aveugle, il ne faut donc pas négliger un possible effet placebo. Néanmoins, les résultats significatifs de ce traitement ne montrant d’ailleurs aucun effet secondaire, même deux ans plus tard, laissent peu de doutes quant à son efficacité.
Même s’il ne faut pas oublier que l’autisme possède diverses origines, telles que la génétique ou l’environnement (affectant le développement du cerveau durant les premières années de l’enfant), cette thérapie pourrait réduire le nombre de ces facteurs et rendre la vie meilleure aux personnes souffrant de ces troubles.
La bactériothérapie fécale est une pratique en expansion dans de nombreux domaines, comme le sport, où la flore bactérienne jouerait un rôle dans les performances, ou alors pour traiter certaines infections gastro-intestinales résistantes. Mais son usage contre les problèmes neurologiques liés à l’appareil digestif pourrait être la prochaine innovation majeure contre les troubles psychiques.