Popularisées par les romans et les films de science-fiction, les voitures volantes pourraient bientôt devenir une réalité, affirment les experts. Malgré les défis techniques liés à leur développement, le secteur attire toujours plus d’investisseurs, la majorité des technologies permettant de les fabriquer étant désormais disponibles. Les premières voitures volantes pourraient arriver sur le marché dès cette année, et les « taxis volants » devenir monnaie courante d’ici 10 à 20 ans.
Le concept de voiture volante date de plus d’un siècle, et malgré les défis liés à son développement et les nombreux essais infructueux, des dizaines d’entreprises persistent dans cette réalisation. Parmi ces entreprises figurent par exemple la société allemande Lilium, Aero HT pour la chine, ou encore les américains Terrafugia et Alef Aeronautics. Alef Aeronautics est le premier à avoir obtenu, en 2023, un certificat spécial de navigabilité pour son Model A. Selon JPMorgan, la valeur du marché des voitures volantes pourrait atteindre 1000 milliards de dollars d’ici 2040.
Des hybrides entre l’automobile et l’avion (ou l’hélicoptère)
Selon Xiaosong Du, ingénieur aérospatial à l’Université des sciences et technologies du Missouri, à Rolla, les voitures volantes pourraient bientôt arriver sur le marché, car les technologies permettant de les produire sont désormais, pour la plupart, largement explorées, voire maîtrisées. Les modèles proposés actuellement consistent en un croisement entre l’automobile et l’avion et/ou l’hélicoptère. En règle générale, ils comportent quatre roues afin de pouvoir s’intégrer aux infrastructures routières existantes.
Cependant, comme les avions nécessitent des pistes pour décoller et atterrir, des systèmes à hélices similaires à ceux des hélicoptères sont mieux adaptés à un décollage vertical. Une fois le décollage effectué, le véhicule peut voler comme un avion en déployant par exemple des ailes rétractables. Cela permet de se déplacer plus efficacement, en réduisant la résistance à l’air. Une autre option consiste à fixer de petites hélices aux ailes de la voiture, inclinées vers le haut pour le décollage. Une fois dans les airs, les ailes peuvent ensuite s’incliner pour rester à plat, comme celles d’un avion.
Le modèle TF-X de Terrafugia peut par exemple décoller verticalement en s’appuyant sur deux hélices alimentées par des moteurs électriques et placées à l’extrémité de ses ailes. Ce système lui permet de s’élever jusqu’à plusieurs dizaines de mètres dans les airs. Une fois l’altitude recherchée atteinte, les hélices se replient tandis qu’une troisième (plus grande) se déploie à l’arrière du véhicule pour le propulser. L’ensemble peut atteindre une vitesse de croisière de 320 km/h.
En revanche, le Model A d’Alef Aeronautics ne dispose pas d’ailes, mais d’un système propulsion alimenté par 8 puissants rotors. Après un décollage à la verticale, la partie motorisée pivote de 90° tout en maintenant la partie habitée à l’horizontale, puis avance ainsi horizontalement. Cela permet un passage doux entre le vol stationnaire et horizontal.
Des taxis volants d’ici 10 à 20 ans ?
Les constructeurs prévoient de commercialiser les premières voitures volantes à partir de cette année. Cependant, l’un des principaux obstacles à leur commercialisation est le coût. Alef Aeronautics prévoit par exemple de commercialiser le Model A à environ 300 000 USD (290 000 euros), suggérant que seuls les plus fortunés pourront en profiter (du moins dans un premier temps).
Néanmoins, des services de covoiturage volant pourraient être mis à disposition de la population. Selon Pat Anderson, ancien directeur du Eagle Flight Research Center de l’Embry-Riddle Aeronautical University à Daytona Beach, en Floride, les taxis volants pourraient être monnaie courante d’ici 10 à 20 ans. La Federal Aviation Administration (FAA) américaine a d’ailleurs introduit des projets de lois concernant l’exploitation et la conduite des taxis aériens.
Cependant, des préoccupations concernant la sécurité aérienne ont été soulevées. En effet, ces véhicules sont plus susceptibles d’être utilisés dans des zones densément peuplées. La vitesse à laquelle ils se déplaceront pourrait entraîner des collisions soit avec d’autres voitures, soit avec des bâtiments. Afin de pallier ces problèmes, la FAA envisage de créer des voies spécifiques aux taxis aériens (altitude dédiée, corridors, etc.).
D’autres problèmes, tels que le niveau de nuisance sonore, ont également été évoqués. En collaboration avec la FAA, la NASA prévoit de développer des logiciels pour modéliser les bruits que pourraient générer les voitures volantes, afin de mieux orienter les fabricants. Ces logiciels exploreront la réponse humaine aux bruits de faible et de haute intensité et aideraient à prédire ceux que pourraient générer plusieurs voitures volant simultanément.
Le vol nécessite une quantité considérable d’énergie, ce qui représente un défi de taille pour le développement des voitures volantes. Actuellement, les fabricants privilégient l’utilisation de batteries, notamment pour répondre aux impératifs de durabilité environnementale. Cependant, selon Xiaosong Du, les batteries lithium-ion actuelles ne pourraient alimenter une voiture volante que pendant 20 à 30 minutes. Alors que les véhicules électriques terrestres peuvent simplement s’immobiliser en cas de panne d’énergie, une voiture volante confrontée à une défaillance similaire risquerait de s’écraser.
Pour relever ce défi, Du et de nombreux chercheurs explorent de nouvelles solutions, telles que le développement de batteries plus légères, mais aussi plus puissantes, capables de garantir une autonomie suffisante pour des trajets aériens en toute sécurité. Ces travaux s’inscrivent dans un effort global pour associer performance énergétique et viabilité technologique, deux conditions indispensables à l’essor des voitures volantes.