Dans un moratoire de 250 pages rendu public mardi 20 avril, l’Agence nationale de sécurité sanitaire a estimé que la 5G ne présente pas de risques nouveaux pour la santé. L’avis de l’Anses était très attendu, tant par le gouvernement que par les opposants au réseau mobile de cinquième génération, une technologie controversée.
Le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire, commandé en janvier 2019, se veut plutôt rassurant. Demandée à l’initiative du gouvernement dans un souci de transparence et d’accessibilité au grand public, cette étude s’avérait nécessaire dans un contexte où une partie de la population se montrait assez inquiète du développement de cette technologie.
La 5G se déploie aujourd’hui principalement dans la bande de fréquences 2,1 GHz, déjà utilisée par la 2G, la 3G et la 4G. Alors qu’il n’y a jamais eu de problèmes sanitaires concernant les précédentes générations de réseaux mobiles, l’exploitation de cette bande de fréquences pour la 5G ne présenterait pas de nouveaux risques. L’agence affirme effectivement que « pour les niveaux d’exposition, les études, menées à l’international et par l’Agence nationale des fréquences (ANFR), montrent qu’ils varient peu avec les antennes émettant des signaux 3G, 4G ou 5G ». Un résultat qui se montre donc en accord avec d’autres études sur la 5G, indiquant également que rien ne semble néfaste pour la santé.
Des risques “peu vraisemblables”
Les principales interrogations se concentrent donc sur la bande de fréquences 3,5 GHz et sur les fréquences 26 GHz, pas encore attribuées en France. L’objectif de ces nouvelles fréquences est d’offrir une connexion supplémentaire sans risque d’embouteillage sur les fréquences déjà occupées par la 2, la 3 et la 4G (de 700 MHz à 2,6 GHz). Concernant la première bande de fréquences, présente en France depuis quelques mois, mais peu exploitée, l’agence ne trouve pas grand-chose à redire. L’Anses explique en effet qu’il est « peu vraisemblable à ce stade que le déploiement de la 5G dans la bande de fréquences autour de 3,5 GHz constitue un nouveau risque pour la santé ». Néanmoins, elle souligne qu’elle doit encore continuer ses recherches “à mesure du développement du parc d’antennes et de l’augmentation de l’utilisation des réseaux”.
En ce qui concerne les fréquences 26 GHz, celles qui permettront le plein développement de la 5G, l’avis est plus mitigé. Les données sont en effet, pour l’heure, insuffisantes pour affirmer s’il existe des risques sanitaires ou non. Sur ce point, le gouvernement s’est donc engagé à « renforcer les efforts de recherche sur […] d’éventuels effets sanitaires ». Le déploiement de la 5G sur la bande de fréquences de 26 GHz ne devrait néanmoins pas intervenir avant deux ou trois ans, ce qui laisse encore un peu de marge pour des recherches plus approfondies.
Les recherches sur l’exposition aux ondes vont donc se poursuivre pour toutes les bandes de fréquences, même si pour l’instant aucun risque n’est avéré. L’Anses prévoit de mener une consultation publique de 6 semaines sur son moratoire.
Une technologie très controversée sous le feu des critiques
Débits records équivalents à 100 fois ceux de la 4G et temps de latence proche de zéro, la 5G a de quoi faire rêver et promet de révolutionner le quotidien des consommateurs. Un monde ultra connecté où tout pourrait se jouer en une fraction de seconde, et qui pourrait faciliter la vie des usagers. Néanmoins, depuis le lancement du déploiement des antennes 5G, les préoccupations des usagers sont nombreuses, notamment en ce qui concerne les risques sanitaires d’une telle technologie.
Les ondes électromagnétiques sont la principale source d’inquiétude des détracteurs de la 5G. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a conclu récemment qu’il n’existait pas de risques liés à une exposition prolongée à des champs électromagnétiques de faible intensité. Néanmoins, elle avoue que sa connaissance dans ce domaine comporte “quelques lacunes” et que la recherche doit encore se poursuivre sur ce sujet. Une affirmation qui n’a certainement pas rassuré les indécis.
Un groupe de 200 scientifiques de 40 pays a par ailleurs exprimé son inquiétude fin 2019 en ce qui concerne une exposition permanente et accrue aux champs électromagnétiques. De nombreuses nouvelles antennes sont en effet en train d’être installées, car la 5G n’est efficace que sur de courtes distances. Les habitants seront donc encore plus exposés aux ondes qu’avant.
Toutes ces allégations ne sont néanmoins pas avérées pour le moment, comme le confirme le moratoire de l’Anses. Aucun effet néfaste n’a été pour le moment constaté à court ou à long terme. Pour l’heure, les recherches se poursuivent et la 5G continue progressivement son déploiement. En 2025, deux tiers de la population française devrait avoir accès à la 5G, tandis que le réseau devrait être entièrement déployé d’ici 2030.