Vers un nouveau traitement efficace contre l’asthme sévère et la BPCO

Vers un nouveau traitement contre l asthme sévère et la bronchopneumopathie chronique obstructive
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En France, l’asthme affecte environ 4 millions de personnes, dont 5 % souffrent d’une forme sévère, selon l’INSERM. Cette forme sévère est la cause de 900 décès annuels. Si le traitement des crises repose principalement sur l’administration de stéroïdes, des chercheurs britanniques ont réalisé une avancée permettant de réduire de 30 % le recours à un traitement ultérieur. Leur découverte pourrait apporter un nouvel espoir non seulement aux patients souffrant d’asthme sévère, mais également aux personnes atteintes de bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO).

L’asthme se caractérise par une inflammation chronique des bronches, se divisant en deux catégories : l’asthme allergique, qui représente 70 % des cas, et l’asthme non allergique, souvent diagnostiqué tardivement chez les adultes. Une crise d’asthme se manifeste généralement par une toux sèche, une respiration sifflante et une sensation de constriction thoracique. Les traitements visent à réduire les exacerbations et à maintenir la fonction respiratoire, variant selon la sévérité de l’inflammation.

Pour l’asthme intermittent, caractérisé par des crises peu fréquentes, un traitement par corticoïdes inhalés à faible dose est souvent prescrit, en complément d’un bronchodilatateur utilisé occasionnellement. Cette approche est similaire pour l’asthme persistant léger. En revanche, l’asthme persistant modéré nécessite des corticoïdes inhalés à dose moyenne, associés à un bronchodilatateur bêta-2 mimétique à longue durée d’action. Pour traiter les crises d’asthme sévère, des traitements tels que l’omalizumab, le mépolizumab et le benralizumab sont indispensables.

Le benralizumab, en particulier, est utilisé à faible dose pour calmer l’asthme sévère. Cet anticorps monoclonal se lie spécifiquement au récepteur de l’interleukine 5 et est administré à raison de 30 mg toutes les quatre semaines. Cependant, une étude menée par le King’s College de Londres a démontré qu’une dose unique plus élevée de benralizumab est nettement plus efficace lorsqu’elle est administrée lors d’une crise. « Cette découverte pourrait améliorer le traitement des personnes souffrant d’asthme et de BPCO. Le traitement des exacerbations n’a pas évolué depuis un demi-siècle, malgré leur implication dans 3,8 millions de décès annuels à l’échelle mondiale », a déclaré la professeure Mona Bafadhel du King’s College de Londres au Guardian.

Une avancée appuyée par un premier essai clinique

Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe du King’s College de Londres a mené un essai clinique au sein de l’Oxford University Hospitals NHS Foundation Trust et du Guy’s and St Thomas’ NHS Foundation Trust. L’étude a porté sur une cohorte de 158 patients sujets à des crises d’asthme et de BPCO, chaque participant ayant subi un test sanguin pour évaluer la sévérité de l’inflammation. Seuls les patients présentant une crise d’éosinophilie, impliquant les globules blancs ciblés par le benralizumab, ont été jugés aptes à recevoir ce nouveau traitement. Ces globules blancs sont responsables de 50 % des crises d’asthme et de 30 % des crises de BPCO.

Les participants ont été répartis en trois groupes. Le premier a reçu une injection de benralizumab avec des comprimés placebo. Le deuxième a été traité avec 30 mg de prednisolone pendant cinq jours. Le dernier groupe a bénéficié d’une injection de benralizumab accompagnée de stéroïdes. L’injection de benralizumab, fournie et financée par AstraZeneca, a été un élément clé de cet essai.

Les résultats, publiés dans The Lancet Respiratory Medicine, ont révélé un taux d’échec de 74 % pour le traitement par stéroïdes seuls, contre 45 % pour la nouvelle thérapie. Après seulement 28 jours, les patients ayant reçu l’injection de benralizumab, avec ou sans comprimés factices, ont montré une amélioration significative des symptômes respiratoires. L’effet du benralizumab s’est révélé plus durable, selon les chercheurs.

« Le benralizumab est un médicament sûr et efficace, déjà utilisé pour l’asthme sévère. Nous l’avons employé différemment, lors d’une exacerbation, pour démontrer qu’il surpasse les comprimés de stéroïdes », a souligné Bafadhel.

La situation en France

Le benralizumab a été introduit en France dès janvier 2019, intégré à la liste des traitements de palier 5, spécifiquement destinés aux personnes souffrant d’asthme sévère. Cette même année, des chercheurs français ont évalué l’efficacité de chaque traitement de palier 5 à travers le projet RAMSES (Recherche sur les AsthMes Sévères). Cette étude épidémiologique observationnelle, dirigée par le Dr Solène Valéry et publiée dans le Journal of Allergy and Clinical Immunology, a suivi 2 046 patients dans 52 centres en France.

Parmi les participants, selon la SPLF, 212 ont été traités par benralizumab et suivis pendant 12 mois. Ils avaient alors environ cinquante ans, avec une éosinophilie sanguine moyenne de 550,1/mm³. Après un an, 77 % des participants continuaient le traitement par benralizumab, enregistrant une réduction de 80 % des exacerbations annuelles. En outre, 72,8 % n’ont plus présenté d’exacerbation durant les 12 mois de traitement.

Les analyses de la cohorte RAMSES et de l’étude du King’s College de Londres suggèrent que le benralizumab est un traitement efficace et sûr. Toutefois, des essais à grande échelle restent nécessaires avant de tirer des conclusions définitives.

Source : The Lancet Respiratory Medicine

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