Parmi les différents phénomènes naturels auxquels les scientifiques peinent à trouver une explication, ou une explication consensuelle, les anneaux forestiers occupent une place importante. Ces grands cercles imprimés dans plusieurs régions de la forêt boréale canadienne représentent toujours une énigme pour les chercheurs, bien que plusieurs hypothèses aient été avancées.
En prenant de la hauteur, il est possible de remarquer, dans la forêt boréale canadienne, de grands cercles au sein desquels la densité d’arbres est plus faible. Pouvant faire entre 30 mètres et plus de 2 km de diamètre, et jusqu’à 20 mètres d’épaisseur, ces formes circulaires ont été baptisées « anneaux forestiers » par l’Ontario Geological Survey.
Ce n’est qu’à la fin des années 1950 que les premiers rapports scientifiques apparaissent. En effet, ces anneaux n’étant visibles qu’en altitude, il a fallu attendre les premiers relevés géologiques topographiques aériens pour que la communauté scientifique en obtienne des clichés photographiques.
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Si les « anneaux de sorcière » (des cercles de champignons) étaient déjà connus, les anneaux forestiers quant à eux, ont été une véritable surprise.
Initialement, les biologistes pensent qu’un champignon bien particulier, l’Armillaria solidipes, est à l’origine du phénomène en se développant de manière radiale dans le système racinaire de l’épinette sombre (Picea mariana).
En effet, A. solidipes est un champignon pathogène dont le mycélium colonise fréquemment le système racinaire de diverses espèces d’arbres.
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Au point d’infection, le cercle s’étend dans toutes les directions, les arbres situés à l’intérieur dépérissant progressivement à cause de la virulence du champignon.
Le tapis fongique s’étend ainsi en un cercle composé d’arbres moribonds et, vu d’en haut, offre cette forme annulaire se détachant nettement du reste de la canopée composée d’arbres denses et en bonne santé.
Cependant, cette hypothèse fut abandonnée par manque de preuves (notamment des statistiques de mortalité des arbres trop faible) pour l’étayer.
L’hypothèse actuelle implique des protéobactéries du genre Geobacter, capables d’oxyder des composés organiques ainsi que des métaux. Leur capacité à effectuer des transferts directionnels d’électrons induirait un déplacement d’électrons du centre du cercle vers sa périphérie, augmentant l’acidité de l’anneau par oxydation et dissolution des carbonates, conduisant à une densité d’arbres plus faible.
Des relevés microbiologiques ont effectivement montré une concentration de Geobacter élevée à la périphérie de l’anneau.