Le vent semble enfin tourner en faveur de SpaceX. La start-up a réussi, lundi soir, le 11e vol d’essai de sa fusée Starship, signant ainsi son deuxième lancement pleinement réussi après celui du mois d’août. Alors que l’entreprise faisait récemment l’objet de vives critiques quant à sa capacité à renvoyer l’Homme sur la Lune, ses derniers résultats semblent avoir ravivé la confiance de la NASA dans la réalisation de cet objectif, avant que la Chine — désormais principal rival des États-Unis dans le domaine aérospatial — ne prenne l’avantage.
SpaceX, la société fondée par Elon Musk et dédiée à l’aérospatiale, s’est vu confier par la NASA un contrat d’une valeur initiale de 2,9 milliards de dollars pour le développement du Human Landing System (HLS), dérivé de la fusée Starship, la plus grande et la plus puissante jamais construite. Cet appareil est destiné en premier lieu au programme Artemis, qui vise à ramener l’Homme sur la Lune. Le retour de Donald Trump au pouvoir a d’ailleurs accru la pression sur l’agence spatiale américaine pour accélérer les progrès dans cette direction.
Cependant, si la mission habitée vers la Lune, Artemis III, était initialement prévue pour 2027, les observateurs craignent que le calendrier ne doive être ajourné. La NASA prévoit désormais un départ en 2028. Certaines estimations évoquent même la possibilité que la Chine, qui ambitionne un vol habité vers la Lune d’ici à 2030, parvienne à supplanter les États-Unis et devienne le premier pays à y renvoyer des astronautes depuis 1972.
Les précédents essais de Starship s’étaient soldés soit par des échecs, soit par des réussites partielles, en raison de nombreuses difficultés techniques. Lors de précédentes tentatives, l’étage supérieur de la fusée avait notamment explosé à deux reprises : une fois au-dessus des Caraïbes et une autre après avoir atteint l’espace. En juin dernier, alors que la fusée se préparait pour son 10e vol d’essai, cet étage supérieur avait explosé au sol avant même le décollage.
Ces revers successifs avaient conduit plusieurs observateurs, dont les membres du comité consultatif de la sécurité aérospatiale de la NASA, à exprimer de sérieux doutes sur le respect du calendrier d’Artemis III, selon l’Agence France-Presse (AFP). Le succès des deux derniers vols d’essai, les 10 et 11, semble toutefois avoir restauré une certaine confiance.
Les principales difficultés rencontrées par SpaceX tenaient au développement du bouclier thermique réutilisable. Selon Elon Musk, il aurait fallu neuf mois pour le remettre en état entre deux essais. Autre défi majeur : la capacité du vaisseau à être ravitaillé en orbite, un aspect crucial pour les missions de longue durée, mais qui n’a pas encore été testé.
Deuxième vol d’essai consécutif entièrement réussi
Lors du dernier vol d’essai, la mégafusée a décollé lundi à 18 h 25 (heure locale) depuis le site de lancement de SpaceX, dans le sud du Texas, selon une vidéo diffusée en direct sur le compte X de l’entreprise. Son propulseur Super Heavy, conçu pour être réutilisable, s’est séparé avec succès de l’étage supérieur avant d’amerrir dans le golfe du Mexique.
Ce propulseur devrait, à terme, revenir se poser sur la terre ferme et être réceptionné par les « bras » mécaniques de la tour de lancement de SpaceX. Les ingénieurs ont ainsi effectué plusieurs manœuvres pour affiner cette future récupération dans la perspective de la version 3 de Starship.
Puis, l’étape suivante pour le vaisseau Starship, l’étage supérieur du lanceur, consistait à rallumer ses moteurs afin d’atteindre l’espace et d’effectuer plusieurs tests essentiels. L’une d’elles consistait à déployer une série de modèles de satellites, simulant la manière dont le vaisseau libérera un jour des lots de satellites Starlink via une trappe horizontale située sur son flanc.
Après avoir largué ces faux satellites, le vaisseau a rallumé l’un de ses six moteurs afin de simuler une désorbitation — un test déjà réalisé lors des vols 6 et 10. Il a amerri dans l’océan Indien un peu plus d’une heure après le décollage.
Une étape décisive dans la course vers la Lune
Selon les équipes de SpaceX, cette réussite marque une étape importante dans le développement de la fusée et dans la poursuite de ses objectifs. Sean Duffy, administrateur par intérim de la NASA, a assuré que les progrès accomplis confirmaient la place des États-Unis dans la course à l’exploration spatiale et a écarté toute idée de recul face à la Chine.
« L’Amérique a été leader dans l’espace dans le passé, et nous allons continuer à rester leader dans l’espace à l’avenir », a-t-il déclaré le mois dernier aux journalistes, selon l’AFP. Du côté de SpaceX, le 11e vol d’essai de Starship devrait être le dernier pour ce prototype. Le prochain lancement inaugurera la version 3 de la mégafusée.