Un petit astéroïde d’environ un mètre de diamètre a été repéré hier au-dessus du sud-ouest du Pacifique, près des Philippines, et a pénétré l’atmosphère sans causer de dégâts au sol. Baptisé 2024 RW1, il a été détecté quelques heures seulement avant son entrée dans l’atmosphère et représente le neuvième astéroïde dont la trajectoire a été prédite avec précision avant l’impact. Cela démontre une importante avancée en matière de technologies de surveillance pour la défense planétaire.
Les astéroïdes sont des vestiges de la formation du système solaire, il y a de cela environ 4,6 milliards d’années. La grande majorité (plus d’un million) d’entre eux orbite dans la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter. Leur taille varie généralement de moins de 10 mètres à quelques centaines de mètres de diamètre. Les plus grands, surnommés « planètes mineures », peuvent atteindre des centaines de kilomètres de diamètre et possèdent généralement un ou plusieurs petits satellites. Vesta, le plus grand astéroïde connu, fait par exemple 525 kilomètres de diamètre.
Les astéroïdes gravitent autour du Soleil selon des orbites très elliptiques. Cependant, l’influence gravitationnelle de Jupiter peut parfois les faire dévier de leur trajectoire et les projeter dans des directions aléatoires. En conséquence, certains se déplacent à travers le système solaire interne et peuvent impacter la Terre et les autres planètes. Ceux suffisamment gros pour causer des dégâts au sol frappent la Terre environ une fois par siècle. Les impacts sont en effet rares à mesure que les objets sont massifs. Les petits astéroïdes de moins de 10 mètres pénètrent en revanche notre atmosphère environ 2 à 3 fois par an.
À ce jour, plus de 30 000 astéroïdes proches de la Terre (géocroiseurs) ont été détectés. Cependant, malgré les avancées en matière de technologies de détection et les exercices d’anticipation, les impacts sont généralement difficiles à prédire avec précision en raison d’un important « angle mort » qui subsiste. L’astéroïde 2023 NT1 par exemple, qui a « frôlé » la Terre en juillet de l’année dernière, n’a par exemple été détecté que deux jours après son passage.
L’astéroïde 2024 RW1 quant à lui, détecté hier par Jacqueline Fazekas du Catalina Sky Survey (un observatoire financé par la NASA situé près de Tucson, en Arizona, et dédié au suivi et au catalogage des objets proches de la Terre), est seulement le neuvième dont la trajectoire a été prédite avec précision avant l’impact — selon une publication sur X de l’Agence spatiale européenne (ESA). Le premier à avoir été détecté avant son entrée dans l’atmosphère terrestre date de 2008.
Suffisamment petit pour ne provoquer aucun dégât au sol
Conformément aux prédictions du Catalyna Sky Survey, 2024 RW1 a pénétré l’atmosphère terrestre hier dans la soirée vers 18h45 (heure de France), au-dessus de l’île de Luzon, la plus septentrionale de l’archipel des Philippines. Il aurait atteint la Terre à une vitesse de 17,6 kilomètres par seconde, soit 63 360 kilomètres par heure – à peu près dans la moyenne pour un astéroïde de cette taille (1 mètre de diamètre). L’entrée dans l’atmosphère a en outre été détectée par plusieurs capteurs du Bureau de coordination de la défense planétaire de la NASA.
Les dégâts causés par un objet arrivant sur Terre à cette vitesse sont quasiment impossibles à anticiper. « Ne vous laissez pas tromper par les films hollywoodiens où vous pouvez voir la chose arriver en hurlant dans le ciel et où vous avez le temps de sortir de la maison, d’aller chercher le chat, de sauter dans la voiture et de vous rendre quelque part. Vous n’avez pas le temps de faire ça », affirme Alan Fitzsimmons de l’Université Queen’s de Belfast (au Royaume-Uni), au New Scientist.
Heureusement, étant donné sa taille, 2024 RW1 n’a causé aucun dégât au sol et aucune évacuation n’a été nécessaire. En effet, seuls les objets mesurant environ 20 mètres de diamètre peuvent causer des dommages à l’échelle locale en atteignant la Terre. L’astéroïde de 20 mètres de Tchelyabinsk (en Russie) a par exemple brisé des milliers de fenêtres et indirectement blessé près de 1 500 personnes, en 2013. Un objet mesurant plus d’un kilomètre de diamètre pourrait en revanche avoir des répercussions au niveau mondial.
Les vidéos partagées sur les réseaux sociaux de 2024 RW1 montrent qu’il s’est désintégré dans l’atmosphère avant de toucher le sol. On y voit une boule de feu verte brillante avec une queue orangée apparaissant dans le ciel des Philippines et disparaissant quelques secondes plus tard.
En outre, « l’aspect vraiment positif de cette découverte est que les télescopes de surveillance sont désormais suffisamment performants pour repérer ces objets et nous donner un avertissement », estime Fitzsimmons. Cela signifie qu’à l’avenir, nous pourrions peut-être avoir une marge de manœuvre pour anticiper ceux qui sont susceptibles de représenter une menace.
Mis à part l’amélioration du système d’alerte précoce, des systèmes de déviation d’astéroïdes sont également en développement, comme l’a démontré en 2022 la mission DART (Double Asteroid Redirection Test) de la NASA. En effet, le vaisseau de la mission s’était écrasé avec succès sur Dimorphos, le satellite de 160 mètres de l’astéroïde Apollon Didymos, et était ainsi parvenu à en modifier légèrement la trajectoire. La Chine prévoit également une mission de déviation d’astéroïde d’ici 2030. Entre temps, l’ESA lancera le mois prochain la mission Hera pour étudier les propriétés de 2024 RW1 dans le but d’améliorer davantage nos systèmes de détection.