La grenouille citrouille (Brachycephalus ephippium) du Brésil est d’une couleur orange flamboyante, très petite (environ de la taille d’un ongle), et sourde aux appels d’accouplement de sa propre espèce.
De ce fait, comment ces minuscules amphibiens arrivent à se reproduire dans le chaos du sol feuillu de la forêt tropicale, restait jusqu’à présent un véritable mystère pour les scientifiques. Mais maintenant, les scientifiques ont réussi à obtenir une réponse en découvrant quelque chose de totalement inattendu : cette grenouille est brillante. En effet, les chercheurs ont rapporté la semaine dernière dans le Scientific Reports que le dos et la tête de cette grenouille de couleur orange étaient bleutés sous des rayons ultraviolets (UV).
Il faut savoir que ce phénomène de fluorescence peut être utilisé par les animaux pour changer les motifs ou réduire leur coloration naturelle. Dans un premier temps, les scientifiques pensaient que ce type de caractéristique était limité aux animaux marins, mais à présent, nous savons que ce type de couleurs fluorescentes est également possible chez des animaux terrestres.
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Selon les chercheurs, c’est grâce à ce genre de caractéristiques que les grenouilles pourraient arriver à trouver leur partenaire dans le noir. Cependant, ils devront encore effectuer de plus amples recherches afin de déterminer si les grenouilles elles-mêmes peuvent réellement le « voir ».
À savoir que cette lueur provient d’une source pour le moins surprenante : il s’agit d’un squelette fluorescent brillant à travers des plaques de peau translucides et particulièrement fines de la grenouille.
Dans l’image ci-dessous, vous pouvez voir le détail de la fluorescence chez les grenouilles du genre Brachycephalus. Plus précisément, il s’agit de spécimens des espèces Brachycephalus pitanga (a-c), B. ephippium (e-g) et Ischnocnema parva (k), tous préservés dans de l’éthanol, ainsi que d’une grenouille Ischnocnema parva vivante (i, j).
Les spécimens ont été photographiés à la lumière naturelle (a, e, i) ; montrant une fluorescence révélée grâce à un éclairage UV (b, f, j) ; et une source de lumière UV de laboratoire (excitation λ = 365 nm) avec un filtre d’émission centré autour de 472 nm et 30 nm, éliminant ainsi la réflectance de toute la lumière visible (c, g, k).
Notez que l’absence de fluorescence chez I. parva donne une image totalement sombre (k). Les reconstructions en micro-tomographie informatisée (μCT) (c, h, l) montrent la correspondance entre les motifs fluorescents et la structure osseuse chez B. pitanga (d), B. ephippium (h) et I. parva (l).
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Ci-dessous, vous pouvez constater la répartition de la fluorescence dans l’os chez les grenouilles Brachycephalus ephippium. Il s’agit plus précisément d’une photomicrographie d’une section transversale non décalcifiée des plaques osseuses dorsales (a) et d’un agrandissement de la zone encadrée (b). La section est éclairée avec une lumière UVA. Aucun filtre d’émission n’a été utilisé.
Les chercheurs suggèrent également que ces os brillants pourraient avertir les prédateurs potentiels quant à la toxicité de la grenouille.
À noter que ce type de motifs fluorescents créés par des os ont également (et récemment) été décrits chez les caméléons. En effet, certains os sont naturellement fluorescents, mais cette fluorescence osseuse est généralement très faible et n’est pas visible à travers les tissus des animaux vivants.
Comme chez B. ephippium et B. pitanga, la fluorescence osseuse chez les caméléons est visible en raison de la très faible épaisseur de la couche épidermique recouvrant les tubercules osseux sus-jacents, ce qui permet aux rayons ultraviolets de pénétrer et à la fluorescence d’émettre à travers la peau.