Le vol d’essai « explosif » de Starship a eu de nombreuses retombées

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Premier décollage de Starship. | SpaceX/Twitter
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SpaceX a lancé pour la première fois sa fusée Starship pour un vol expérimental. Un essai qui a marqué les esprits, puisqu’elle a explosé en plein vol, causant des dégâts matériels et environnementaux.

« Une expérience d’apprentissage »… C’est ainsi que l’ancien fonctionnaire de la NASA, Daniel Dumbache, a qualifié l’explosion retentissante de Starship lors d’un échange avec le New York Times. Une expérience instructive, peut-être, mais qui a causé des dégâts bien supérieurs à ce qui avait été estimé. Rappelons qu’il s’agissait de la fusée la plus puissante jamais construite.

En explosant en plein vol ce 20 avril 2023, l’appareil conçu par SpaceX a laissé un cratère massif dans le sol, détruit une partie de son propre matériel de lancement, et a fait voler des particules sur des kilomètres. Si aucun blessé n’a été à déplorer, on ne peut pourtant pas dire que ce lancement n’ait eu aucun impact négatif. Les fameux moteurs « Raptor » développés par SpaceX ont projeté des débris jusqu’à une ville voisine. Port Isabel, située à six kilomètres de la rampe de lancement, a vu des débris retomber en pluie au-dessus de ses bâtisses. L’explosion, elle, a été suffisamment puissante pour briser des vitres en ville.

Ces distances sont bien supérieures à ce qui avait été évalué par la Federal Aviation Organization (FAA). En effet, cette organisation devait rendre une analyse de l’impact possible avant que le premier vol soit autorisé. Celle-ci estimait la distance des dégâts à 700 acres, soit environ 2,8 kilomètres. Quant au système de lancement en lui-même, il n’a pas résisté au choc. Le béton qui formait la couche supérieure de la rampe de lancement a été presque entièrement emporté, laissant un squelette torturé composé de barres d’armature. Un énorme cratère s’est ouvert en dessous, bientôt rempli par de l’eau qui s’est infiltrée depuis les couches inférieures.

Des dégâts matériels, environnementaux… et humains ?

Plus inquiétant, cette puissante explosion aurait également pu mettre en danger la faune locale. Plus précisément des espèces en danger, qui vivent non loin de cette zone. En effet, le complexe Starbase, d’où a eu lieu le lancement, est situé à proximité de deux réserves naturelles nationales. La plage de Boca Chica, et le Lower Rio Grande Valley National Wildlife Refuge. Ces zones abritent une riche biodiversité, dont une partie est protégée. Les associations de protection de l’environnement sont donc inquiètes quant aux possibles retombées de ce vol d’essai. « Les recherches montrent clairement que les perturbations humaines ont un impact négatif sur les oiseaux », expliquait Richard Gibbons, responsable du programme de conservation du Golfe à l’American Birds Conservancy, dans un communiqué de 2022. « Si une personne trop proche d’un oiseau peut lui causer du stress et réduire sa capacité de survie, cela vaut la peine de considérer l’impact négatif que les essais, les lancements et les explosions de fusées pourraient avoir sur ces espèces protégées et en déclin ».

Des précautions sont donc nécessaires, et selon l’association, SpaceX n’en prend pas suffisamment. « SpaceX a montré un mépris flagrant pour les habitats naturels de Boca Chica. La zone ici n’est pas seulement un espace vide pour les débris et les déchets du fuselage », s’insurgeait EJ Williams, vice-président d’ABC pour la région du sud-est, dans ce même communiqué, même bien avant le lancement de la fusée.

Enfin, les retombées de particules pourraient même constituer un danger pour la santé humaine, suggère l’ingénieur en environnement Eric Roesch. Inquiet à ce sujet, il a noté sur son blog que « la possibilité d’un panache d’émissions largement dispersé n’a pas été divulguée par la FAA ou SpaceX, au cours du processus initial d’autorisation et d’approbation environnementale ».

Suite à tous ces bouleversements, SpaceX devra sans doute de nouveau montrer patte blanche avant d’être autorisée à lancer une nouvelle fusée. La FAA a déclaré à CNBC qu’elle devra confirmer que « tout système, processus ou procédure lié à l’accident n’affecte pas la sécurité publique ». Une déclaration qui tempère un peu l’enthousiasme d’Elon Musk, dirigeant de SpaceX, face à cette explosion.

« On dirait que nous pouvons être prêts à relancer dans 1 à 2 mois », déclarait-il le 21 avril dernier dans un tweet. Cela pourrait donc lui prendre un peu plus de temps que prévu.

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