Initialement destiné à être une plate-forme de partage de moments spontanés, Facebook est aujourd’hui devenu pour beaucoup d’utilisateurs un instrument social extrêmement important, où chaque publication est préparée avec soin de manière à toucher le plus de monde possible tout en maximisant le nombre de likes récoltés. Plusieurs études ont montré l’impact psychologique négatif de la course aux likes chez plusieurs utilisateurs, entraînant des sentiments de mal-être, voire même des états dépressifs. Pour réduire l’impact de cette tendance néfaste, Facebook a décidé de débuter des tests visant à masquer le nombre de likes sur les publications.
Ainsi, Facebook commence officiellement à masquer les nombre de likes dans le cadre de tests à échelle réduite. L’auteur d’un message pourra toujours voir le décompte, mais il sera caché du reste des utilisateurs qui pourront voir les noms des personnes qui ont réagit mais pas directement le nombre. Le test se déroule en parallèle au test caché sur Instagram, qui a également été lancé au Canada en avril, avant de s’étendre à six autres pays en juillet.
« Nous effectuons un test limité dans lequel le compteur de likes, de réactions et de vues vidéos est désormais privé sur Facebook » déclare un porte-parole de Facebook. « Nous allons recueillir des avis pour comprendre si ce changement améliorera l’expérience des personnes ».
Si le test améliore le sentiment de bien-être des personnes sans léser les utilisateurs, il pourrait s’étendre à davantage de pays voire même au monde entier, mais aucun autre test n’est prévu pour le moment.
Masquer le nombre de likes pour motiver les utilisateurs à s’exprimer plus librement
L’objectif de Facebook est d’amener les gens à être plus à l’aise pour s’exprimer. Le but est que les utilisateurs se concentrent sur la qualité de ce qu’ils partagent et sur la manière dont cela les connecte avec les personnes qui leur tiennent à cœur, et pas seulement sur le nombre de personnes qui likent.
Les tests sont menés par l’équipe News Feed, qui relève de la compétence du vice-président Fidji Simo, concernant l’application Facebook. Alors que les tests Instagram commencent à générer des données, Facebook explique que ses propres tests sont nécessaires, car les applications sont différentes.
Le bouton « J’aime » reste visible pour tout le monde et les compteurs de commentaires seront toujours affichés, de même pour les types de réactions les plus courants laissés sur une publication, ainsi que les visages et les noms de certaines personnes qui l’ont aimé. Cependant, techniquement, les utilisateurs pourraient accéder à la liste des personnes qui ont aimé une publication et les compter.
En l’absence de tels compteurs, les utilisateurs pourraient se sentir plus libres pour publier tout ce dont ils ont envie. Cette suppression pourrait également réduire « l’effet de troupeau », en encourageant les utilisateurs à décider eux-mêmes s’ils apprécient une publication, plutôt qu’un simple clic aveugle pour se mettre d’accord avec tous les autres.
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L’impact néfaste de la course aux likes sur le bien-être des utilisateurs
Plusieurs études ont démontré l’impact psychologique que peut avoir la course aux likes et les conséquences sur la vie des utilisateurs qui n’obtiennent pas le nombre de likes escomptés sur leurs publications. Un tel défaut de réactions peut entraîner un sentiment de mal-être, l’utilisateur se sentant alors insignifiant ou rejeté. Une telle course entraîne également une comparaison systématique entre les styles de vie et peut susciter l’envie et la jalousie.
Par exemple, Hanna Krasanova et son équipe ont découvert que 20% des instants générateurs de jalousie dans la vie provenaient de Facebook, et que « l’intensité de ce suivi passif est susceptible de réduire à long terme la satisfaction des utilisateurs vis-à-vis de la vie, en entraînant comparaisons et émotions malveillantes ».
Si Facebook veut créer un réseau social que les gens utiliseront encore dans 20 ans, il doit d’abord se pencher sur leur bien-être — et en priorité sur les marques, les engagements économiques et le budget publicitaire. Si ce type de masquage fonctionne et finit par devenir standard, cela pourrait aider Facebook à revenir au partage improvisé qui en avait fait initialement son succès.