Treize nouvelles espèces de fourmis ont été découvertes à Hong Kong, en Chine. « Si vous pensez que toutes les formes de vie existant près de Hong Kong ont été découvertes, alors vous réaliserez qu’il suffit d’y regarder de plus près (…) pour découvrir une pléthore de nouvelles créatures », explique le Dr Benoit Guénard, de l’école des sciences biologiques de l’Université de Hong Kong (HKU).
Dans deux articles distincts récemment publiés dans Zookeys et Asian Myrmecology, le Dr Guénard et son équipe ont élargi les connaissances sur les fourmis de Hong Kong, en ajoutant 13 espèces aux 174 espèces officiellement enregistrées.
Parmi ces nouvelles fourmis découvertes, trois font partie du genre « Strumigenys » : il s’agit de fourmis piège à mâchoires miniatures, jusqu’à présent totalement inconnues de la science et uniquement découvertes à Hong Kong. Ces trois espèces de fourmis sont minuscules : elles mesurent seulement 2 à 4 mm de long, mais malgré leur taille, il s’agit de prédateurs étonnants se nourrissant de petits arthropodes. Ces fourmis ouvrent leurs mandibules et les referment brusquement sur leurs proies.
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Les nouvelles espèces, décrites récemment par Wilfred Kit Lam Tang, un étudiant diplômé de HKU ainsi que par les chercheurs M. Mac Pierce et le Dr Benoit Guénard, portent le nom de Strumigenys hirsuta, en référence à son aspect poilu ; Strumigenys lantaui, à savoir que cette espèce extrêmement rare n’est connue que d’une seule localité sur l’île de Lantau ; et Strumigenys nathistorisoc, en l’honneur de la Société d’histoire naturelle de Hong Kong, qui a financé la recherche par le biais du « Name an Ant Program », qui invite les donateurs à soutenir la recherche scientifique sur la biodiversité en échange de l’attribution du nom d’une espèce à une espèce découverte.
Ken Bradley, président de la Société d’histoire naturelle de Hong Kong a expliqué que la société soutenait pleinement les recherches de Guénard, qui vont totalement dans le sens de l’objectif de la société, qui est « d’encourager l’étude de l’histoire naturelle en général et en particulier à Hong Kong ».
« Il existe encore de nombreuses espèces à découvrir à Hong Kong, et le soutien et l’implication de la communauté dans ce domaine sont absolument fondamentaux », a expliqué Guénard.
Cinq autres espèces de Strumigeny ont également été répertoriées à Hong Kong. En revanche, ces dernières étaient déjà connues dans d’autres régions d’Asie. L’une d’entre elles, Strumigenys formosa, n’était connue à ce jour qu’à Taïwan, où seulement deux reines ont été rencontrés depuis la découverte de l’espèce en 1988.
Les autres espèces répertoriées étaient déjà connues en Asie du Sud-Est, au Japon, à Taïwan ainsi que dans d’autres provinces de Chine. Cette découverte est une bonne chose pour Hong Kong et sa biodiversité. Cependant, d’autres découvertes sont plus inquiétantes.
En effet, cinq des espèces nouvellement découvertes ne sont pas originaires de Hong Kong : quatre d’entre elles appartenant au genre Strumigenys et une autre, Brachymyrmex patagonicus, ici enregistrée pour la toute première fois en Asie continentale. Cette dernière espèce est connue en tant que ravageur urbain, notamment pour sa capacité à entrer et à établir des nids dans une large gamme de bâtiments, comme les hôpitaux, les hôtels, les écoles et les maisons. De plus, ces dernières peuvent coloniser diverses pièces, comme par exemple les cuisines, les bureaux et les salles de lavage, mais également des zones plus sensibles telles que des infirmeries ou encore des unités néonatales.
Dans certains États américains, où cette espèce vit également, cette dernière est devenue l’espèce causant le plus d’interventions dans le domaine de la lutte antiparasitaire. Donc, si la population de ces fourmis venait à proliférer à Hong Kong, il pourrait y avoir une véritable augmentation des coûts de gestion de cette espèce ravageuse, sans oublier le fait que l’utilisation de pesticides est très nocive pour l’environnement et les populations.
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Cette découverte de cinq nouvelles espèces exotiques à Hong Kong, comme la découverte des fourmis rouges (Solenopsis invicta) au début des années 2000, souligne l’importance régionale de Hong Kong pour l’importation des espèces, dont certaines ont des conséquences importantes sur les populations humaines et la biodiversité locale. Elle indique donc également la nécessité de déployer des programmes d’enquête et de surveillance efficaces, dans l’optique de détecter rapidement les nouvelles espèces présentes afin de pouvoir organiser des actions adaptées. Si nécessaire, il faudra aussi limiter leur propagation dans le cas où elles constitueraient une quelconque menace pour les locaux ainsi que pour la biodiversité de la région.
Cette nouvelle découverte est donc magnifique et alarmante à la fois. En effet, il reste encore de nombreuses espèces à découvrir, des espèces dont nous ignorons tout à l’heure actuelle, et cette diversité est tout simplement fantastique.
En parallèle, il s’agit d’une étape importante quant à la découverte d’autres espèces plus alarmantes, en particulier pour lesquelles une détection précoce constitue une condition essentielle pour garantir le succès de la limitation de leur propagation et de leurs impacts négatifs.