Se faire opérer ce jour précis de la semaine augmente le risque de décès, selon une étude

Subir une intervention chirurgicale un vendredi augmenterait les risques de complications révèle une nouvelle étude
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Lorsqu’une intervention chirurgicale est nécessaire, il est généralement recommandé de ne pas tarder. Toutefois, si le choix de la date est possible, il vaut mieux éviter la fin de semaine. Une étude nord-américaine récente met en évidence l’influence du jour de l’opération sur le pronostic des patients, confirmant l’existence d’un « effet week-end ». En particulier, subir une intervention un vendredi augmenterait le risque de complications, de réhospitalisation et de décès, et ce, dans plusieurs spécialités chirurgicales.

L’« effet week-end » désigne l’augmentation du risque de complications postopératoires lorsque l’intervention a lieu en fin de semaine ou que l’admission hospitalière se fait un samedi ou un dimanche. Ce phénomène a été observé dès les années 1970 et confirmé en 2001 par une étude parue dans le New England Journal of Medicine, qui révélait que « les patients souffrant de certaines pathologies graves sont plus susceptibles de décéder à l’hôpital s’ils sont admis un week-end plutôt qu’un jour de semaine ».

Depuis, de nombreuses études ont renforcé ces conclusions. Parmi les plus marquantes, une vaste analyse japonaise a compilé les données de 72 travaux internationaux, portant sur 55 millions de patients. Ses résultats ont mis en évidence une hausse de la mortalité hospitalière de 15 à 17 % pour les admissions en fin de semaine.

En 2014, des chercheurs de l’Imperial College de Londres se sont penchés sur les données hospitalières anglaises, analysant plus de quatre millions d’interventions chirurgicales et près de 27 000 décès survenus dans les trente jours suivant l’opération.

Leur étude, couvrant la période de septembre 2008 à novembre 2010, s’est concentrée sur cinq types de chirurgies lourdes : ablation de tumeurs cancéreuses colorectales, de l’œsophage ou de l’estomac, chirurgie de l’anévrisme de l’aorte abdominale, du poumon et pontage coronarien. Elle a confirmé que les patients opérés en fin de semaine étaient davantage exposés aux complications postopératoires. Ces observations ont conduit à plusieurs hypothèses, notamment celle d’une baisse de la qualité des soins le week-end en raison de la réduction des effectifs hospitaliers.

Un risque accru avant le week-end

Une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Houston Methodist Hospital (Texas), de l’Université de Californie à Los Angeles et de l’Université de Toronto approfondit l’analyse de ce phénomène. Selon l’équipe, dirigée par le Dr Raj Satkunasivam (Houston Methodist Hospital), les patients opérés le vendredi présenteraient un risque nettement plus élevé de complications et de décès.

« Les patients ayant subi une intervention chirurgicale juste avant le week-end affichaient un risque significativement accru de complications, de réadmissions et de mortalité par rapport à ceux opérés après le week-end », rapportent les chercheurs dans leur étude.

L’« effet week-end » observé s’étendrait à plus d’une vingtaine de spécialités chirurgicales, dont la chirurgie générale, cardiothoracique, thoracique, orthopédique, vasculaire, neurochirurgicale, otorhinolaryngologique, obstétricale et gynécologique.

Pour parvenir à ces conclusions, l’équipe a analysé les données de 429 691 patients adultes ayant subi une intervention en Ontario entre 2007 et 2019. L’objectif était d’évaluer l’influence du jour de l’opération sur les résultats postopératoires à 30 jours, 90 jours et un an. D’après les résultats, publiés dans la revue Jama Network Open, les interventions réalisées en fin de semaine sont associées à des taux plus élevés de complications, de réhospitalisations et de décès.

À 30 jours, le taux de complications était de 8,49 % pour les opérations du vendredi, contre 8,13 % pour celles du lundi. Cette tendance se maintenait à 90 jours (12,14 % contre 11,58 %) et un an (22,64 % contre 21,84 %). Quant au risque de décès, l’étude révèle une augmentation de 9 % à 30 jours, de 10 % à 90 jours et de 12 % à un an.

Un lien avec la baisse des effectifs hospitaliers ?

Les chercheurs ont tenté d’identifier les causes de ce phénomène. Aucune corrélation n’a été trouvée avec le lieu de résidence, l’âge, le sexe ou le statut socio-économique des patients. De même, ni le sexe, ni la spécialité, ni le volume annuel d’interventions des chirurgiens et anesthésistes ne semblaient jouer un rôle. Une légère différence est néanmoins apparue en lien avec l’expérience des praticiens.

Les opérations réalisées en fin de semaine étaient plus souvent pratiquées par des chirurgiens plus jeunes et moins expérimentés (47 ans en moyenne, contre 48 ans pour les interventions en début de semaine, avec une expérience médiane de 14 ans contre 17 ans en début de semaine).

« Les interventions effectuées avant le week-end présentent un risque accru, principalement en raison de la réduction des effectifs hospitaliers le samedi et le dimanche, ce qui impacte la qualité du suivi postopératoire », explique Vatsala Mundra, chercheuse au département d’urologie d’Houston Methodist Hospital, auprès de Gizmodo.

Les auteurs de l’étude estiment que des recherches complémentaires seront nécessaires afin d’examiner les différences dans la prise en charge des patients selon les jours d’intervention et d’assurer un niveau de soins optimal tout au long de la semaine.

Source : Jama Network Open

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