L’asthme est une maladie caractérisée par l’inflammation chronique des bronches, pouvant être très invalidante selon sa sévérité. Les facteurs environnementaux favorisant les crises sont majoritairement les acariens puis les allergènes. De nombreux asthmatiques sont ainsi contraints de suivre un traitement à vie par corticostéroïdes inhalés. Face à ce problème, les corticostéroïdes n’étant pas sans effets secondaires qui plus est (selon la dose) et insuffisants en cas d’asthme sévère, des chercheurs français développent un vaccin innovant dont les premiers résultats semblent prometteurs.
Selon les premières données issues de tests sur les animaux, le vaccin pourrait induire une protection à long terme contre l’asthme allergique, réduisant la sévérité des symptômes et améliorant ainsi significativement la qualité de vie des patients. Les résultats des premiers essais du vaccin, développé conjointement par des équipes de l’INSERM dirigées par Laurent Reber (Infinity, Toulouse) et Pierre Bruhns (Institut Pasteur, Paris) et la société française NEOVACS, ont été publiés récemment dans la revue Nature Communications.
L’asthme est une maladie bien plus fréquente qu’on ne l’imagine : 4 millions de Français sont asthmatiques, sans compter ceux dont le diagnostic n’a jamais été posé… Dans le monde, ce chiffre est de 340 millions ! Il faut aussi noter qu’en raison de l’augmentation de la pollution globale et de l’extension des périodes de pollinisation à travers le monde, le nombre d’allergiques et d’asthmatiques ne cessent de croitre.
Acariens et allergènes : les principaux responsables de l’asthme
Cette exposition aux acariens et autres allergènes (pollen, salive et excréments d’animaux, etc.) entraîne la production d’anticorps, appelés immunoglobulines E (IgE) et de cytokines de type 2 (comme l’interleukine-4 (IL-4) et l’IL-13) dans les voies respiratoires. Cela conduit à une cascade de réactions entraînant une hyperréactivité des voies respiratoires, une surproduction de mucus et une éosinophilie (un trop grand nombre d’éosinophiles, un type de globules blancs, dans les voies respiratoires).
Les corticostéroïdes inhalés, visant à réduire l’inflammation, sont la référence pour contrôler l’asthme. Cependant, en cas d’asthme sévère, ce traitement n’est pas suffisant. Sans compter qu’il n’est pas sans effets secondaires à des doses élevées. L’utilisation d’anticorps monoclonaux thérapeutiques qui ciblent les IgE ou les voies de l’IL-4 et de l’IL-13 est alors nécessaire. Or, il s’agit de traitements coûteux et qui nécessitent l’administration d’injections à long terme, voire à vie.
Un vaccin conjugué innovant
Pour pallier ce problème, les chercheurs ont développé un vaccin conjugué, appelé kinoïde, en couplant les cytokines recombinantes IL-4 et IL-13 avec une protéine porteuse appelée CRM197 (une forme mutée non pathogène de la toxine diphtérique, utilisée dans de nombreux vaccins conjugués).
Les résultats précliniques (sur des souris) montrent que le vaccin induit la production soutenue d’anticorps spécifiquement dirigés contre l’IL-4 et l’IL-13. En effet, six semaines après la première injection du vaccin conjugué, 90% des souris présentaient des niveaux élevés d’anticorps. Plus d’un an après la primo-immunisation, 60% d’entre elles présentaient encore des anticorps capables de neutraliser l’activité de l’IL-4 et de l’IL-13.
Les chercheurs ont également mis en évidence un effet sur les symptômes de l’asthme : le vaccin a permis de diminuer fortement les taux d’IgE, l’éosinophilie, la production de mucus et l’hyperréactivité des voies respiratoires dans un modèle d’asthme allergique aux acariens. Cette étude suggère donc l’efficacité prophylactique et thérapeutique du vaccin dans ce modèle d’asthme. Aucun effet indésirable n’a été observé chez les animaux.
Selon les chercheurs, la double vaccination IL-4/IL-13 représente une stratégie thérapeutique rentable et à long terme pour le traitement de l’asthme allergique, bien que des études supplémentaires soient nécessaires pour évaluer sa sécurité et sa faisabilité. En effet, les résultats obtenus chez les animaux vont maintenant devoir être reproduits dans le cadre d’essais cliniques. Un véritable espoir pour tous les asthmatiques.