L’influence humaine s’étend aux écosystèmes du monde entier, c’est bien connu… mais certaines espèces animales sont de plus en plus touchées par les ravages des caprices de l’être humain. Le dernier exemple est un oiseau tentant de nourrir son bébé avec des restes de cigarettes.
L’oiseau en question est un bec-en-ciseaux noir (une espèce d’oiseaux de mer de la famille des Laridae, qui ressemble à une sterne). « Ces oiseaux se nourrissent en parcourant l’eau avec le bec ouvert », a expliqué la photographe Karen Mason sur Facebook, où elle a partagé ces photos. « Lorsque la mandibule inférieure touche quelque chose, la supérieure s’arrête. Ils ne voient pas ce qu’ils obtiennent », a-t-elle ajouté.
Cette stratégie de chasse a bien servi les bec-en-ciseaux noirs (Rynchops niger) par le passé. Cela a notamment permis leur rebond d’une quasi-extinction après que les humains les aient chassés en masse. Mais à présent, ces oiseaux ont un tout nouveau problème : ils sont littéralement étouffés par les ordures humaines, et ce, dans de très nombreuses régions de la planète. De ce fait, leur technique d’alimentation peut s’avérer extrêmement malsaine, voire mortelle. Ce qui est le cas pour de très nombreux oiseaux à travers le monde, qui en sont morts.
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Karen Mason a rencontré cette famille de bec-en-ciseaux noirs sur la plage de St. Pete, en Floride (USA), tandis qu’elle faisait du bénévolat pour la National Audubon Society, qui vise à éduquer les gens sur les oiseaux pendant l’été. « Quand j’ai pris la photo, j’ai su que ce n’était pas un poisson mais je ne savais pas que c’était une cigarette, jusqu’à ce que je rentre à la maison et que je la mette sur mon ordinateur… J’ai été horrifiée et l’ai mise sur quelques sites Web de photographie et de conservation que j’utilise sur Facebook », a-t-elle expliqué.
À noter que les déchets de cigarettes sont particulièrement dangereux à ingérer, vu que les filtres en décomposition libèrent des produits chimiques tels que la nicotine, l’arsenic et le plomb. De plus, la manière dont la cellulose végétale est utilisée pour fabriquer ces filtres rend leur désintégration obstinément lente, tout comme le plastique.
Certains oiseaux utilisent également des mégots de cigarettes pour leurs nids. Comme l’explique Mason : « J’ai vu des mégots alignés à l’entrée d’un terrier de Chouette des terriers… ».
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Tout aussi étrange que cela puisse paraître, cette pratique pourrait présenter certains avantages lors de la construction de nids pour certains oiseaux : une étude démontre en effet que les produits chimiques contenus dans les cigarettes fumées pourraient repousser certains parasites se trouvant communément dans des nids d’oiseaux urbains. Cependant, malheureusement et bien entendu, cela a aussi des conséquences : les mêmes composés ont également provoqué des dommages chromosomiques plus importants chez les oiseaux.
Un récent rapport de l’Ocean Conservancy indique que les mégots de cigarettes sont encore plus répandus sur les plages qu’ils surveillent que les pailles ou les bouteilles en plastique. Les mégots sont le type de déchet océanique le plus abondant.
Dans tous les cas, il ne devrait pas être si compliqué de jeter un mégot de cigarette dans une simple poubelle, et non au sol.
Nous ne voyons pas toujours les conséquences directes de nos déchets. Mais ces derniers sont de plus en plus fréquemment retrouvés chez différents animaux, y compris ceux que nous consommons, et chaque cas nous rappelle que les ordures ne disparaissent pas simplement par magie. « Il est temps de nettoyer nos plages et de ne plus les traiter comme un cendrier géant », a déclaré Mason.