Une espèce d’entérocoque a montré une résistance aux produits contenants de l’alcool, y compris les désinfectants pour mains. Une découverte plus qu’alertante sur la flambée de bactéries résistantes aux antibiotiques, d’autant plus que cela concerne l’un des plus puissants bactéricides, l’alcool.
Les infections nosocomiales sont aujourd’hui un véritable problème sanitaire. L’une des espèces bactériennes pouvant en causer et qui est d’ailleurs la plus connue, n’est autre que le staphylocoque doré, dont de nombreuses souches de plus en plus résistantes ne cessent d’apparaître.
Fort heureusement, celle-ci ne résiste pas, ou peu, aux produits à base d’alcool, et son utilisation obligatoire par les travailleurs en milieux hospitaliers pour le nettoyage des mains diminue les risques d’infection.
Cependant, une nouvelle souche de bactérie capable d’y résister a été découverte récemment.
Des chercheurs se sont intéressés à une espèce nommée Enterococcus faecium, qui est souvent à l’origine d’infections urinaires et de sepsis dans les hôpitaux. Les cas d’infections nosocomiales par cette bactérie ont augmenté ces dernières années.
Ils ont analysé 139 échantillons de la souche récoltés entre 1997 et 2015 à Melbourne, en Australie, et ont constaté que depuis plus de 20 ans, des souches de E. faecium sont à présent capables de survivre aux désinfectants pour les mains contenants de l’alcool. Ils ont aussi remarqué qu’après 2010, elles étaient devenues jusqu’à dix fois plus résistantes que celles des années précédentes.
Puis en s’appuyant sur des analyses génétiques, ils ont pu noter chez les souches les plus résistantes, d’importantes mutations dans des gènes impliqués dans le métabolisme, ce qui expliquerait leur meilleure adaptation dans des milieux contenants de l’alcool.
Les chercheurs n’ont cependant pas encore déterminé l’origine de l’apparition de cette résistance. Ils pensent qu’il y a de grandes chances qu’elle soit due à l’utilisation des produits désinfectants à base d’alcool, mais que d’autres facteurs ne sont pas à négliger, telle que leur adaptation à mieux survivre dans l’intestin, qui coïncide avec leur résistance à l’alcool.
Même si cette découverte pourrait expliquer la hausse de résistance de E. faecium dans les milieux hospitaliers, il ne faut pas oublier que l’étude n’a été effectuée que dans deux hôpitaux d’une même ville.
Il est donc nécessaire de réaliser les mêmes recherches dans d’autres pays, et ainsi observer si la résistance s’est étendue à travers le monde, voire potentiellement chez d’autres souches bactériennes. Le groupe se dit enthousiaste d’entamer un tel projet, mais pour l’instant, ils se contentent d’éclaircir plus exactement comment les mutations répertoriées permettent à E. faecium d’être plus tolérant à l’alcool.
Ils préviennent également que les désinfectants à base d’alcool sont encore loin d’être considérés comme inefficaces. Ils permettent toujours d’éliminer les autres bactéries les plus résistantes dans les hôpitaux.
Mais pour les souches résistantes à l’alcool, un autre procédé pourrait être utilisé. L’eau de Javel étant autant efficace que l’alcool, l’emploi de désinfectants à base de chlore pourrait être une alternative.
Mais pour l’instant, une utilisation correcte des désinfectants à base d’alcool dans les hôpitaux reste primordiale : bien se frotter les mains jusqu’à ce que le produit ait séché, et éviter de le diluer.