2024 YR4 pourrait percuter la Lune en 2032 et projeter des millions de débris vers la Terre

L’astéroïde a désormais plus de chances d’entrer en collision avec Lune (4,3%) qu’avec notre planète.

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| Pixabay
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Alors qu’il avait suscité plus tôt cette année une alerte de défense planétaire en raison d’une possible collision avec la Terre, l’astéroïde 2024 YR4 présente désormais davantage de risques de percuter la Lune en 2032 que notre planète. Selon les dernières estimations, il a 4,3 % de probabilité d’entrer en collision avec la Lune dans sept ans et jusqu’à 10 % des débris générés par l’impact pourraient atteindre la Terre. Si cela se produisait, ces fragments pourraient provoquer une pluie de météores et menacer les satellites en orbite terrestre.

Découvert en décembre dernier, 2024 YR4 est un astéroïde potentiellement dangereux, dont le diamètre est estimé entre 53 et 67 mètres. Sa taille lui vaut le surnom de « destructeur de ville », car il pourrait détruire une métropole en cas d’impact direct. Plus tôt cette année, il avait inquiété les spécialistes en raison d’une probabilité de collision avec la Terre le 22 décembre 2032.

Cette estimation de risque a fluctué pendant plusieurs jours et a culminé à 3,1 % en février, l’une des plus élevées jamais enregistrées pour un objet de cette taille. Finalement, des calculs plus précis ont ramené cette probabilité à un niveau quasi nul, soit 0,0017 %.

Cependant, si la menace pour la Terre est quasiment écartée, les experts estiment qu’il existe désormais plus de chances que l’astéroïde frappe la Lune. Selon les dernières projections, la probabilité d’un impact lunaire le 22 décembre 2032 est passée de 3,8 % à 4,3 %. L’impact pourrait envoyer des débris vers la Terre. Ces estimations restent susceptibles d’évoluer ; des chiffres plus fiables sont attendus d’ici 2028.

Une collision pouvant générer jusqu’à 100 millions de kg de débris

Dans une étude récente publiée sur la plateforme de prépublication arXiv, des chercheurs de l’Université Western en Ontario (Canada) ont effectué une modélisation informatique de la manière dont 2024 YR4 pourrait percuter la Lune. D’après leurs résultats, une collision libérerait l’équivalent de 6,5 millions de tonnes de TNT en énergie et formerait un cratère d’environ un kilomètre de diamètre. Selon les auteurs, ce serait le plus gros objet à frapper notre satellite naturel depuis au moins 5 000 ans.

L’impact pourrait éjecter jusqu’à 100 millions de kilogrammes de débris à une vitesse supérieure à celle de l’échappement lunaire. Selon le lieu d’impact, jusqu’à 10 % de cette matière pourrait être captée par la gravité terrestre et atteindre notre planète en quelques jours. Ces fragments, mesurant entre 0,1 et 10 millimètres, pourraient constituer une menace pour les satellites en orbite pendant plusieurs années, voire une décennie – d’autant que le nombre d’engins en orbite devrait croître considérablement d’ici 2032.

« Un rocher de la taille d’un centimètre se déplaçant à des dizaines de milliers de mètres par seconde ressemble beaucoup à une balle », explique à l’AFP Paul Wiegert, auteur principal de l’étude et spécialiste de la dynamique du système solaire à l’Université Western. « Nos résultats démontrent que les considérations de défense planétaire devraient être élargies à l’espace cis-lunaire et ne pas se limiter uniquement à l’environnement proche de la Terre », précise l’équipe dans son article.

Un risque non négligeable pour la sécurité planétaire

Il est à noter que la modélisation de Wiegert et de ses collègues a été réalisée avant la révision à la hausse de la probabilité d’impact, alors estimée à 4 %. Et bien que cette probabilité ait légèrement augmenté depuis, le risque que des débris atteignent directement la Terre demeure faible : au pire, nous pourrions assister à une importante pluie de météores pendant plusieurs jours.

Néanmoins, si les chances d’impact avec la Lune devaient encore s’accroître, les agences chargées de la sécurité planétaire pourraient envisager des missions visant à dévier 2024 YR4 de sa trajectoire, ne serait-ce que pour protéger les satellites en orbite. Selon Wiegert, l’astéroïde constituerait par ailleurs une cible idéale pour tester nos capacités de défense planétaire. « Je suis sûr que cette option sera envisagée », indique-t-il.

La NASA a déjà démontré sa capacité à modifier la trajectoire d’un astéroïde en déviant celle de Dimorphos en 2022, dans le cadre de la mission Double Asteroid Redirection Test (DART). 2024 YR4 ne représente qu’environ la moitié de la taille de Dimorphos, mais attendre trop longtemps pour tenter une déviation pourrait compliquer la mission. Certains experts redoutent en outre que les restrictions budgétaires envisagées par l’administration Trump pour la NASA ne posent des difficultés supplémentaires à ce type de mission.

Vidéo de présentation de l’étude:

Source : arXiv
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