La conquête spatiale fascine de plus en plus de pays ou de dirigeants. C’est notamment le cas du président des États-Unis, Donald Trump. Selon le nouveau livre Team of Vipers (« équipe de vipères ») de Cliff Sims, qui a travaillé comme responsable des communications pour Trump lors de sa campagne présidentielle et dans l’Aile Ouest de la Maison Blanche, le président actuel aurait proposé un financement quasi illimité à la NASA, dans le but d’envoyer des explorateurs humains sur Mars avant la fin de son premier mandat. Cela s’est produit tout juste avant d’effectuer un appel enregistré en live avec la Station spatiale internationale (ISS).
Dans le livre de Sims, ce dernier lève le voile sur de nombreuses facettes du président actuel. Comme indiqué dans Intelligencer du New York Magazine, qui avait accès à des extraits du livre, Trump a suggéré à la NASA un financement illimité pour mener à bien une mission martienne avec équipage, d’ici 2020 (ou 2024), selon sa propre ambition. Dans son livre, Sims revient donc notamment sur la passion de ce dernier quant à la conquête spatiale (ou simplement son envie de se rendre lui-même sur Mars ?).
Trump aurait développé une certaine fascination à cette idée, suite à un entretien téléphonique avec l’équipage de la Station spatiale internationale en avril 2017. En effet, la vidéoconférence du 24 avril 2017 avait pour but de féliciter l’astronaute Peggy Whitson, qui avait battu un record en devenant l’Américaine ayant passé le plus de temps dans l’espace.
Sims raconte cette journée d’avril 2017 : Trump était assis à son bureau, dans le bureau ovale, accompagné de sa fille et conseillère, Ivanka, ainsi que de l’astronaute Kate Rubins. Il lisait des remarques et des questions préparées sur une feuille de papier, tandis que d’autres membres de son personnel, soit Jared Kushner, Reince Priebus, Sean Spicer et Betsy DeVos, étaient également présents lors de la vidéoconférence. À bord de la Station spatiale internationale, Whitson et le colonel Jack Fischer, répondaient aux questions du président.
Tout se passait relativement bien, mais le seul élément perturbant et visible par le public est survenu lorsque Trump a commencé à poser des questions sur Mars. « Dites-moi, Mars, quand pensez-vous que ce sera le bon moment pour y envoyer des humains ? », a-t-il demandé. Whitson a directement répondu, en notant qu’un mois plus tôt, Trump avait signé un projet indiquant justement un calendrier concernant l’envoi d’humains sur la planète rouge.
« Eh bien, selon votre directive, ce serait dans les années 2030 », a-t-elle dit. « Malheureusement, les vols dans l’espace prennent beaucoup de temps et d’argent, il faudra donc une certaine coopération internationale pour y arriver », a-t-elle ajouté. Ce à quoi Trump a répondu : « Eh bien, je pense que nous voulons le faire dès mon premier mandat, ou au pire lors de mon second mandat », a-t-il déclaré. « Donc je pense que nous devrons un peu accélérer les choses ! », a-t-il ajouté.
Suite à cela, le New York Times a suggéré que Trump l’a peut-être dit, « pour plaisanter ». Mais, selon un extrait du livre Team of Vipers, Trump ne plaisantait pas. Il était soudain très sérieux dans son désir d’atteindre Mars le plus tôt possible.
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Avant cette conférence, Trump avait déclaré : « Nous ne captons plus l’imagination des gens ». Cette phrase a été décrite par Sims comme « un rare moment de nostalgie ». Puis, Trump a poursuivi : « Nous avions l’habitude de faire de grandes choses – des choses incroyables. Personne ne pouvait faire ce que nous pouvions faire. Vous devez inspirer les gens. Ils sont allés sur la Lune. […]. Honnêtement, à quel point la NASA est-elle cool ? ».
Sims détaille également toute la logistique de mise en place de cet appel dans son livre (il a nécessité des ingénieurs de la NASA, des schémas du bureau ovale et une présentation préparée au préalable).
