Si la collision à long terme (8 milliards d’années) entre la Voie lactée et la galaxie d’Andromède est prévue depuis maintenant plusieurs années, une autre collision beaucoup plus rapprochée dans le temps attend notre galaxie. En effet, le Grand Nuage de Magellan (GNM), une galaxie naine satellite de la Voie lactée, entrera en collision avec cette dernière dans environ 2 milliards d’années, entraînant plusieurs conséquences sérieuses.
Selon un nouveau modèle établi par des cosmologues de l’université de Durham, la collision avec le Grand Nuage de Magellan est inévitable et pourrait provoquer de nombreux et profonds changements au sein de la Voie lactée, détaillés dans un article publié dans la revue Monthly Notices of the Royal Astronomical Society.
La collision galactique pourrait sortir Sagittarius A* — le trou noir supermassif de 4 millions de masses solaires situé au centre de la Voie lactée — de sa léthargie. Celui-ci débuterait alors une nouvelle phase d’hyper-activité en absorbant les grandes quantités de gaz et de matière alentour. La taille du trou noir pourrait ainsi augmenter de 8 fois sa taille actuelle.
Cette phase d’activité serait à l’origine de l’émission d’un rayonnement électromagnétique X et gamma de haute énergie, ainsi que d’émissions dans d’autres gammes de fréquence du spectre (radio, UV, visible). Cet afflux de rayonnement énergétique ne devrait aucunement menacer la Terre. Toutefois, il existe un infime risque que la collision propulse le Système solaire bien plus près de Sagittarius A* ; la situation serait alors différente.
En outre, la collision devrait également entraîner une transformation du halo stellaire galactique, c’est-à-dire de la population d’étoiles présentes dans le halo galactique. Le halo stellaire actuel de la Voie lactée devrait ainsi devenir 5 fois plus massif, avec une redistribution de la position des étoiles au sein du halo.
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Le Grand Nuage de Magellan est la plus brillante galaxie satellite de la Voie lactée et n’est entré dans son voisinage il n’y a qu’environ 1.5 milliard d’années. Il se situe à environ 163’000 années-lumière de notre galaxie. Jusqu’à récemment, les astronomes pensaient que celle-ci graviterait autour de la Voie lactée pendant des milliards d’années ou, du fait de sa vitesse de déplacement rapide, échapperait à sa force de gravitation.
Toutefois, des observations récentes, à partir desquelles une cartographie de la distribution de matière noire au sein du GNM a été inférée, ont montré que ce dernier contenait environ deux fois plus de matière noire que les modèles précédents ne le suggéraient. C’est cette masse de matière noire qui explique ainsi la dynamique du GNM.
Selon les chercheurs, le GNM, qui possède une masse plus importante que prévu, parcours l’Univers en perdant de l’énergie et est condamné à entrer en collision avec la Voie lactée. Cet événement pourrait avoir de sérieuses conséquences sur le Système solaire.
« Il y a un faible risque que ‘nous’ ne sortions pas indemnes de cette collision entre les deux galaxies, qui pourrait propulser le Système solaire hors de la Voie lactée, directement dans le vide de l’espace » conclut Marius Cautun, cosmologue à l’université de Durham (Royaume-Uni).