L’entreprise américaine Made in Space vient de réussir avec succès à créer une imprimante 3D qui fonctionne même dans des conditions extrêmes, telles que le vide de l’espace intersidéral.
L’équipe a imprimé en 3D des pièces en alliage de polymère dans une chambre à vide thermique de l’Ames Research Center de la NASA en juin dernier et espère que leur nouvelle technologie permettra de concevoir et de fabriquer des vaisseaux ainsi que des télescopes spatiaux bien plus ambitieux. « C’est une étape importante, car cela signifie que nous pouvons à présent fabriquer des choses dans l’espace, de manière adaptée et à la demande », a déclaré Andrew Rush, directeur de Made in Space.
L’entreprise Made In Space, qui a appelé ce projet Archinaut, a été fondée en 2010. Made In Space est une entreprise de fabrication spatiale spécialisée dans les imprimantes 3D, destinées à être utilisées dans la microgravité de l’espace. En 2010, l’entreprise avait imprimé toute une gamme de d’objets sur la Station spatiale internationale (ISS), incluant des outils que les astronautes pouvaient fabriquer sur demande, leur évitant ainsi d’attendre le prochain ravitaillement. À l’heure actuelle, il existe deux imprimantes 3D sur l’ISS, mais aucune d’entre elles n’a quitté l’environnement de sécurité de la station pour se confronter aux fluctuations extrêmes du vide de l’espace.
Pour simuler les conditions qui se trouvent à l’extérieur d’un vaisseau spatial, l’équipe a effectué un test terrestre de 24 jours à l’intérieur d’une chambre à vide thermique. Ils ont pu imprimer des faisceaux en alliage de polymère, faisant jusqu’à 85 centimètres de long.
Et c’est là que cela devient très intéressant : l’imprimante 3D n’est en réalité qu’une partie d’un projet beaucoup plus ambitieux. Le projet Archinaut combine en effet la technologie d’impression 3D avec des bras robotisés qui sont utilisés pour assembler les structures que l’imprimante imprime.
L’équipe pense que cela pourra changer la manière dont nous explorons l’espace. « Nous croyons que la fabrication et le montage robotique dans l’espace vont révolutionner la façon dont nous concevons, déployons et exploitons les systèmes dans l’espace », a déclaré Steve Jurczyk, responsable du Space Technology Mission Directorate de la NASA, lors d’une conférence de presse.
Dans le futur, l’entreprise espère que de plus grandes structures pourront être construites directement dans l’espace, ce qui permettra également de construire des télescopes spatiaux bien plus grands.
Il faut savoir qu’à l’heure actuelle, les télescopes spatiaux doivent pouvoir être en mesure de s’insérer dans l’extrémité avant du véhicule lancé depuis la Terre. Par exemple, concernant le très attendu télescope spatial James Webb (JWST), les ingénieurs devront judicieusement placer les 80 pièces distinctes du télescope à l’intérieur du cône avant de la fusée qui sera utilisée pour le placer en orbite.
En effet, le JWST sera tellement compacté pour son lancement prévu pour le mois de novembre 2018, qu’il faudra à l’agence spatiale plus de 80 opérations de déploiement distinctes après le décollage pour que le télescope, coûtant quelques 8,8 milliards de dollars, soit fonctionnel. Selon la NASA, une telle stratégie peut fonctionner pour le lancement d’un télescope spatial avec un miroir d’une taille allant jusqu’à 8 mètres (le miroir du JWST fait 6,5 mètres de large).
Pourtant, la NASA souhaite construire des télescopes encore plus grands, faisant au moins 12 mètres de large, afin de pouvoir rechercher des signes de vie sur de potentielles exoplanètes et effectuer d’autres observations ambitieuses. « Mais cette mission n’est tout simplement pas possible en ce moment compte tenu des véhicules de lancement actuels », a déclaré Jurczyk. « Il faudrait plusieurs lancements de systèmes partiellement assemblés, ce qui serait très coûteux ».
Pour Jurczyk, le projet Archinaut, en plus de « rendre les choses beaucoup plus faciles et moins chères », permettrait aux « responsables de la mission de simplement fournir de la matière et du matériel au vaisseau spatial à trois bras, qui construirait alors le télescope directement en orbite », explique-t-il. De plus, le projet Archinaut ne se contente pas de créer de nouvelles choses : il sera également capable de réparer les satellites existants, a déclaré Rush.
La prochaine grande étape pour Made In Space consistera à tester la combinaison d’imprimantes 3D et des bras robotisés, et d’effectuer une mission de démonstration en orbite terrestre. Si tous les tests se déroulent comme prévu, alors la technologie pourrait être déployée dans l’espace vers le milieu des années 2020. « Je pense que réaliser des systèmes opérationnels dans cette période de temps est tout à fait réalisable », a conclu Rush.