4e dose du vaccin COVID : la protection contre l’infection s’estomperait rapidement

Contrairement à la protection contre les formes graves.

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Administration d'une 4e dose de vaccin COVID-19 à Jérusalem. | UPI/Newscom/SIPA
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Alors que l’administration de la 4e dose du vaccin contre la COVID-19 aux personnes de 60 ans et plus s’étend à plusieurs pays, Israël avait déjà commencé à le faire début janvier 2022. Une étude portant sur plus de 1,25 million d’israéliens âgés de 60 ans ou plus révèle que cette dose de rappel serait d’une efficacité limitée dans le temps. Des résultats à modérer toutefois, car l’étude présente plusieurs biais.

« Nous allons pouvoir proposer une 2e dose de rappel [aussi appelée 4e dose] pour les Français âgés de 60 ans et plus s’ils sont à six mois de leur dernière injection de rappel », a annoncé le ministre de la Santé Olivier Véran ce jeudi 7 avril, sur la radio RTL. Cette dose était jusqu’alors réservée aux personnes de 80 ans et plus, groupe d’âge pour lequel le risque de développer une forme sévère de COVID-19 semble établi.

Dans l’Union Européenne, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies et la task force COVID-19 de l’EMA ont pourtant estimé qu’il n’y avait actuellement aucune preuve claire que la protection vaccinale contre la maladie sévère diminue chez les adultes de 60 à 79 ans ayant un système immunitaire normal ; donc aucune preuve claire pour soutenir l’utilisation immédiate d’une quatrième dose.

Le cas d’Israël

En Israël, la situation est différente puisque l’État a commencé à administrer une quatrième dose du vaccin de Pfizer/BioNTech aux personnes âgées de 60 ans ou plus, dès le 2 janvier 2022. Des premières données d’efficacité de la 2e dose de rappel sont donc disponibles, même s’il n’y pas encore assez de recul.

Publiée le 5 avril dans le New England Journal of Medicine, la nouvelle étude a examiné les dossiers médicaux de plus de 1,25 million d’israéliens âgés de 60 ans ou plus et admissibles à la quatrième dose, pendant une période où le variant Omicron du SARS-CoV-2 était prédominant (du 10 janvier au 2 mars 2022). Les chercheurs ont estimé le taux d’infection confirmée et de forme grave de COVID-19 en fonction du temps, à partir de 8 jours après la réception d’une quatrième dose et en comparaison avec celui des personnes qui n’avaient reçu que trois doses et avec celui des personnes qui avaient reçu une quatrième dose 3 à 7 jours plus tôt (groupe témoin interne).

4e dose : une protection à court terme modeste, mais utile contre les formes graves

Résultat : au cours de la quatrième semaine suivant l’administration d’une quatrième dose de vaccin, le taux d’infection grave par le SARS-CoV-2 était 3,5 fois moins élevé que celui des personnes n’ayant reçu que trois doses (et 2,3 fois inférieur à celui du groupe témoin). De plus, la protection contre la maladie grave n’a pas diminué au cours des 6 semaines qui ont suivi l’administration de la quatrième dose, même si la période étudiée aurait pu être plus longue.

Concernant le taux d’infection confirmé au cours de la quatrième semaine suivant l’administration d’une quatrième dose de vaccin, il était 2 fois moins élevé que celui des personnes n’ayant reçu que trois doses (et 1,8 fois moins par rapport au groupe témoin). Si la protection semblait maximale au cours de cette semaine-là, le rapport des taux est tombé à 1,1 à la huitième semaine, et les auteurs de l’étude suggèrent que « la protection contre l’infection confirmée s’estompe rapidement ». En cas d’infection, ils concluent qu’une quatrième dose semble n’apporter qu’une protection à court terme et un bénéfice absolu modeste, mais qu’elle s’avère utile pour éviter une infection grave.

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Rapports de taux ajustés pour l’infection confirmée et la maladie grave. Les ratios de taux ajustés pour l’infection confirmée par le SARS-CoV-2 et la COVID-19 grave dans le groupe de personnes admissibles à une quatrième dose mais qui ne l’avaient pas encore reçue (groupe des trois doses) par rapport à celles qui avaient reçu une quatrième dose, en fonction du temps écoulé depuis la quatrième dose (plus le ratio est élevé, plus la protection conférée par la quatrième dose de vaccin est importante). © M. Bar-On, Goldberg et al. 2022

L’étude présente toutefois quelques limites à prendre en compte. Premièrement, les vaccins actuellement disponibles ont été conçus pour protéger contre la souche originale du SARS-CoV-2, et non contre le variant Omicron. Deuxièmement, comme l’analyse est limitée dans le temps, les résultats de l’étude n’offrent qu’une vision à court terme. Finalement, elle n’inclut pas non plus les personnes non vaccinées à titre de comparaison, par rapport à la protection fournie par les troisième et quatrième doses.

Les chercheurs rapportent également que « certaines sources de biais peuvent ne pas avoir été mesurées ou contrôlées de manière adéquate. Les différences de conditions coexistantes pourraient également être associées à un traitement différentiel avec des médicaments antiviraux tels que le nirmatrelvir boosté par le ritonavir, ce qui aurait pu affecter les résultats ».

Source : The New England Journal of Medicine

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