Même les forces les plus redoutables de la nature ne peuvent échapper aux lois de la physique : la fournaise ardente du mont Etna glisse lentement dans la mer Méditerranée à un rythme régulier, selon les dernières mesures.
Il s’agit de la première fois que les scientifiques observent le mouvement d’un volcan dans son intégralité, grâce à plus de 100 stations GPS réparties sur les flancs de l’Etna, qui enregistrent des données de position depuis maintenant 11 ans. Selon les scientifiques, le volcan glisse lentement, mais sûrement. Et comme ce dernier glisse dans la mer, nous pouvons nous attendre à une série de dangers potentiels supplémentaires pour les personnes se trouvant en Sicile, y compris les touristes et les scientifiques qui viennent visiter et étudier cette merveille de la nature.
« Des études antérieures sur des volcans éteints depuis longtemps ont montré que ceux qui glissaient vers le bas de cette même manière, ont également entraîné des glissements de terrain catastrophiques », explique le chercheur principal John Murray, de l’Open University au Royaume-Uni. « Un mouvement constant pourrait contribuer à un important glissement de terrain le long de la côte de l’Etna, provoquant des tsunamis dévastateurs dans les régions environnantes », ajoute Murray.
Arborez un message climatique percutant 🌍
Selon Murray, ce mouvement continu va également poser des problèmes aux volcanologues, rendant en effet plus compliqué de prédire quand les prochaines éruptions vont se produire et dans quelle direction le magma pourrait se diriger. Des éruptions de degrés et de types différents se produisent régulièrement sur l’Etna, et il est crucial que les scientifiques puissent effectuer des prédictions précises quant à ce qui doit se passer, et quand.
Selon les chercheurs, il n’y a pas de raisons de s’inquiéter dans l’immédiat, bien que d’autres études détaillées concernant l’Etna soient nécessaires pour s’assurer que nous ne soyons pas pris au dépourvu par les éruptions, les glissements de terrain ou encore par les tsunamis. Les données montrent que le volcan se déplace dans une direction générale est-sud-est, sur une pente de 1 à 3 degrés. Il se déplace légèrement vers la ville côtière de Giarre, qui se situe à environ 15 kilomètres du volcan.
En plus d’utiliser les données receuillies sur le terrain, les chercheurs ont également mis sur pied une simulation de base volcanique en laboratoire pour examiner plus en détail ce qui pourrait se produire. Avec une moyenne de 14 millimètres de déplacement par an, les habitants de Giarre n’ont pas besoin d’évacuer tout de suite, mais le danger réside dans le fait que ce mouvement lent et perpétuel commence à accumuler des tensions et des contraintes, qui entraîneront des changements plus importants dans le paysage. « Ce dont il faut être attentif, je pense, c’est de voir si dans 10 ans le taux de mouvement aura doublé ou non. Ce serait un avertissement », a déclaré Murray. « Mais si le taux est réduit de moitié, je dirais qu’il n’y aurait vraiment pas de quoi s’inquiéter ».
Mais cette problématique ne concerne pas uniquement l’Etna. En effet, les mesures prises par Murray et son équipe pourraient s’avérer utiles dans l’étude d’autres volcans à travers le monde et pourraient aussi permettre d’en apprendre davantage sur la topographie sous-jacente, et comment cette dernière peut causer le déplacement d’un volcan.
Dans ce cas précis, les chercheurs pensent que les faibles sédiments se trouvant sous l’Etna pourraient accentuer le mouvement de descente du volcan. En fin de compte, cela pourrait mener à une « rupture de pente à grande échelle », mais l’équipe souligne qu’il n’est pas nécessaire de paniquer. « Près d’un million de personnes vivent sur l’Etna et ses environs immédiats, de sorte que la destruction des biens et la perte de vies pourraient être catastrophiques », a déclaré Murray. « Mais je ne peux qu’insister sur le fait qu’il n’y a aucun signe, pour le moment, montrant que cela devrait arriver bientôt », a-t-il ajouté.
Comme l’Etna a des éruptions régulières, il est difficile pour les chercheurs de déterminer exactement comment le volcan pourrait se développer et évoluer dans le futur. Il faudra donc le surveiller de près.