Alzheimer : faire plus de 5 000 pas par jour pourrait retarder jusqu’à 7 ans le déclin cognitif

Vers des stratégies de prévention à la fois efficaces et accessibles pour préserver la santé cérébrale des personnes âgées.

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| Pixabay
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Une étude à long terme menée auprès de près de 300 personnes âgées indique que les activités physiques modérées, comme la marche, pourraient ralentir la progression d’Alzheimer chez les individus à risque. Faire plus de 5 000 pas par jour était associé à un ralentissement de l’accumulation de la protéine tau, l’un des principaux biomarqueurs de la maladie, et à un déclin cognitif retardé d’environ sept ans. Ces observations suggèrent la possibilité de stratégies de prévention à la fois efficaces et accessibles pour préserver la santé cérébrale des personnes âgées.

On estime que près de la moitié des cas de maladie d’Alzheimer dans le monde sont dus à des facteurs de risques modifiables tels que l’alimentation et la sédentarité. Cette dernière, en particulier, est fortement impliquée dans les risques de la maladie en Europe et aux États-Unis. Si des études menées sur des modèles animaux ont déjà mis en évidence les effets bénéfiques de l’exercice physique sur la progression de la maladie, peu d’entre elles se sont attachées à vérifier la reproductibilité de ces résultats chez l’être humain.

Les études humaines se sont jusqu’ici principalement appuyées sur des observations fondées sur les taux auto-déclarés d’activité physique. Or, cette approche demeure limitée, car ces déclarations peuvent être entachées de biais de mémorisation, notamment chez les personnes présentant un risque de troubles cognitifs. Par ailleurs, la majorité des recherches se sont concentrées sur les effets des exercices physiques sur les symptômes cliniques de la maladie, plutôt que sur les biomarqueurs qui la caractérisent.

Des chercheurs du Mass General Brigham, à Boston, ont conduit une enquête à long terme permettant de mieux comprendre comment l’activité physique, mesurée de manière objective, est associée à la progression d’Alzheimer. Ils se sont particulièrement intéressés au stade préclinique — période où les symptômes ne sont pas encore apparents mais où le processus pathologique est déjà à l’œuvre au niveau biomoléculaire —, moment où l’impact d’une intervention préventive serait potentiellement le plus significatif.

« Nous avons examiné si l’activité physique est associée à un ralentissement du déclin cognitif et fonctionnel, en fonction des différents taux d’accumulation des protéines bêta-amyloïdes et tau », expliquent les chercheurs dans leur étude publiée le 3 novembre dans la revue Nature Medicine. « Nous avons également étudié les relations dose-réponse avec les niveaux d’activité physique afin d’éclairer les futurs essais de prévention et les politiques de santé publique liées à la maladie d’Alzheimer », ajoutent-ils.

Une association claire entre activité physique et ralentissement du déclin cognitif

L’enquête a analysé les données de 296 adultes âgés de 50 à 90 ans issus de l’étude Harvard Aging Brain Study, qui ne présentaient aucun symptôme de trouble cognitif au début de la recherche. Leurs niveaux initiaux de peptide bêta-amyloïde et de protéine tau dans les enchevêtrements neurofibrillaires ont été mesurés à l’aide de la tomographie par émission de positons (TEP), tandis que leur activité physique quotidienne a été suivie à l’aide de podomètres portés à la ceinture. Tous ont bénéficié d’évaluations cognitives annuelles sur une période allant de 2 à 14 ans (en moyenne 9,3 ans). Un sous-groupe a également effectué des examens TEP réguliers pour suivre l’évolution des niveaux de protéine tau.

Les analyses ont montré qu’un nombre de pas plus élevé était associé à un déclin cognitif ralenti et à une accumulation réduite de protéines tau chez les personnes présentant des taux élevés de peptides bêta-amyloïde au début de l’étude. Le déclin cognitif était retardé d’environ trois ans chez les participants marchant entre 3 000 et 5 000 pas par jour, et de sept ans chez ceux atteignant entre 5 000 et 7 500 pas.

Associations entre l’activité physique de base et l’évolution longitudinale de la bêta-amyloïde, de tau et de la cognition. Wai-Ying © Wendy Yau et al.

À l’inverse, les personnes plus sédentaires présentaient une accumulation plus importante de protéine tau et un déclin cognitif et fonctionnel plus rapides. En revanche, les participants affichant de faibles taux initiaux de bêta-amyloïde ont montré très peu de déclin cognitif ou d’accumulation de protéines tau avec le temps. Aucune association significative entre le taux d’activité physique et ces variables n’a été observée.

Ces résultats, corroborés par des modélisations statistiques, suggèrent que les bénéfices de l’activité physique sur le ralentissement du déclin cognitif s’expliquent par une accumulation plus lente de la protéine tau. D’après Jasmeer Chhatwal, auteur principal de l’étude et membre du département de neurologie du Mass General Brigham, « ces résultats éclairent la raison pour laquelle certaines personnes présentant des signes de maladie d’Alzheimer ne déclinent pas aussi rapidement que d’autres. »

« Ces résultats montrent qu’il est possible de renforcer la résilience cognitive et la résistance à la pathologie tau dans le contexte de la maladie d’Alzheimer préclinique. C’est particulièrement encourageant pour notre quête visant à prévenir la maladie d’Alzheimer et à réduire la démence multifactorielle », ajoute sa collègue et coauteure de l’étude, Reisa Sperling.

La prochaine étape de la recherche consistera à déterminer plus précisément comment l’activité physique ralentit le déclin cognitif, notamment en identifiant l’intensité optimale et les profils d’activité les plus bénéfiques sur le long terme. L’équipe prévoit également d’explorer les mécanismes biologiques sous-jacents reliant l’exercice physique à la réduction de l’accumulation de la protéine tau et au maintien des fonctions cognitives.

Source : Nature Medicine

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