Une étude révèle qu’une dose quotidienne de compléments à base de fibres prébiotiques améliore significativement les fonctions cognitives des personnes âgées en seulement 12 semaines. Dans le cadre d’un récent essai, cette catégorie d’individus démontrait notamment de meilleures performances aux tests de mémoire après avoir pris de l’inuline ou du furctoologisaccharide (FOS), des compléments alimentaires bon marché disponibles dans presque toutes les pharmacies.
La prévalence des maladies et affections liées à l’âge, telles que la démence et la perte musculaire, augmente à mesure que la population mondiale vieillit. Le microbiote intestinal est depuis peu exploré pour son potentiel dans la réduction de l’incidence de ces maladies. En effet, de nombreuses recherches ont mis en évidence son rôle clé dans les mécanismes cognitifs et physiques du vieillissement.
Par exemple, il a été démontré que sa résilience diminue avec l’âge, car il devient plus vulnérable aux maladies, aux médicaments et aux changements de mode de vie. Des recherches ont également avancé qu’il pourrait influencer la perte musculaire par le biais des voies cataboliques (par le biais desquelles les nutriments organiques sont dégradés). Le microbiote intestinal pourrait ainsi constituer une plateforme thérapeutique polyvalente, pour la prévention et l’inversion de la perte musculaire et du déclin cognitif liés à l’âge.
Parmi les alternatives étudiées pour le maintien d’un microbiote intestinal sain, figurent les prébiotiques. À ne pas confondre avec les probiotiques, qui sont les organismes microbiotiques bénéfiques pour notre organisme, tandis que les prébiotiques sont les composés dont ils se nourrissent. Des recherches ont montré que la prise de compléments alimentaires prébiotiques améliore le niveau global d’indice de fragilité chez les personnes âgées. Des preuves préliminaires ont également suggéré un effet bénéfique sur les performances cognitives.
Dans ce contexte, on pourrait logiquement penser qu’un apport supplémentaire en protéines et en prébiotiques pourrait contribuer à la prévention de la perte musculaire et cognitive liée au vieillissement. Cependant, aucune étude n’a jusqu’à présent analysé les effets d’un complément alimentaire combinant ces deux éléments sur les fonctions physiques et cognitives des personnes âgées. La nouvelle étude, menée dans ce sens par des chercheurs du King’s College de Londres, révèle des résultats surprenants.
Une amélioration significative des fonctions cérébrales
Dans le cadre de leur étude, récemment publiée dans la revue Nature Communications, les chercheurs ont recruté 36 paires de jumeaux (soit 72 personnes) âgés au moins de 60 ans et issus du TwinsUK — la plus grande base de données consacrées aux jumeaux adultes du Royaume-Uni. En effet, les fonctions physiques et cognitives sont à la fois influencées par des facteurs génétiques et environnementaux. La randomisation au sein de paires de jumeaux réduit ainsi les variations attribuables à des facteurs partagés, ce qui renforce la fiabilité statistique de l’étude.
Le protocole de l’étude impliquait une expérience à domicile en double aveugle au cours de laquelle les participants étaient invités à recevoir quotidiennement soit un placebo, soit un complément prébiotique pendant 12 semaines. Les compléments, assignés au hasard, étaient soit du FOS, soit de l’inuline. L’inuline est une fibre prébiotique de la classe des fructanes, tandis que le FOS est un dérivé de l’hydrolyse de l’inuline. Tous deux sont bon marché et largement disponibles dans le commerce.
Parallèlement, tous les volontaires ont consommé des compléments protéinés et effectué des exercices visant à améliorer leur fonction musculaire. Les chercheurs ont suivi les participants à distance par le biais de vidéosurveillance, de questionnaires en ligne et de tests cognitifs.
Les chercheurs ont découvert que le groupe ayant reçu les prébiotiques présentait de meilleures performances aux tests de mémoire — dont le Paired Associates Learning, utilisé pour l’évaluation précoce d’Alzheimer —, ainsi qu’aux tests de temps de réactivité et de vitesse de traitement des informations. Il a également été constaté que les fibres entraînaient des changements significatifs dans la composition du microbiote intestinal, en entraînant une augmentation du taux de bactéries bénéfiques, telles que Bifidobacterium. Des expériences sur des souris ont d’ailleurs montré que ces dernières pouvaient réduire les déficits cognitifs en régulant l’axe intestin-cerveau.
« Nous sommes ravis de voir ces changements en seulement 12 semaines. Cela est très prometteur pour améliorer la santé cérébrale et la mémoire de notre population vieillissante », indique dans un communiqué l’auteure principale de la recherche, Mary Ni Lochlainn, du King’s College. « Percer les secrets de l’axe intestin-cerveau pourrait offrir de nouvelles approches pour vivre plus sainement et plus longtemps », suggère-t-elle.
Cependant, aucune différence notable n’a été observée quant à la force musculaire des participants. D’un autre côté, la majorité des participants à l’étude étaient des femmes, ce qui pourrait induire un certain biais dans les résultats. La prochaine étape de la recherche consistera à évaluer la durabilité des effets sur les fonctions cognitives, ainsi que leur reproductibilité sur une population plus large.