Des chercheurs ont découvert une corrélation entre une déficience en vitamine D chez le bébé, et le développement de la schizophrénie plus tard. Une découverte qui pourrait permettre la diminution de la prévalence de la maladie en adaptant simplement le mode de nutrition de la mère enceinte et du nouveau-né.
Les causes de la schizophrénie ont toujours intrigué les neuroscientifiques. De nombreuses recherches ont prouvé que des facteurs génétiques seraient impliqués, mais d’autres raisons sont aussi pointées du doigt, comme la nutrition, des infections, ou encore des complications durant la grossesse affectant le développement cérébral des enfants.
Les symptômes apparaissent généralement après l’âge de 15 ans, mais il n’est pas rare qu’ils débutent déjà dans le ventre de la mère. Cependant, les mécanismes sont toujours incompris.
Une hypothèse datant de plus d’un siècle prétend qu’on a davantage de chances de développer la schizophrénie si l’on nait en hiver ou au printemps dans des zones en haute latitude, comme le Danemark.
Le soleil est peu présent dans ces régions durant ces saisons, et il est connu que les rayons UV stimulent la production de vitamine D par l’organisme, ce qui a conduit le neuroscientifique John Mcgrath, de l’Université de Queensland en Australie, à émettre l’hypothèse qu’une carence en cette vitamine, qui serait dans ce cas due à une diminution de l’exposition au soleil de la mère durant la grossesse, augmentant les chances du bébé de développer la schizophrénie plus tard.
Sur le même sujet : Un indice important concernant la grossesse et le développement de la schizophrénie a été découvert
La vitamine D joue un rôle prépondérant dans la croissance osseuse. Sans elle, le calcium ne peut pas se fixer aux os, ce qui est l’une des causes de l’ostéoporose et du rachitisme.
Mais pour le neuroscientifique John Mcgrath, il serait possible qu’un taux normal de vitamine D permette également d’éviter des troubles psychotiques durant la croissance. « C’est un désordre trop grave pour laisser passer la moindre idée. Nous devons suivre chaque indice autant que possible, même si certains d’entre eux peuvent être invraisemblables ou inhabituels », explique-t-il.
Avec un groupe de chercheurs, Mcgrath a mené son étude au Danemark, où ils ont utilisé des données nationales sur des statistiques médicales pour identifier les individus nés entre 1981 et 2001 atteints de schizophrénie, qui étaient au nombre de 2601. Ils ont ensuite étudié les résultats des analyses sanguines pour la vitamine D enregistrées à leur naissance, et les ont comparés à ceux des personnes du même âge et même sexe, mais qui n’ont pas développé de troubles mentaux.
Ils ont constaté que les individus ayant eu un faible taux de vitamine D dans le sang comptaient pour plus de 8% des cas de schizophrénie au Danemark, un résultat non-négligeable.
« La nouvelle étude publiée cette semaine montre que, sur un très grand échantillon de bébés danois, ceux qui présentent un déficit en vitamine D à la naissance ont un risque accru de 44% de contracter la schizophrénie à l’âge adulte », déclare John Mcgrath.
Ce n’est pas la première fois que l’on soupçonne un lien entre des troubles mentaux et une déficience pré-natale en vitamine D. C’est également le cas pour l’autisme, qui semble curieusement avoir, en plus, un lien génétique avec la schizophrénie.
Mcgrath explique que lorsque la cause d’une maladie provient d’un facteur aussi simple que la nutrition, il devient alors beaucoup plus facile de prévenir son apparition.
« Le plus dur est d’empêcher les personnes de contracter la schizophrénie. Je pense que l’expérience acquise avec les liens existant entre le folate et le spina bifida est un bon exemple du fait que des interventions de santé publique sûres, simples et bon marché peuvent prévenir certains troubles cérébraux ».
Néanmoins, les résultats de cette recherche ne doivent pas être généralisés, car la schizophrénie peut être significativement présente dans certaines régions du monde où le soleil brille plus souvent et plus fortement qu’au Danemark, et des personnes ayant un taux normal de vitamine D à la naissance peuvent en souffrir.
L’équipe poursuit ses recherches sur l’implication de la vitamine, et espère développer une méthode simple pour prévenir certains cas de schizophrénie. Les chercheurs veulent à présent tester si la prise de suppléments en vitamine D par des femmes enceintes pourrait influencer le bon développement du cerveau des nouveaux-nés, ainsi que le risque de contracter la schizophrénie ou l’autisme.