Des scientifiques ont découvert que des cellules pancréatiques initialement spécialisées pour produire une hormone autre que l’insuline avaient la capacité de se convertir pour reproduire cette dernière. Une adaptation qui pourrait être exploitée pour une nouvelle voie thérapeutique contre le diabète.
Le pancréas est un organe vital pour le métabolisme. Il assure principalement la digestion et l’assimilation des différentes molécules nutritives par la sécrétion d’enzymes et d’hormones spécifiques. L’une des plus connues, l’insuline, est nécessaire pour la régulation de la glycémie, en permettant le stockage ou l’assimilation du glucose par les cellules qui en ont besoin, en particulier après un repas.
Chez les diabétiques, les cellules pancréatiques sécrétrices d’insuline ont disparu, ou dans la plupart des cas, sont trop endommagées pour produire l’hormone, causant une mauvaise assimilation du sucre et une dangereuse augmentation de son niveau dans le sang, pouvant être toxique et mortelle.
En France, plus de 3.7 millions de personnes sont diabétiques. Des traitements existent par la prise de suppléments d’insuline fabriqués en laboratoire, mais de nombreuses recherches sont en cours à travers le monde afin de soigner de manière permanente la maladie, par régénération des cellules sécrétrices d’insuline par exemple.
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Récemment, des chercheurs de l’Université de Bergen en Norvège, en collaboration avec d’autres chercheurs internationaux, ont découvert en étudiant un autre type de cellule pancréatique sécrétant du glucagon (une hormone permettant de libérer les réserves de sucre lorsque la glycémie est basse), que ces dernières peuvent changer d’identité afin de remplacer les cellules voisines produisant l’insuline en quantité insuffisante.
« Nous sommes peut-être confrontés au début d’une nouvelle forme de traitement du diabète, dans laquelle l’organisme peut produire sa propre insuline, avec une aide au démarrage », déclare Luiza Ghila, biologiste de l’Université norvégienne.
Cependant, seulement 2% des cellules du glucagon adjacentes à celles de l’insuline sont capables de se convertir. Mais ce petit pourcentage suffit pour donner espoir aux chercheurs de découvrir une approche différente pour une nouvelle thérapie.
Les travaux effectués sur ces cellules leur ont permis de comprendre le mécanisme derrière ces changements d’identité : il semblerait que ce processus soit possible grâce à des signaux envoyés par les cellules voisines. Après avoir administré à des souris un médicament stimulant les signalisations intercellulaires, ils ont constaté une augmentation de 5% du nombre de cellules productrices d’insuline.
« Si nous acquérons plus de connaissances sur les mécanismes à la base de cette flexibilité cellulaire, nous pourrons éventuellement contrôler le processus et modifier l’identité de plus de cellules, afin de produire davantage d’insuline », explique Ghila.
Les résultats de l’expérience sur les rongeurs démontrent la possibilité d’une application sur les humains, une fois les signaux cellulaires mieux maitrisés, de manière à convertir davantage de cellules.
De plus, le groupe pense que ces découvertes pourraient servir pour traiter d’autres maladies causées également par la mort cellulaire, comme des maladies neurodégénératives (la maladie d’Alzheimer par exemple), ou encore des pertes cellulaires dues à des attaques cardiaques.