Apparues il y a quelques semaines, les variantes britannique et sud-africaine du coronavirus SARS-CoV-2 inquiètent les autorités sanitaires mondiales du fait de leur plus grande contagiosité. Un point d’inquiétude était notamment la question de l’efficacité des vaccins, dont les premières doses ont commencé à être administrées massivement dans plusieurs pays. Mais récemment, des chercheurs ont montré que le vaccin de Pfizer/BioNTech provoquait une réponse efficace des lymphocytes T contre les deux variantes dès la première dose, et une forte réponse des anticorps après la seconde dose.
Les personnes qui ont reçu deux doses du vaccin Pfizer ont présenté de fortes réponses des lymphocytes T contre les variantes britannique et sud-africaine du coronavirus, ce qui suggère que le vaccin continuera à protéger contre les formes graves dans les mois à venir. Dans la première étude visant à tester les réponses immunitaires contre les variantes circulant dans les populations, les chercheurs ont constaté que, bien que les réponses des anticorps contre les nouvelles variantes aient été réduites, elles peuvent encore être suffisamment élevées pour protéger la plupart des personnes contre l’infection, après qu’une deuxième dose de vaccin a été administrée.
Bien que des études antérieures aient suggéré que les anticorps des personnes ayant reçu le vaccin Pfizer/BioNTech pouvaient reconnaître et neutraliser les virus porteurs de certaines des mutations individuelles trouvées dans les variantes sud-africaine et britannique — à des niveaux légèrement inférieurs par rapport aux variantes précédentes —, elles ont été testées sur des virus modifiés plutôt que ceux isolés de vrais patients.
Ces études n’ont pas non plus examiné les cellules T, qui annihilent les cellules infectées par le virus et favorisent la production d’anticorps. Les deux réponses immunitaires aident à fournir une protection durable après la vaccination, mais les réponses impliquant des anticorps sont plus faciles à mesurer.
Une forte réponse des lymphocytes T dès la première dose
William James, professeur de virologie à l’Université d’Oxford, et ses collègues, ont prélevé des échantillons de sang sur des personnes qui s’étaient rétablies de la COVID-19 et des soignants qui avaient reçu une ou deux doses du vaccin Pfizer/BioNTech. Ils ont également obtenu des isolats des variants de virus B117 et B1.351 identifiés pour la première fois dans le Kent et en Afrique du Sud, et d’un variant plus ancien similaire à ceux qui circulaient il y a un an. Les anticorps et les cellules T des individus ont ensuite été testés contre ces virus pour voir leur performance.
L’étude, qui n’a pas encore été examinée par les pairs, a révélé que les anticorps humains étaient modérément efficaces contre le virus original après leur première dose de vaccin, moins efficaces contre le variant du Kent et étaient incapables de neutraliser le variant sud-africain. Cependant, ils ont eu de fortes réponses des lymphocytes T contre toutes les variantes connues après la première dose.
« Cela ne vous protège pas nécessairement contre l’infection, mais il est très probable que cette première dose permettra à votre système immunitaire de réagir beaucoup plus facilement la prochaine fois. Nous pensons que c’est la raison pour laquelle cette deuxième dose produit une si bonne réponse d’anticorps, très forte, car les cellules T sont déjà là, prêtes à réagir », explique James.
Des résultats montrant la réelle importance de la vaccination
La découverte selon laquelle les personnes qui se sont rétablies de la COVID et celles qui ont reçu au moins une dose de vaccin possèdent des cellules T capables de répondre aux nouvelles variantes est encourageante, car elle suggère que les cellules T reconnaissent différentes régions de la protéine de pointe. Cela pourrait impliquer qu’ils seront plus résistants aux variantes futures. Les réponses anticorps des patients ont également été stimulées par la deuxième dose.
« Dans plus de 90% des cas, les anticorps que les gens génèrent après la deuxième dose sont à un niveau qui neutralise le virus et auquel on s’attendrait pour une réelle protection contre l’infection. Nous sommes plutôt convaincus qu’ils seront protégés de l’infection par la souche sud-africaine et la souche Kent, ainsi que par la souche originale du virus. Ce virus n’a pas fini d’évoluer, mais je pense que tant que les vaccins seront déployés et que les gens recevront ces deuxièmes doses, nous serons dans une bien meilleure position d’ici l’été que nous ne le sommes maintenant ».
Le professeur Paul Morgan, directeur du Systems Immunity Research Institute, précise : « J’appuyais la décision pragmatique de retarder les secondes doses pour que plus de personnes soient vaccinées le plus rapidement possible et je le suis toujours. Cependant, ces travaux montrent que la large réponse immunitaire nécessaire pour faire face aux variantes actuelles et futures dépend vraiment de la stimulation. Je pense que le message est d’administrer les deuxièmes doses dès que possible — peut-être dès que les groupes à haut risque auront tous reçu les premières doses, ce qui veut dire très bientôt ».
Les résultats ont également mis en lumière le risque de réinfection avec de nouvelles variantes pour les personnes qui se sont déjà rétablies. L’activité des lymphocytes T a été détectée chez tous, mais il y avait une variation étendue dans leurs réponses anticorps. « Dans les meilleurs cas, nous pouvions encore mesurer une certaine neutralisation contre la souche sud-africaine, mais ceux qui avaient des réponses plutôt faibles n’avaient aucune activité de neutralisation. Cela montre qu’il est vraiment important de se faire vacciner, même si vous pensez que vous vous êtes remis du virus ».