En Europe, nous faisons face à la pandémie de COVID-19 sans penser que dans certains pays, d’autres virus mortels menacent régulièrement la population durant cette période déjà très difficile pour la santé publique. Depuis peu, le gouvernement de l’État du Kerala, en Inde, s’efforce de lutter contre une épidémie de virus Nipah, extrêmement mortel. Il a notamment provoqué la mort d’un garçon de 12 ans dimanche dernier. Heureusement, le virus est bien moins contagieux que le SARS-CoV-2, mais certains épidémiologistes s’inquiètent du fait qu’il puisse bientôt évoluer pour devenir plus transmissible.
Le virus Nipah est considéré comme l’un des plus mortels à avoir jamais infecté l’Homme, avec une mortalité variant entre 50 et 75% selon les épidémies. La dernière fois qu’une épidémie de Nipah s’est déclarée en Inde, elle a tué 17 des 18 patients infectés.
Comme le coronavirus, le Nipah est un virus zoonotique, c’est-à-dire un virus qui se transmet des animaux aux humains. La transmission se produit généralement lorsque l’Homme entre en contact direct avec les animaux ou par la consommation d’aliments contaminés. Mais un nombre élevé de cas de transmission interhumaine du virus a également été signalé. Un signe d’évolution du virus ?
La maladie est heureusement beaucoup moins contagieuse que la COVID-19 — qui, chaque jour, infecte encore environ 41 000 personnes en Inde. Mais avec une période d’incubation allant jusqu’à 45 jours, l’absence de traitement efficace ou de vaccin, un risque d’environ 20% de séquelles neurologiques à long terme chez les survivants et un taux de mortalité d’environ 75% dans les pires cas, même les petites épidémies constituent une grave menace pour la santé publique.
188 personnes en quarantaine
Les autorités de la région prennent donc cette nouvelle épidémie très au sérieux. Depuis lundi, ils ont identifié, mis en quarantaine et testé au moins 188 personnes qui ont été en contact avec le garçon, selon CBS News. Ils ont également bouclé toute la zone située à environ trois kilomètres du domicile de l’enfant pour tenter de contenir physiquement l’épidémie, au cas où les mesures de recherche des contacts échoueraient.
Jusqu’à présent, deux professionnels de la santé qui ont soigné le jeune garçon présentent des symptômes de l’infection à Nipah selon CBS, qui rapporte également que d’autres infections ont été confirmées. Les deux agents de santé ont été hospitalisés et attendent actuellement les résultats de leurs analyses sanguines.
En septembre dernier, le conseiller médical en chef de la Maison-Blanche, Anthony Fauci, a averti que l’humanité était entrée dans une ère de « pandémies », dans laquelle les épidémies de virus zoonotiques, dont le Nipah, ne feront que se multiplier.
Réchauffement climatique et destruction de la flore
Plus précisément, le virus Nipah resurgit sans cesse en Asie du Sud-Est parce que la destruction continue de l’environnement a engendré la dégradation des habitats de la faune sauvage et a placé les animaux — y compris les espèces de chauves-souris censées être les uniques hôtes du virus — plus près que jamais des communautés humaines. Ainsi, les possibilités d’apparition de nouvelles variantes zoonotiques augmentent.
L’OMS indique dans un communiqué sur le virus Nipah que « le risque de transmission internationale par des fruits ou des produits à base de fruits (comme le jus de palmier dattier cru) contaminés par l’urine ou la salive de chauves-souris frugivores infectées peut être évité en les lavant soigneusement et en les épluchant avant de les consommer ». En outre, les autorités du Kerala avertissent désormais les habitants de ne pas s’approcher des chauves-souris et de jeter tout fruit présentant des signes de grignotage par ces dernières.