L’existence et la nature de la conscience font l’objet d’un débat scientifique récent, de nombreuses études en neuropsychiatrie et neurobiologie s’étant penchées sur l’origine de la conscience. Les nouvelles versions de la théorie du panpsychisme sont aujourd’hui considérées par la communauté scientifique, car débarrassées de leurs attributs spirituels et métaphysiques initiaux pour ne garder que des aspects concrets. Et certains scientifiques suggèrent que c’est sur la base de ces théories que la nature de la conscience doit être recherchée, et non sur les concepts actuels de conscience-cerveau.
Pendant une bonne partie du XXe siècle, le sujet de la conscience était un grand tabou pour la communauté scientifique. Les choses ont beaucoup changé et il est maintenant largement admis que le problème de la conscience est un problème scientifique sérieux. Mais de nombreux chercheurs sous-estiment l’ampleur du défi, convaincus que nous devons simplement continuer à examiner les structures physiques du cerveau pour déterminer comment elles produisent la conscience.
Le problème de la conscience, cependant, est radicalement différent de tout autre problème scientifique. Une des raisons est qu’elle est inobservable. Bien entendu, les scientifiques sont habitués à traiter les inobservables. Les électrons, par exemple, sont trop petits pour être vus, mais peuvent être inférés. Dans le cas unique de la conscience, la chose à expliquer ne peut pas être observée. Nous savons que la conscience existe non pas à travers des expériences, mais à travers le ressenti immédiat de nos sentiments et de nos expériences.
Nous pouvons établir, par exemple, que le sentiment de faim est corrélé à une activité visible dans l’hypothalamus du cerveau. Mais l’accumulation de telles corrélations ne constitue pas une théorie de la conscience. Ce que nous voulons en définitive, c’est expliquer pourquoi les expériences conscientes sont corrélées à l’activité cérébrale. Comment une telle activité dans l’hypothalamus s’accompagne-t-elle d’une sensation de faim ?
Expliquer la nature intrinsèque de la matière par la conscience
Il existe une approche enracinée dans les travaux des années 1920 du philosophe Bertrand Russell et du scientifique Arthur Eddington. Leur point de départ était que la science physique n’explique pas vraiment ce qu’est la matière. La physique se limite à expliquer la dynamique de la matière. Par exemple, la matière a une masse et une charge, propriétés entièrement caractérisées en matière de dynamique (inertie, attraction, répulsion, etc). La physique ne dit rien sur ce que les philosophes aiment appeler « la nature intrinsèque de la matière ».
La proposition de Russell et Eddington était de combler cette lacune avec la conscience. Le résultat est un type de panpsychisme — une vision ancienne selon laquelle la conscience est un trait fondamental et omniprésent du monde physique. Mais la nouvelle vague du panpsychisme n’a pas les connotations mystiques des formes antérieurement admises. Il n’y a que de la matière — rien de spirituel ou de surnaturel — mais la matière peut être décrite de deux points de vue.
La science physique décrit la matière de l’extérieur, en termes de comportement, mais la matière « de l’intérieur » est constituée de formes de conscience. Cela signifie que l’esprit est une matière et que même les particules élémentaires présentent des formes de conscience incroyablement basiques.
Sur le même sujet : Des schémas cérébraux liés à la conscience ont été mis en évidence
Panpsychisme moderne : le cadre pour le développement d’une science de la conscience
La conscience peut varier en complexité. Nous avons de bonnes raisons de penser que les expériences conscientes d’un cheval sont beaucoup moins complexes que celles d’un être humain et que les expériences conscientes d’un lapin sont moins sophistiquées que celles d’un cheval.
À mesure que les organismes deviennent plus simples, il se peut que la conscience s’arrête soudainement — mais il est également possible qu’elle s’estompe mais ne disparaisse jamais complètement, ce qui signifie que même un électron possède un tout petit élément de conscience.
Le panpsychisme nous offre un moyen simple et élégant d’intégrer la conscience à notre vision scientifique du monde. Strictement parlant, cela ne peut pas être testé ; la nature non observable de la conscience implique que toute théorie de la conscience qui dépasse les simples corrélations n’est pas testable à proprement parler.
Alors que notre approche scientifique actuelle n’offre aucune théorie — seulement des corrélations — l’alternative traditionnelle consistant à affirmer que la conscience est dans l’âme conduit à une image déplaisante de la nature, dans laquelle l’esprit et le corps sont distincts. Le panpsychisme évite ces deux extrêmes, et c’est pourquoi certains neuroscientifiques le considèrent comme le meilleur cadre pour la construction d’une science de la conscience.