Starship, la mégafusée conçue par SpaceX, a pour la première fois atteint sa vitesse orbitale hier lors de son troisième vol d’essai, depuis le site de lancement de Boca Chica (au Texas). Cependant, bien que les deux étages de la fusée se soient séparés avec succès, leur rentrée dans l’atmosphère terrestre ne s’est pas déroulée comme prévu. Néanmoins, l’équipe technique estime qu’il s’agit d’un grand pas en avant vers leurs objectifs finaux : servir aux futures missions habitées vers la Lune et Mars.
Mesurant 121 mètres de haut pour 9 mètres de diamètre, Starship est la plus grande et la plus puissante fusée au monde. Elle comprend deux étages incluant chacun un véhicule spatial et un propulseur Super Heavy – tous deux conçus pour être réutilisables. L’objectif à court terme de SpaceX est que sa fusée soit sélectionnée par la NASA pour la mission Artemis 3, qui embarquera des astronautes vers la Lune d’ici 2026.
Le lancement d’hier (Integrated Flight Test-3 ou IFT-3) fait suite à deux premiers vols d’essai, l’un effectué en avril et le second en novembre de l’année dernière. Lors du premier vol, la fusée a explosé avant que les deux étages puissent se séparer. Suite à ce constat, l’entreprise a effectué une manœuvre de « séparation à chaud » lors du deuxième vol d’essai (IFT-2). Cela consiste à démarrer les moteurs de l’étage supérieur juste avant que le propulseur ne s’en sépare complètement. Lors de ce deuxième vol, les étages se sont séparés avec succès, mais se sont autodétruits peu de temps après.
Le troisième vol d’essai a montré quant à lui des progrès significatifs. La fusée a atteint sa vitesse orbitale et les 33 moteurs du Super Heavy ont effectué une combustion complète lors de l’ascension. La séparation à chaud a été réalisée avec succès et les deux étages se sont correctement séparés environ deux minutes après le décollage. Cependant, ni le vaisseau ni le propulseur n’ont pu réaliser leur amerrissage. Toutefois, l’équipe de SpaceX a affirmé avoir atteint plusieurs objectifs techniques clés au cours du vol.
Un succès technique
Après la séparation des deux étages de la fusée, le propulseur a entamé une manœuvre d’atterrissage au-dessus du golfe du Mexique. Cependant, les moteurs ne se sont pas rallumés comme prévu et l’équipe a perdu le contact avec l’engin, à environ 462 mètres d’altitude (un peu moins de 7 minutes après le lancement). Pour les prochains essais, deux extensions en forme de tige seront installées au niveau de la tour de lancement de la fusée, pour amarrer le propulseur lors de son atterrissage.
D’autre part, après la séparation avec le propulseur, l’étage supérieur de la fusée a pu atteindre l’espace avec une altitude orbitale de 230 kilomètres. Au cours de cette étape, les ingénieurs de SpaceX ont exécuté une démonstration de transfert de chargement, une manœuvre de base essentielle aux futures missions spatiales de longue portée. Cela consistait à transférer du carburant cryogénisé entre les réservoirs et à ouvrir et refermer l’écoutille de chargement. Après cette étape, le vaisseau devait exécuter une procédure d’atterrissage dans l’océan Indien, environ 65 minutes après le lancement.
Cependant, il semblait avoir du mal à rediriger correctement sa trajectoire et s’approchait un peu trop rapidement de la surface de la mer. La vidéo de retransmission du direct de l’amerrissage (réalisée à l’aide de terminaux Starlink intégrés) montre le vaisseau pénétrant l’atmosphère à grande vitesse (à 27 000 km/h) et à des températures extrêmement élevées. Alors que l’engin devait rallumer ses moteurs pour contrôler sa trajectoire et vitesse de rentrée, l’équipe de SpaceX a rapidement perdu le contact avec l’appareil, qui n’a pas pu réaliser cette étape. « Nous n’avons pas eu de nouvelles du vaisseau jusqu’à présent et l’équipe a donc annoncé qu’il a été perdu », a expliqué à Space.com Dan Huot, porte-parole de l’entreprise.
Néanmoins, l’équipe affirme que Starship a démontré d’importants progrès, en réalisant notamment sa première rentrée dans l’atmosphère depuis l’espace. Cela a fourni de précieuses informations pour les futurs essais. Toutefois, le temps presse, car il reste moins de deux ans à SpaceX pour satisfaire les exigences de la NASA pour la mission Artemis 3.