Après sept années passées dans l’espace, la station spatiale Tiangong-1, le premier « Palais Céleste » chinois, s’est désintégrée au-dessus de l’océan Pacifique. La chute de l’objet et la retombée des différents matériaux arrachés lors de la rentrée atmosphérique n’ont provoqué aucun dégât.
Après deux années de vol incontrôlé, la station spatiale Tiangong-1 a fini sa course au-dessus de l’océan Pacifique sud (13.6 °S, 195.7 °E) à environ 780 km de l’archipel des Samoa et aux alentours de 0h15 GMT (soit 2h15 à l’heure de Paris), le 2 avril 2018 selon le China Manned Space Engineering Office (CMSEO). Le réseau de radars du Joint Force Space Component Command (JFSCC) américain, quant à lui, a enregistré la désintégration du laboratoire avec une minute de décalage, soit 0h16 GMT.
Malgré une chute prévue depuis plusieurs semaines, jusqu’à quelques heures avant la rentrée atmosphérique, les coordonnées et l’heure exactes de la chute étaient impossible à définir avec certitude au regard du comportement erratique de la station spatiale. Les estimations effectuées la semaine dernière plaçaient la zone de crash dans une large aire comprise entre 42,7° nord et 42,7° sud. Tandis que l’agence spatiale chinoise (CNSA) avait initialement déterminé le début de la rentrée atmosphérique à 0h42 GMT. À cette heure, la désintégration se serait donc effectuée au-dessus de l’océan Atlantique sud, à proximité de Sao Paulo (Brésil).
Comme prévu par le Bureau d’Étude des Débris Spatiaux de l’ESA, l’événement n’a provoqué aucun dommage matériel ou humain. Le CMSEO a en effet confirmé que « la plupart des équipements ont été détruits lors de la phase de rentrée dans l’atmosphère ». Malgré une masse de 8 tonnes et des dimensions de 10.4 m sur 3.4 m, le risque de danger était extrêmement faible (1 chance sur 700 millions). En effet, de nombreux débris chutent fréquemment sur Terre, et certains sont bien plus gros que les morceaux de la station spatiale chinoise. En janvier 2018, le second étage de la fusée Zenit de 8.3 tonnes s’était désintégré au-dessus du Pérou, sans bénéficier de la même effervescence médiatique.
Concernant le suivi visuel de l’événement, sa localisation géographique rendait pratiquement impossible toute observation depuis le sol. D’autant plus qu’au-dessus des rares pays que Tiangong-1 a survolé juste avant sa désintégration, c’est-à-dire le Japon et la Corée du Nord, le Soleil était déjà levé, masquant l’éclat lumineux des matériaux enflammés.
Mise en service en 2011, la première station spatiale chinoise avait pour objectifs principaux de tester les différents processus aérospatiaux relatifs aux objets en orbite (rendez-vous, docking, etc), le déploiement de certains composants particuliers, l’accueil d’équipage et la réalisation d’expériences médicales. Prévue initialement pour être désactivée en 2013, la CNSA avait étendu sa mission jusqu’en 2015 afin de collecter des données supplémentaires sur la résistance des matériaux utilisés pour la construction de la station. Cependant, dès 2016, la CNSA perd tout d’abord les communications puis le contrôle total de Tiangong-1.
Cet incident n’a toutefois pas réduit à néant l’ambition de la Chine concernant l’exploration spatiale. Le pays a déjà investi plusieurs milliards d’euros dans son programme spatial dans l’objectif de concurrencer les États-Unis et l’Europe. Depuis 1970, le pays a ainsi lancé avec succès plusieurs missions spatiales. La dernière en date est le lancement du laboratoire Tiangong-2 dont le but est de poser les bases de la construction d’une station spatiale habitée de grande envergure d’ici 2022. La CNSA ambitionne également l’envoi d’un vaisseau et le déploiement d’un rover sur Mars pour 2020. Enfin, à plus long terme, Pékin envisage l’installation d’une base lunaire scientifique.