Le 24 octobre de l’an 79, le volcan Vésuve entre en éruption et plonge la ville romaine de Pompéi, ainsi que les villes alentours, dans un déluge de lave, de flammes et de cendres. L’événement a fait environ 3000 morts. Mais en plus des pertes humaines, de nombreux trésors archéologiques ont subi les ravages du feu. C’est notamment le cas de divers ensembles de papyrus stockés dans les bibliothèques, et plus particulièrement les papyrus d’Herculanum, aujourd’hui impossibles à déplier. Toutefois, une équipe de chercheurs a récemment mis au point une combinaison de modélisations virtuelles et d’intelligence artificielle pour pouvoir en lire le contenu.
Alors que le Vésuve entrait en éruption et déversait sa colère sur les villes de Pompéi et d’Herculanum, un bel ensemble de manuscrits reposait dans une bibliothèque privée près de la côte. Avec une grande partie des villes et de leurs habitants, les parchemins ont été carbonisés, les réduisant à des morceaux de carbone extrêmement fragiles et impossibles à dérouler. Cependant, presque 2000 ans plus tard, des scientifiques ont mis au point une technique pour pouvoir les déchiffrer.
Une combinaison de rayons X et d’intelligence artificielle pour visualiser le contenu des papyrus
Des chercheurs de l’Université du Kentucky ont fait appel au Diamond Light Source, une installation scientifique à source de lumière synchrotron au Royaume-Uni, pour exposer les rouleaux carbonisés aux rayons X à haute énergie afin d’identifier les traces d’encre subtiles et invisibles à l’œil nu. Ils utiliseront ensuite l’intelligence artificielle pour « combler les lacunes ».
« Nous ne prévoyons pas de voir immédiatement les textes avec les prochaines analyses, mais elles fourniront les éléments de base indispensables pour permettre cette visualisation » explique le professeur Brent Seales, directeur de la Digital Restoration Initiative de l’Université du Kentucky. « Tout d’abord, nous verrons immédiatement la structure interne des parchemins avec une définition inégalée, et nous avons besoin de ce niveau de détail pour repérer les calques très compressés sur lesquels le texte repose ».
« L’outil d’apprentissage automatique que nous développons va amplifier ce signal de l’encre en formant un algorithme informatique à le reconnaître — pixel par pixel — à partir de photographies de fragments ouverts montrant exactement où se trouve l’encre — voxel par voxel — dans les données tomographiques correspondantes du fragment ».
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De nombreux papyrus encore intacts mais indéchiffrables physiquement
Cet ensemble particulier de rouleaux, composé de deux rouleaux complets et de quatre fragments, a été retrouvé aux côtés de milliers d’autres papyrus en 1752, autour des ruines d’une villa romaine située près de la baie de Naples.
Connus collectivement sous le nom de papyrus d’Herculanum, ces textes seraient la seule bibliothèque de l’Antiquité encore existante. Les textes qui ont été étudiés avec succès contiennent notamment des écrits de nature philosophique, qui fournissent un aperçu fascinant du monde de l’empire romain.
Beaucoup de ces rouleaux restent étroitement fermés et impossibles à lire dans leur état actuel. Des tentatives ont été faites pour déployer physiquement une poignée de manuscrits d’Herculanum fermés, mais les chercheurs affirment que ceux-ci ont été « en grande partie désastreuses ». Ainsi, de nombreux textes sont restés intacts et leur contenu inconnu.
Vidéo expliquant la technique de visualisation des papyrus utilisée par les chercheurs :