L’utilisation fréquente du GPS serait liée à un sens de l’orientation inférieur

L'utilisation fréquente du GPS serait liée à un sens de l'orientation inférieur
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Plusieurs études ont déjà suggéré que la capacité à produire des « cartes mentales » pourrait être profondément affectée par l’utilisation du GPS. L’orientation, une activité à la fois dynamique et stimulante pour le cerveau, est devenue une véritable corvée depuis que les technologies GPS sont facilement accessibles. Dans une étude récente, des scientifiques ont exploré la corrélation entre l’utilisation du GPS et les capacités de navigation individuelles. Leur méta-analyse suggère que les personnes ayant tendance à s’appuyer sur cette technologie pourraient avoir un sens de l’orientation moins affûté et une perception réduite de leur environnement, par rapport à celles qui ne l’utilisent qu’occasionnellement.

En 2014, le prix Nobel de médecine a été attribué conjointement à John O’Keefe, May-Britt Moser et Edvard Moser pour la découverte de ce qu’ils surnomment le « GPS cérébral ». Les chercheurs avaient révélé que certaines zones cérébrales possèdent des mécanismes jouant un rôle clé dans la capacité d’orientation. La première, située dans l’hippocampe, conçoit une « carte mentale » de l’espace environnant en reproduisant la disposition des paysages et des routes. La seconde, située au niveau du noyau caudé, génère des « cellules grilles » afin d’enregistrer des repères environnementaux.

Une autre étude antérieure, dirigée par Mar González Franco, a mis en lumière le fait que l’hippocampe et le cortex préfrontal ne sont pas stimulés lors de l’utilisation d’un GPS, ce qui peut mener à leur régression. Une expérience de 2017, dans laquelle les participants devaient s’orienter dans le quartier de Soho à Londres, corrobore cette affirmation. Les chercheurs avaient analysé en profondeur les résultats IRMf de ces participants.

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Une méta-analyse pour des résultats précis

Dans une nouvelle étude, Laura Miola, de l’Université de Padoue, et ses collaborateurs, ont décidé d’approfondir les recherches afin de tenter d’identifier une implication entre la fréquence d’usage du GPS et la capacité du cerveau à créer ces « cartes mentales ». Pour ce faire, l’équipe a réalisé une méta-analyse d’un ensemble d’études explorant la corrélation entre l’utilisation du GPS et les trois principales composantes essentielles à la navigation dans le cerveau : la capacité d’orientation, le sens de l’orientation et la perception de l’environnement. Les individus ayant participé aux études étaient âgés d’au moins 16 ans.

Divers critères d’inclusion ont été définis pour l’analyse. Certaines expériences incluses incluaient l’utilisation du GPS par un groupe de participants, visant à comparer les résultats avec des conditions où la cohorte naviguait sans GPS (ou utilisait d’autres méthodes). La nouvelle étude a également été basée sur un questionnaire de connaissances environnementales et les capacités d’orientation autodéclarées. À partir des critères d’inclusion, sur 907 études, 23 ont été identifiées comme correspondant aux attentes. Les échantillons comprenaient entre 13 et 636 participants âgés de 16 à 84 ans.

Parmi les études évaluées pour la méta-analyse, 11 étaient focalisées sur les connaissances environnementales, impliquant la familiarisation des participants avec un nouvel environnement. 11 autres recherches ont évalué la capacité d’orientation de chaque participant en les incitant à se déplacer d’un endroit à un autre. Les chercheurs ont également identifié 11 autres études centrées sur l’évaluation du sens de l’orientation des participants à travers des questionnaires.

Les résultats, publiés dans le Journal of Environmental Psychology, montrent que même si l’usage du GPS facilite l’atteinte d’une destination précise, il limite considérablement la capacité d’une personne à créer une représentation mentale de l’environnement. Les chercheurs ont également constaté que l’utilisation fréquente du GPS est associée à un sens de l’orientation inférieur. « L’utilisation du GPS est associée négativement à la capacité de navigation, en particulier à la connaissance de l’environnement et au sens de l’orientation, ce qui indique que plus les individus s’appuient sur le GPS pour atteindre leurs destinations, moins ils maintiennent leurs capacités de navigation et moins ils connaissent véritablement l’environnement », ont déclaré les auteurs de l’étude.

La méta-analyse a également révélé que les personnes présentant des difficultés à créer des cartes mentales de leur environnement de façon innée, sont plus susceptibles de se tourner vers le GPS pour s’orienter. Selon l’équipe, ces personnes « ont une capacité ‘interne’ plus faible à utiliser les connaissances spatiales pour naviguer dans leur environnement ». Bien que l’étude ait mis en lumière un lien entre les capacités de navigation et l’utilisation du GPS, la corrélation demeure relativement légère et aucun lien de causalité n’a pu être établi.

Source : Journal of Environmental Psychology

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