Une maladie mystérieuse se propage actuellement dans le nord-ouest de la République Démocratique du Congo (RDC), entraînant plus de 400 cas et faisant plus de 50 victimes à ce jour – dont des enfants ayant consommé une carcasse de chauve-souris. Dans la majorité des cas, la mort survient dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes. D’après l’OMS, bien que les symptômes soient similaires, il s’agirait d’une affection totalement distincte des fièvres hémorragiques connues.
La RDC a été confrontée à plusieurs épidémies ces dernières années, incluant notamment la fièvre Ebola, la typhoïde, le paludisme et la variole du singe. Outre ces affections, le pays est également confronté à des maladies mystérieuses encore non répertoriées. L’une d’entre elles a par exemple fait une dizaine de victimes l’année dernière et serait une complication pulmonaire aiguë liée au paludisme.
La nouvelle maladie récemment signalée par les autorités sanitaires locales a été détectée pour la première fois dans le village de Boloko, dans le nord-ouest du pays. Les premiers cas concernaient de jeunes enfants, décédés entre le 10 et le 13 janvier de cette année, qui auraient consommé une carcasse de chauve-souris. La maladie s’est rapidement propagée à travers le village au cours des jours suivants, ainsi que dans le village voisin de Danda. Boloko a enregistré 10 cas le 27 janvier, dont 7 décès, tandis que Danda a signalé deux cas et un décès.
Le 13 février dernier, les autorités locales ont signalé un deuxième foyer à Bomate, un autre village du nord-ouest du pays. Le nombre de cas au 15 février est estimé à 431 pour toutes les régions et à 53 décès. D’après le rapport du bureau africain de l’OMS, les données indiquent un taux de mortalité de plus de 12 %, près de la moitié des décès survenant dans les 48 heures suivant l’apparition des premiers symptômes.
« Les principaux défis comprennent la progression rapide de la maladie, près de la moitié des décès se produisant dans les 48 heures suivant l’apparition des symptômes dans une des zones de santé touchées et un taux de mortalité exceptionnellement élevé dans une autre zone », indique le rapport.
Des symptômes similaires à ceux des fièvres hémorragiques
La maladie se manifeste avec un large éventail de symptômes incluant de la fièvre, des maux de tête et des courbatures, une raideur dans la nuque, des vomissements, de la diarrhée et des crampes abdominales. Certains patients présentaient également des saignements de nez, des vomissements tâchés de sang et des selles noires (indiquant généralement une hémorragie interne).
Ce type de symptômes peut aussi se manifester dans le cas des fièvres hémorragiques, telles qu’Ebola et Marburg. Ces dernières sont d’ailleurs des maladies zoonotiques pouvant être transmises par les chauves-souris. Cependant, les échantillons de Bomate se sont révélés négatifs à Ebola ou Marburg, ainsi que ceux de Boloko et de Danda.
Certains échantillons de Bomate ont toutefois été testés positifs pour une forme de paludisme endémique d’Afrique. D’autre part, la manière dont les patients ont été exposés à la nouvelle maladie n’est pas bien établie. Les autorités n’ont pas trouvé d’indices clairs sur son mode de transmission entre les différents foyers. Cela suggère que ces derniers pourraient être affectés par des maladies distinctes, bien que cette hypothèse ne soit pas encore confirmée.
Par ailleurs, une épidémie détectée l’année dernière dans la région de Panzi, dans le sud-ouest du pays, serait au moins en partie provoquée par le paludisme. Au départ, il était difficile d’attribuer la maladie au paludisme, car de nombreuses personnes de la région étaient porteuses du parasite en cause sans présenter de symptômes, et le manque d’infrastructures sanitaires compliquait les analyses.
D’après un rapport de l’OMS datant de 2022, le nombre de zoonoses a augmenté de 63 % en Afrique entre 2012 et 2023. Ebola et les autres fièvres hémorragiques virales représentent près de 70 % de ces épidémies, la majorité des cas étant observés en RDC et au Nigéria. Cette augmentation serait en partie attribuée à la croissance démographique et à l’urbanisation, conduisant la population à empiéter davantage sur les habitats naturels des chauves-souris et des autres animaux susceptibles de transmettre des zoonoses.
En outre, « l’éloignement et l’insuffisance des infrastructures de soins » augmentent le risque d’une propagation accrue, nécessitant une réponse rapide pour contenir l’épidémie, expliquent les responsables de l’OMS en référence à la nouvelle épidémie. Toutefois, les autorités locales tentent tout de même de rassurer le public en affirmant qu’il y a très peu de chances qu’elle puisse devenir une pandémie.