AR3664, la tache solaire hyperactive qui a déclenché les aurores spectaculaires de ce mois, fera à nouveau face à la Terre à partir de ce week-end. Alors qu’elle a déclenché la plus puissante tempête géomagnétique depuis plus de deux décennies, la région devrait à nouveau fortement impacter la magnétosphère terrestre. Cela pourrait déclencher de nouvelles vagues d’aurores visibles aux basses latitudes, sans compter que la première semaine de juin coïncidera avec la nouvelle lune (laissant donc place à un ciel nocturne sombre).
Entre le 7 et le 11 mai, 8 éruptions solaires extrêmes ont émané du complexe de taches très actif AR3664, la plus intense culminant à la catégorie X5.8. Ces éruptions ont déclenché une vague d’éjections de masse de coronale (CME) — de gigantesques flux de particules chargées — qui sont simultanément parvenues jusqu’à la Terre à partir du 10 mai. Cela a provoqué une tempête géomagnétique historique culminant au niveau G5 (le plus élevé).
Cette tempête géomagnétique de niveau G5 a provoqué des aurores visibles à des latitudes inhabituellement basses, telles que le sud des États-Unis et le nord de l’Inde, et même jusqu’aux îles Galápagos (en partie situées au niveau de l’équateur). D’autre part, la tempête s’est produite quelques nuits après la nouvelle lune du mois de mai, ce qui a favorisé la visibilité des aurores. La NASA estime d’ailleurs que ces aurores pourraient être parmi les plus intenses des 500 dernières années.
Depuis, les tempêtes se sont calmées, car la région AR3664 s’est déplacée (en raison de la rotation du Soleil). Bien qu’une éruption extrême de catégorie X8.7 s’est produite le 14 mai, ses impacts sur Terre ont été mineurs, la tache s’étant déjà partiellement déplacée du côté de la face cachée du Soleil.
Cependant, étant donné que le Soleil effectue une révolution complète sur son axe en 27 jours, AR3664 sera à nouveau orientée vers la Terre aux alentours du 31 mai ou début juin. Or, la région demeure très active et a même provoqué une éruption de catégorie X12 le 20 mai dernier. Mardi, la tache a commencé à réapparaître du côté sud-est du disque solaire et a généré une éruption de classe X2.8. Cela a provoqué une panne radio sur les fréquences à ondes courtes en Asie de l’Est. « De toute évidence, AR3664 est toujours active alors qu’elle se tournera à nouveau vers la Terre plus tard cette semaine », a indiqué le Space Weather Prediction Center dans un article de blog.
De nouvelles aurores à prévoir aux basses latitudes ?
Les astronomes estiment qu’AR3664 fera à nouveau entièrement face à la Terre, c’est-à-dire qu’elle sera située au centre du disque solaire, aux alentours du 6 juin. À ce moment-là, le système Terre-Soleil sera le plus connecté, laissant présager de nouvelles aurores aux basses latitudes. Toutefois, « en théorie, si l’éruption est suffisamment importante, même si elle se situe à gauche du centre du soleil, nous pourrions encore avoir un bon aperçu de son impact », a déclaré Ryan French du National Solar Observatory (NSO) à Boulder, à Livescience.
De plus, le 6 juin coïncidera exactement avec la nouvelle lune, ce qui optimisera la visibilité des aurores potentielles. En effet, la visibilité des vagues d’aurores du 10 mai était en partie favorisée par la nouvelle lune qui a débuté 2 jours avant. French recommande aux observateurs d’aurores d’être en alerte à partir de cette date et de s’éloigner si possible des villes afin de maximiser les chances d’en apercevoir.
Toutefois, il est également possible qu’AR3664 ne soit pas aussi active qu’à ce jour lorsqu’elle sera dirigée vers la Terre. Une baisse d’activité similaire s’est produite la dernière fois qu’une tache solaire aussi active s’est retrouvée face à la Terre, en 2017.
« AR2673 était assez similaire [en 2017] : elle est devenue très complexe. Il y a eu une éruption solaire X11 et X13 les 6 et 10 septembre, puis elle a disparu derrière le soleil », a expliqué l’expert à Forbes. « Tout le monde avait bon espoir, mais au moment où elle revenait, rien ne s’est passé ». Les taches solaires peuvent rester très actives pendant quelques rotations solaires, mais peuvent aussi se désintégrer soudainement et de manière imprévisible.