Cependant, Sims a vite compris que l’aspect le plus important du plan, serait le timing. En effet, un ingénieur lui a expliqué ce qu’était la « mécanique orbitale », à savoir que la Station spatiale internationale ne serait accessible que pendant une période spécifique d’environ 20 minutes, et, bien entendu, que cela est possible que lorsqu’elle est située à un endroit précis, lui permettant d’effectuer un tel appel. « Le président devait être parfaitement à l’heure, ce qui est rare », a écrit Sims.
Le jour de l’événement, Sims a organisé un dernier briefing avec Trump, DeVos, Rubins et Robert Lightfoot Jr., un administrateur par intérim de la NASA. « Nous avions environ dix minutes avant la diffusion, et j’ai souligné au président qu’il devait commencer et terminer exactement à l’heure prévue », a écrit Sims. Tandis que Sims expliquait au président ce qui allait se passer, ce dernier lui a demandé où les caméras seraient placées et « quel côté de sa tête serait le plus mis en avant » par ces dernières. Puis, Trump s’est assuré que les caméras de la presse seraient du côté droit. Son côté préféré.
Puis, quelques minutes avant d’être filmé, Trump était soudain distrait. « Je pouvais sentir les engrenages dans sa tête commencer à tourner. Je le perdais », explique Sims dans le livre. Tandis que le temps passait, Trump s’est « soudainement tourné vers l’administrateur de la NASA et a demandé : ‘‘Quel est notre plan concernant Mars ?’’ ».
Lightfoot, l’administrateur de la NASA en question, tout en essayant de rester le plus poli et rationnel possible, a alors expliqué au président (qui, nous le rappelons, avait précédemment signé un projet contenant un plan concernant Mars), que la NASA envisageait d’envoyer un rover sur Mars en 2020 et que, d’ici 2030, elle tenterait un vol spatial habité. Trump a alors simplement répondu « Mais, y a-t-il un moyen de le faire d’ici la fin de mon premier mandat ? ». Lightfoot a souligné les nombreux défis logistiques, notamment ceux liés à la distance, la capacité en carburant, etc. En indiquant également que personne n’a encore jamais amené un humain près de Mars, ni où que ce soit dans les alentours.
À ce stade, Sims lui-même commençait à s’énerver. « Tout ce à quoi je pouvais penser était que nous devions être devant la caméra dans trois minutes… Et pourtant, nous étions là, à discuter avec désinvolture de la nécessité de réduire d’une décennie complète le calendrier d’envoi de la NASA d’un vol habité vers Mars… », écrit Sims.
Mais Trump ne semblait pas du tout inquiet pour l’heure, il s’est penché vers Lightfoot et lui a fait une offre pour le moins surprenante. « Mais si je vous donnais tout l’argent dont vous pourriez avoir besoin pour le faire ? Et si nous explosions le budget de la NASA, mais que nous nous concentrions entièrement sur ça, plutôt que sur ce que vous faites en ce moment. Est-ce que ça pourrait fonctionner ? », s’est exprimé Trump. Lightfoot lui a répondu qu’il ne pensait pas que cela serait possible. Ce qui a visiblement déçu Trump, écrit Sims. « J’’ai essayé de le recentrer sur la tâche à accomplir. Il nous restait environ 90 secondes ».
Mais même à ce moment-là, Trump n’était pas encore prêt à se reconcentrer. Tandis qu’il se dirigeait vers l’endroit de l’appel, il s’arrêta juste devant la porte : « il a décidé de s’arrêter dans sa salle de bains en marbre blanc pour un dernier contrôle dans le miroir ». À ce moment-là, il ne restait plus que 30 secondes avant d’être filmé en live et Sims était presque (ou totalement), en train de paniquer.
Dans le miroir de la salle de bains, Trump s’est souri à lui-même, et a prononcé les mots suivants : « La Station spatiale, c’est votre président ». Puis il a indiqué à Sims de se rendre dans le bureau ovale, en l’y suivant. Mais, dans le cas de cette histoire, tout est bien qui fini bien, car Trump s’est finalement rendu au bon endroit, à quelques secondes près, et l’appel filmé a pu avoir lieu.
À l’heure actuelle, et suite à la parution du livre de Sims, le bureau de presse de la Maison Blanche n’a pas répondu à une demande de commentaire concernant cette affaire.