Alors que le marché du travail est de plus en plus fragilisé par l’automatisation liée à l’IA, une enquête révèle que les Millennials (ou Génération Y) sont les plus menacés par la perte d’emploi due à la technologie. En effet, un écart générationnel semble déjà se dessiner quant à l’impact de l’IA. Si ce segment de population (né entre le début des années 1980 et le milieu des années 1990) est le plus exposé, c’est parce que les personnes concernées occupent souvent des postes de niveau intermédiaire dans des secteurs où la technologie progresse rapidement.
Alors que l’IA infiltre désormais de nombreux aspects de notre quotidien, certains rapports suggèrent qu’elle incitera les entreprises à réduire leurs effectifs de manière significative d’ici 2030 pour rester compétitives. En parallèle, une étude d’IBM indique que 40 % des travailleurs devront se reconvertir au cours des prochaines années.
Une récente enquête de Chadix, réalisée auprès de 2 278 chefs d’entreprise, entrepreneurs et professionnels, met en lumière des différences générationnelles marquées dans l’impact de l’IA sur les emplois. Ces groupes, souvent en première ligne des transformations économiques, offrent une vue anticipée sur les métiers les plus exposés à l’automatisation. L’étude révèle que chaque génération est affectée différemment, en fonction du stade de carrière et du type d’emploi occupé.
Millennials et Génération Z : les plus vulnérables à l’automatisation
D’après l’enquête, les secteurs les plus exposés à l’automatisation par l’IA concernent les emplois de bureau ou administratifs (57,1 %), où dominent des tâches répétitives susceptibles d’être automatisées, comme la saisie de données ou la planification de réunions. Viennent ensuite le support client (46,1 %) et le marketing, ainsi que d’autres métiers créatifs (35,1 %). Le support client, par exemple, peut désormais être pris en charge par des chatbots, tandis qu’une part croissante des tâches liées au marketing repose déjà sur des outils d’IA générative.
Le secteur technique et de l’ingénierie figure également parmi les domaines à risque (29,4 %). Bien que l’expertise avancée reste essentielle, des tâches comme la programmation basique ou intermédiaire ou les tests techniques sont de plus en plus délégués à l’IA, et ce changement s’accéléra d’autant plus dès l’arrivée des super-agents IA de niveau doctorat. Dans le management (15,4 %), la difficulté à automatiser la prise de décision stratégique limite pour l’instant son exposition, bien que l’influence croissante de l’IA sur les processus décisionnels et les flux de travail constitue une menace. Les métiers les moins menacés (4,4 %) incluent la gestion logistique, le recrutement ou encore l’analyse de contrats juridiques.
Selon l’enquête, la Génération Y (28-43 ans) est la plus exposée à la perte d’emploi due à l’IA. Pour 38 % des répondants, cette tranche d’âge, concentrée sur des postes intermédiaires dans des secteurs comme le marketing, la finance et les fonctions administratives, est particulièrement vulnérable.
La Génération Z (12-27 ans), bien que perçue comme moins exposée, n’est pas à l’abri : 25 % des répondants estiment qu’elle est la deuxième génération la plus vulnérable. En raison de leur expérience limitée, les jeunes occupent souvent des postes débutants, où les tâches répétitives comme le support client ou la vente au détail peuvent facilement être automatisées. Leurs compétences technologiques, bien qu’un atout, ne suffisent pas toujours à compenser cette exposition.
La Génération X (44-59 ans) est modérément touchée (20 %). Ses membres, occupant souvent des fonctions techniques ou managériales moins automatisables, sont relativement protégés. Cependant, leur capacité à s’adapter aux évolutions rapides de la technologie pourrait devenir un défi.
Enfin, les baby-boomers (60-78 ans) sont les moins exposés : seuls 10 % des chefs d’entreprise estiment qu’ils seront significativement affectés. La proximité de la retraite et la prédominance de postes de direction parmi eux réduisent leur vulnérabilité. Toutefois, ceux encore actifs pourraient rencontrer des difficultés liées à l’adoption des nouvelles technologies. Fait notable, seulement 7 % des sondés estiment que l’IA affectera toutes les générations de manière égale. Cela confirme que la nature des fonctions exercées, plus que l’âge, détermine le risque d’automatisation.
Faire preuve d’adaptabilité et miser sur les compétences humaines
Les experts insistent sur le fait que, si les risques de perte d’emplois sont réels, les opportunités le sont tout autant. « Ces résultats ne doivent pas être interprétés comme un glas pour les carrières des Millennials », souligne Danny Veiga, fondateur et responsable de la stratégie en IA chez Chadix, dans un entretien accordé à Forbes. « Ils soulignent plutôt le besoin urgent d’une amélioration ciblée des compétences et d’une réorientation stratégique des carrières au sein de cette tranche démographique. La clé est d’adopter l’IA comme un outil d’amélioration plutôt que de la considérer uniquement comme une menace ».
Pour cela, Veiga recommande de développer des compétences humaines complexes et difficiles à automatiser, telles que la créativité ou la résolution de problèmes. Cette approche, explorée en détail dans un précédent article d’investigation, pourrait inclure l’apprentissage des outils d’IA et leur intégration dans les pratiques professionnelles. La polyvalence devient également un atout dans un marché du travail où les compétences trop spécialisées sont les premières à être automatisées.
« Un professionnel du marketing ayant des notions de codage ou un ingénieur logiciel doté d’un sens des affaires est beaucoup plus précieux », explique Veiga. Enfin, les compétences interpersonnelles – empathie, leadership ou capacité à travailler en équipe – conserveront une importance centrale dans un monde toujours plus dominé par la technologie.